Jérôme MONOD

Avec Jérôme Monod, décédé le 18 Août dernier à l’âge de 85 ans, ce n’est pas seulement une personnalité très proche de Jacques Chirac, mais c’est aussi un homme important de la Cinquième République, qui vient de disparaître.

Descendant d’une longue lignée de notables protestants ayant tous illustré la France à leur manière -l’un d’eux fut Prix Nobel-il s’est inscrit dès l’origine dans leur modèle : servir leur pays et leurs semblables.

Pour Jérôme Monod ce fut d’abord le service de l’Etat, à la Cour des Comptes à sa sortie de l’ENA en 1957, puis la politique, puis l’entreprise. A chacune de ces étapes il a excellé : la première caractéristique de cet homme-là est qu’il a réussi tout ce qu’il a entrepris.
Collaborateur de Michel Debré, Premier ministre, dès 1959, il rejoint bientôt Olivier Guichard pour participer activement au lancement et à la mise en œuvre de la politique d’Aménagement du Territoire. Si on y réfléchit bien le développement des grandes métropoles, celui des infrastructures majeures (autoroutes, TGV, universités, hôpitaux, grands équipements culturels etc) est la politique publique la plus continue et la plus féconde de la période gaulliste de la Vème République ; Jérôme Monod en fut l’un des artisans majeurs.

En 1975 Jacques Chirac Premier ministre l’appelle à Matignon pour diriger son Cabinet. Après leur départ en 1976, c’est à Monod que Chirac confie l’organisation du RPR qu’il vient de créer : il en sera le premier Secrétaire Général.

Vient ensuite l’entreprise : en 1979 il prend la direction de la Société de la Lyonnaise des Eaux, firme ancienne spécialisée dans les services aux collectivités locales. Il y fera  passer un souffle puissant de développement, non seulement en France mais aussi à l’international, en allant conquérir des marchés partout dans le monde ; la Lyonnaise fut ainsi une des premières entreprises française à s’implanter au Japon. A son départ en 2000, après la fusion réussie avec la Compagnie de Suez le groupe sera devenu une des premières entreprises françaises de services de rang international.

Mission accomplie dans l’industrie, il se met à nouveau au service de Jacques Chirac Président de la République en 2000. Là encore il crée : ce sera l’UMP. Le moment était venu de rassembler les différentes familles de la Droite modérée, dès lors que Jacques Chirac avait fait évoluer le RPR longtemps réservé sur l’engagement européen de la France.

Il faut lire « Les vagues du temps » (Fayard 2009) où Jérôme Monod retrace cet itinéraire hors- normes : on y découvre un homme passionné de la France et du monde, résolument européen, toujours à l’affût d’une idée, d’une initiative, d’un voyage lointain.

On se doute qu’un homme de cette trempe avait une volonté de fer, ce qui lui a souvent valu le qualificatif d’autoritaire. Non, c’était autre chose : intransigeant, impatient d’action et de résultat oui ; mais son éthique protestante lui interdisait l’autoritarisme et imposait la persuasion et le partage.

A Françoise Monod son épouse, brillante avocate, corrézienne par son grand-père Henri Queuille et longtemps présidente de l’Association des Originaires de l’Arrondissement d’Ussel, à ses trois fils et à ses petits-enfants, à tous ses proches, à Jacques et Bernadette Chirac leurs amis, notre Association présente ses sincères condoléances.

 Bertrand Landrieu

 

 

 

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