Paris, le 7 avril 1997

Chère Madame,

J'ai appris avec une profonde tristesse la mort de votre époux.

Pierre-Henri TEITGEN était une haute figure de la vie politique française et il aura marqué ce demi-siècle de son intelligence de son courage, de sa lucidité et de sa générosité.

Ce brillant universitaire a toujours servi les idéaux les plus nobles.

C'est un patriote et un républicain convaincu qui rédige " Liberté ", le premier journal de la résistance et, devenu Tristan dans la clandestinité, rejoint le comité directeur de " Combat ".

Nommé Commissaire général à l'information par le Conseil national de la Résistance, arrêté par la Gestapo, évadé de nouveau du convoi qui le mène vers Buchenwald, c'est un homme d'audace et un combattant que le général de GAULLE élève en août 1944 à la dignité de Compagnon de la Libération avant d'en faire son ministre de l'Information.

Celui qui est entré en politique par le biais de la Résistance sera plusieurs fois ministre, ainsi que vice-président du Conseil. Député de l'Ille-et-Vilaine de 1945, Président du Mouvement républicain populaire, cet homme d'État, démocrate et chrétien, sera un homme de fidélité et de conviction qui va consacrer sa vie, dès la fin de la guerre, à réaliser cette Europe de paix à laquelle il aspire et pour laquelle le militant et le juge à la Cour européenne des droits de l'Homme vont oeuvrer de toutes leurs forces.

Votre mari, chère Madame, aura été en toutes circonstances, et tout au long de sa carrière politique comme de sa carrière universitaire, un homme dont la hauteur de vue, l'esprit de tolérance, la droiture étaient empreints d'une dignité, d'une humanité et d'une noblesse peu communes. Sa disparition est une vraie perte pour notre pays.

Vous savez l'estime et le respect très profonds que j'avais pour lui. C'est pourquoi je n'en mesure que davantage, croyez-le bien, la cruauté de l'épreuve que vous traversez, vous et votre famille.

Aussi, je tiens à vous exprimer, ainsi qu'à vos enfants, à vos petits-enfants et à toute votre famille, ma très vive sympathie et vous prie de bien vouloir accepter, chère Madame, mes très sincères condoléances et mon amitié sincère dans l'épreuve.

Jacques CHIRAC

Madame Pierre-Henri TEITGEN

(mention manuscrite)