Déclaration du Conseil franco-allemand de défense et de sécurité

Déclaration du Conseil franco-allemand de défense et de sécurité.

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Paris, le 12 octobre 2006


Le Conseil franco-allemand de défense et de sécurité s'est réuni au Palais de l'Elysée. La France et l'Allemagne se sont concertées sur la situation internationale ainsi que sur les principaux sujets concernant la défense européenne et l'OTAN. Les progrès de la coopération militaire bilatérale ont également été évoqués.

1. La France et l'Allemagne se félicitent de l'adoption de la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations Unies et appellent toutes les parties à œuvrer à la consolidation de la paix et au relèvement du Liban. Nos deux pays saluent l'effort réalisé par les pays européens pour le renforcement de la FINUL en application de la résolution 1701 et réaffirment leur détermination à contribuer activement à la consolidation du cessez-le-feu et de la reconstruction au Liban. La France assume ainsi le commandement de la FINUL à laquelle elle contribue de façon importante ; l'Allemagne portera une responsabilité particulière dans la mise en oeuvre du volet naval en conduisant le groupe maritime de la FINUL.

2. La France et l'Allemagne rappellent leur attachement à la consolidation de la paix et de la démocratie en République démocratique du Congo. Nos deux pays appellent le Président Kabila et le Vice président Bemba à continuer d'œuvrer au rétablissement de la confiance dans des élections justes et démocratiques, dans la perspective du 2ème tour des élections présidentielles. La France et l'Allemagne appellent en particulier au strict respect de l'embargo sur les armes imposé par les résolutions 1493, 1596 et 1698, et à l'application des engagements destinés à mettre fin à la circulation sans contrôle à Kinshasa d'armes et d'individus armés.

Dans ce contexte, nos deux pays accordent une haute priorité au succès de l'opération de l'Union européenne EUFOR RDC, lancée le 12 juin 2006, en soutien de la mission des Nations Unies (MONUC). Nos deux pays réaffirment l'importance de cet engagement de l'Union européenne, dont la conduite a été prise en charge par l'Allemagne, à laquelle nous apportons une contribution importante, avec les autres membres de l'Union européenne. De même, la France et l'Allemagne saluent les efforts de l'Union européenne dans le cadre de la mission de police (EUPOL) à Kinshasa et de la mission de réforme du secteur de sécurité (EUSEC). Elles soulignent la nécessité de poursuivre l'engagement de l'Union européenne pour le processus de démocratisation en République démocratique du Congo.

3. La France et l'Allemagne expriment leur préoccupation devant la dégradation de la situation sécuritaire en Afghanistan et rappellent que seule une réponse globale de la communauté internationale aux difficultés que connaît ce pays permettra d'échapper à la spirale de la violence. La Conférence de Londres a posé les bases de cette réponse globale, en soutien du gouvernement afghan et sous l'autorité des Nations Unies. Il convient d'en mettre en œuvre les décisions efficacement. Nos deux pays ont pris leurs responsabilités, au sein de la Force internationale d'assistance à la sécurité (FIAS) conduite par l'OTAN, la France dans la région de Kaboul et l'Allemagne dans le Nord.

4. La France et l'Allemagne appuient les efforts de la communauté internationale pour que soit mis un terme à la tragédie vécue par les populations du Darfour. Elles appellent le gouvernement soudanais et les mouvements rebelles à suspendre sans délai leurs activités militaires. Nos deux pays saluent l'accord de paix sur le Darfour du 5 mai 2006 et appellent les non signataires à reconnaître l'accord comme la base d'une solution politique du conflit. La France et l'Allemagne saluent la décision du Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine de proroger pour trois mois le mandat de sa mission au Soudan (MUAS). Nos deux pays exhortent le gouvernement soudanais à donner son accord au déploiement de la mission des Nations-Unies au Soudan (MINUS) dans la région du Darfour afin d'apporter un soutien à la mise en œuvre de l'Accord de paix concernant le conflit au Darfour, conformément à la résolution 1706 du Conseil de sécurité des Nations Unies.

