Déclaration à la presse de M. Jacques CHIRAC, Président de la République, à l'issue de sa rencontre avec M. George W. BUSH, Président des États-Unis d'Amérique, à l'occasion de la conférence internationale sur le financement du développement


Monterrey – Mexique, vendredi 22 mars 2002

QUESTION – Monsieur le Président, est-ce qu'après cet entretien que vous avez eu avec le Président BUSH, vous avez le sentiment qu'il y a une différence d'approche entre les Etats-Unis et la France quant à l'aide à apporter aux pays pauvres en matière de développement ?

LE PRESIDENT – La différence d'approche existe, mais j'observe avec satisfaction qu'elle s'atténue un peu et que Monterrey aura permis de renforcer la prise de conscience que l'inéluctable mondialisation de l'économie conduit inéluctablement à la mondialisation de la solidarité, ce qui suppose une véritable aide, sous diverses formes, aux pays pauvres pour qu'ils puissent décoller. Et, de ce point de vue, je crois que nous avons fait des progrès, pas tellement dans les textes, mais dans les têtes, ce qui est très important.

Ensuite, avec le Président BUSH, nous avons longuement évoqué les problèmes du Moyen-Orient. J'ai fait part à George W. BUSH de ma vision des choses après les propositions très positives de l'Arabie saoudite, du Prince ABDALLAH, après la résolution du Conseil de sécurité sur l'Etat palestinien après, également, les déclarations du Sommet européen de Barcelone et, enfin, après le voyage de l'envoyé spécial américain, le général ZINNI. Tout ceci nous orientant dans une voie qui pourrait être celle du retour à la table de négociations et, au-delà, espérons-le, à la paix.

Nous avons également évoqué les problèmes de l'Afghanistan. J'ai été heureux que le Président BUSH ait tenu à rendre un hommage particulièrement appuyé aux forces françaises, aux forces navales, aériennes, terrestres françaises en Afghanistan. Il a souligné très clairement une grande appréciation américaine sur la qualité, le dévouement, la compétence et le courage des forces françaises.


Et puis nous avons évoqué le problème de l'acier. Vous savez qu'il y a une grande divergence de vues entre l'Union européenne et les Etats-Unis à la suite des décisions prises par le Président BUSH de taxer les importations d'acier aux Etats-Unis. Et je lui ai fait connaître notre vif mécontentement sur ce point.

QUESTION – Monsieur le Président, où en sont les réflexions du Président BUSH sur une éventuelle intervention contre l'Irak et quelle est votre position à ce sujet ?

LE PRESIDENT – Je crois que l'Irak et ses dirigeants seraient bien inspirés de prendre très, très au sérieux les demandes formulées par l'ONU, par le Secrétaire général de l'ONU, notamment pour ce qui concerne le retour des observateurs, qui est inéluctable et qui réglerait le problème. Si tel n'était pas le cas, le Conseil de sécurité aurait naturellement à en délibérer et à prendre une décision. Il est le seul habilité à prendre une décision de cette nature.