Message de M. Jacques CHIRAC, Président de la République, à l'occasion de la 4ème Conférence francophone VIH/SIDA

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Paris, le jeudi 29 mars 2007




Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,

Je suis particulièrement heureux de m'associer à la 4ème Conférence francophone sur le VIH/SIDA organisée sous l'égide de l'Agence Nationale de Recherches sur le Sida et les hépatites virales (ANRS). Je veux vous dire ce matin toute ma reconnaissance pour votre mobilisation et votre implication dans la lutte contre ce terrible fléau qui concerne aujourd'hui près de quarante millions de personnes dans le monde dont deux millions d'enfants. Dans les pays francophones du Sud, ce sont près de cinq millions de personnes qui sont séropositives.

Parce que l'égalité des droits des personnes malades est une question de dignité humaine, j'ai souhaité que la France s'engage résolument par solidarité avec tous ceux qui sont touchés par le virus, en faveur de l'accès aux traitements pour tous. Dès 2000, la France a ainsi soutenu la création du Fonds mondial, premier instrument multilatéral de financement de la prévention et du traitement du SIDA, de la tuberculose et du paludisme. Avec 300 millions d'euros en 2007, la France en est le deuxième contributeur.

Mais l'augmentation des ressources d'aide publique au développement ne suffira pas. Pour remplir les Objectifs du millénaire, et, en particulier, lutter contre les grandes pandémies, il nous faut mettre en place des financements innovants. C'est pourquoi j'ai souhaité créer une contribution de solidarité sur les billets d'avion. Effective depuis le 1er juillet dernier, l'essentiel de son produit est affecté à UNITAID, la Facilité internationale d'achat de médicaments. Celle-ci doit permettre l'accès des plus pauvres, à des médicaments de qualité reconnue, y compris les génériques, aux prix les plus bas ainsi qu'aux moyens de diagnostic du SIDA, de la tuberculose et du paludisme. Ses résultats sont déjà prometteurs : UNITAID a engagé 50 millions de dollars pour les anti-rétroviraux pédiatriques, qui ont déjà bénéficié à 46 000 enfants, et 55 millions de dollars pour les anti-rétroviraux dits de deuxième ligne pour traiter 65 000 nouveaux patients dès cette année dans 27 pays, dont 23 en Afrique.

Grâce aux actions de ses institutions comme l'ANRS, la France fédère également de nombreuses initiatives dans les pays francophones en matière de recherche, de transferts de compétences hospitalières, de prise en charge et de formation, notamment à travers l'initiative ESTHER.

En s'engageant à promouvoir un accès au traitement dès 2010 et à inverser la tendance à la progression de l'épidémie en 2015, la communauté internationale s'est fixée des objectifs ambitieux. Pour y parvenir, la recherche demeure bien entendu un enjeu primordial. Il est nécessaire de promouvoir davantage les partenariats public - privé afin de créer de nouvelles synergies. De nouveaux modes de coopération internationale doivent être envisagés avec la mise en réseau de nos chercheurs. Les efforts doivent également être amplifiés en matière d'accès à la prévention et de réduction des risques, en particulier pour les femmes. La diffusion des génériques doit être élargie, notamment dans les pays en développement avec le recours aux facilités de Doha, que la France a toujours encouragées. Chacun doit également comprendre que le combat contre la maladie passe aussi par une lutte sans merci contre toutes les formes de discriminations.

Mais ce nouvel effort dans la lutte contre le SIDA ne saurait être suffisant. La qualité des systèmes de santé eux-mêmes doit impérativement être améliorée, avec la mise en place généralisée de mécanismes de couverture maladie. C'est toute l'ambition de la Conférence internationale sur la couverture du risque maladie dans les pays en développement que j'ai souhaité réunir à Paris les 15 et 16 mars derniers.

L'enjeu, aujourd'hui, c'est celui d'une mondialisation de la solidarité. Une mondialisation juste et équitable. Une mondialisation de la responsabilité qui confère de nouveaux devoirs à l'ensemble des pays développés vis à vis des pays du Sud. Et notamment dans le domaine de la santé, ce bien public mondial qui n'appartient à personne et doit profiter à tous. Lutter contre les pandémies, c'est également renouer avec un cercle vertueux de recul de la pauvreté, de développement social et de croissance économique. C'est briser la fatalité qui menace l'Afrique et risque de compromettre son développement pour toute une génération.

Mes chers Amis,
La lutte contre le SIDA nécessite plus que jamais l'engagement de tous. Pour espérer la gagner, nous devons aujourd'hui, partout dans le monde, prévenir, sensibiliser, traiter, accompagner. Nous devons être persévérants. Nous devons être imaginatifs afin de subvenir aux besoins des millions de personnes malades laissées dans le plus total dénuement.
Je forme le vœu que votre Conférence puisse faire progresser l'information, les partenariats, les initiatives innovantes, et contribue ainsi au recul de cette pandémie. Croyez bien que dans ce combat, vous me trouverez toujours à vos côtés.
Je vous remercie.


Jacques CHIRAC



Jacques CHIRAC