LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE

Paris, le 19 décembre 1997

Monsieur le Président,

Au moment où le peuple coréen vient de vous élire à la Présidence de la République et de vous confier son destin, je tiens à vous exprimer, au nom du peuple français comme en mon nom personnel, tous mes voeux de succès pour votre haute mission.

La France s'honore d'avoir été l'alliée de la Corée au moment où celle-ci luttait pour sa liberté. Elle entend être un pays ami et partenaire de la Corée. La France salue avec votre élection l'accomplissement de la démocratisation exemplaire qui s'est opérée dans votre pays au cours de ces dernières années. Je rends hommage à votre action de combattant pour les droits de l'homme et la démocratie qui, au péril de sa vie, a voulu pour la Corée un avenir meilleur, celui d'un pays libre et d'une démocratie authentique.

La Corée traverse une grave crise économique et financière. La France a manifesté sa solidarité avec votre pays dans cette épreuve. Elle participe avec les trois autres membres Européens du G7 aux financements prévus dans le cadre du programme que vous avez adopté avec le Fonds monétaire international pour un montant total de 5 milliards de dollars, soit autant que les Etats-Unis.

Je suis convaincu que la Corée, onzième puissance économique du monde, partenaire économique de premier plan pour la France, saura retrouver rapidement la voie du développement et de la stabilité économique. C'est pourquoi je vous encourage à mettre en oeuvre avec détermination le programme que votre pays a conclu avec le F.M.I. et à entreprendre les réformes nécessaires dont l'économie coréenne a besoin.

Je vous assure du soutien de mon pays dans l'oeuvre de redressement qui sera la vôtre dans les prochains mois.

Les relations entre nos deux pays se sont accru au cours des dernières années mais sont encore loin d'avoir atteint le niveau que justifieraient leurs poids respectifs dans l'économie et le commerce mondiaux, leurs responsabilités politiques et l'ancienneté de leurs cultures. J'espère beaucoup que nous pourrons intensifier nos relations pendant votre mandat. La France et la Corée peuvent trouver les voies et moyens de renforcer leur partenariat prometteur, en matière économique et culturelle mais aussi politique, la France suivant de près les développements qui interviennent dans la péninsule coréenne et dans l'équilibre stratégique en Extrême Orient.

Comme vous le savez, je n'ai pas été en mesure de me rendre dans votre pays à l'invitation de votre prédécesseur comme je l'aurais voulu. Je vous confirme mon souhait d'effectuer cette visite dans un proche avenir si vous y avez convenance, afin de donner un nouvel élan à nos relations et de réaffirmer ainsi toute ma confiance dans votre pays.

Je vous prie de croire, Monsieur le Président, à l'assurance de ma très haute considération.

Jacques CHIRAC

Son Excellence Monsieur KIM Dae Jung Président élu de la République de Corée