5. La France et l'Allemagne, membres du groupe de contact et engagées dans la force de l'OTAN au Kosovo (KFOR), soutiennent les efforts entrepris sous l'égide de M. Ahtisaari pour une solution rapide de la question du statut. Elles appellent Belgrade et Pristina à faire preuve de plus de flexibilité et de réalisme. Nos deux pays apportent leur plein soutien à l'Envoyé spécial du Secrétaire Général des Nations unies et au commandant allemand de la KFOR. Quel que soit le futur statut du Kosovo, la communauté internationale devra rester engagée dans les domaines civil et militaire. Dans cette perspective, nos deux pays soutiennent les travaux de planification d'une future mission PESD de police et de justice, dont la réussite est une priorité commune. Nos deux pays soulignent qu'une bonne coopération avec les différents acteurs impliqués sur le terrain (Nations Unies, UE, OTAN, OSCE) sera décisive pour le succès de la mission.

6. Dans la perspective de la présidence allemande de l'Union européenne au premier semestre 2007, la France et l'Allemagne réaffirment leur détermination à poursuivre le développement de la Politique européenne de sécurité et de défense (PESD). Sous réserve d'une solution à la question du statut, le succès du lancement de la mission PESD de police et de justice au Kosovo sera la mission centrale de la présidence allemande. Nos deux pays se concerteront également de manière étroite pour lancer la mise en œuvre des nouveaux outils civils et militaires de gestion de crises de l'Union. Une attention particulière sera attachée à l'entrée en fonction du Centre d'opérations de l'Union début 2007. Ce Centre permettra dès l'année prochaine de planifier et de conduire des opérations de la taille de l'opération Artémis. L'année 2007 marquera, par ailleurs, la pleine capacité opérationnelle des groupements tactiques de réaction rapide de l'Union. La France et l'Allemagne fourniront le noyau de deux des quatre groupements tactiques en alerte en 2007. Le financement des opérations militaires et des missions civiles est un sujet important. Dans le cadre du mécanisme Athéna, la France et l'Allemagne s'engagent à trouver les moyens de soutenir les efforts des Etats membres engagés dans les opérations militaires de l'Union.

7. La France et l'Allemagne entendent poursuivre leur concertation étroite en vue du sommet de l'OTAN à Riga. Nos deux pays souhaitent que le sommet soit un succès manifestant l'unité des Alliés sur le rôle, les missions et les opérations en cours de l'Alliance. La reconnaissance du succès que représente la force de réaction rapide de l'Alliance (NRF) constituera une étape importante. Les Chefs d'Etat et de Gouvernement pourront lancer de nouvelles initiatives visant à améliorer l'interopérabilité de nos forces.

8. La coopération militaire bilatérale reste une priorité pour nos deux pays. Elle a vocation, d'une part, à renforcer les liens entre nos deux pays et, d'autre part, à servir de socle à des coopérations ouvertes aux Européens. La France et l'Allemagne ont ainsi décidé de compléter leur programme d'échange d'officiers en l'étendant à la formation initiale de l'élite des armées de terre. Dès 2007, cinq élèves officiers allemands seront formés en France (dont 3 années à l'Ecole spéciale militaire de St-Cyr-Coëtquidan) et 5 élèves officiers français en Allemagne. Les officiers ainsi formés auront vocation notamment à servir dans des unités et états-majors binationaux ou multinationaux comme la Brigade franco-allemande ou le Corps européen. La participation d'élèves officiers des armées de l'air française et allemande à la formation des officiers à Fürstenfeldbruck et à Salon de Provence constitue une nouvelle dimension de la coopération et de la compréhension mutuelle entre nos armées de l'air qu'il convient de développer. Nous souhaitons aussi favoriser la formation des élèves officiers de nos marines en proposant des modules communs de formation à la mer sur les navires-écoles et dans les groupes d'enseignement. D'autres marines européennes pourront y participer également.

Avec la création d'un commandement européen du transport aérien, nous disposerons bientôt d'une structure commune qui développera l'interopérabilité fonctionnelle et opérationnelle de nos aviations de transport. La formation des personnels et l'entraînement des équipages devront être fédérés. Des synergies en matière de soutien technico-logistique des aéronefs permettront de réaliser des économies d'échelle. En outre, la coopération opérationnelle au sein du commandement européen du transport aérien permettra d'optimiser l'emploi des capacités nationales. Un accord de principe est intervenu en avril dernier et une première capacité devrait être disponible dès 2009. Cette initiative, que la Belgique a déjà rejointe, est ouverte aux pays européens.





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