Discours de M. Jacques CHIRAC, Président de la République, à l'occasion de sa visite au Commissariat à l'Energie Atomique - Direction des Applications Militaires.

Ecouter l'allocution : wmmsm Windows Media mp3audio MP3



Centre de Bruyères-le-Châtel (Essonne), Le jeudi 7 septembre 2006.

Madame la Ministre,
Mon Général,
Monsieur l'Administrateur général,
Monsieur le Directeur,
Mesdames et Messieurs,

Je suis très heureux de me trouver aujourd'hui parmi vous et de rendre un hommage tout particulier et, je dois dire, fort au Commissariat à l'Energie Atomique qui, depuis sa création par le général de Gaulle en 1945, a considérablement aidé la France à réaliser son ambition de grande puissance scientifique, et de puissance maîtresse de son destin.

Sans l'excellence scientifique et l'engagement des chercheurs du CEA, en particulier au sein de sa Direction des Applications Militaires, jamais notre dissuasion n'aurait pu asseoir sa crédibilité et remplir sa mission : l'indépendance et la sécurité de la France.

Le 19 janvier, à l'Île Longue, je rappelais le socle de notre politique de défense. Dans un monde toujours incertain, face à des menaces en constante évolution, la dissuasion nucléaire garantit nos intérêts vitaux. Elle assure la protection ultime de notre sécurité. Pour cela, il faut que, par sa flexibilité et sa réactivité, notre force stratégique s'adapte constamment.

Le Direction des Applications Militaires a toujours su parfaitement et de manière éminente relever ce défi.

Ainsi, en 1996, j'ai décidé, qu'après une ultime campagne de tests, la France renoncerait aux essais nucléaires et signerait le traité d'interdiction des essais. Je vous ai demandé de réaliser un programme de simulation qui garantisse la fiabilité et la sûreté de nos armes. Vous l'avez fait et, avec la mise au point de TERA 10 par la société Bull, la France se dote du calculateur le plus puissant d'Europe, et très largement, sur le plan technologique, à égalité avec les Etats-Unis et le Japon. Nous sommes aux premières places de la simulation numérique dans le monde.
*
Vos compétences et vos savoirs, notamment dans le domaine de la détection sismique, ne s'exercent pas au seul profit de notre outil stratégique. Ils participent aussi à une double mission de "service public mondial" : la surveillance du respect du TICE et l'alerte pour la prévention de catastrophes naturelles, telles que les tsunamis.

Il n'est pas de grande ambition sans moyens, sans ressources adaptées, c'est évident. Notre dissuasion est fondée sur une exigence de stricte suffisance, mais il appartient aux pouvoirs publics d'assurer au CEA les ressources financières nécessaires à la réalisation de sa mission. Notamment en formant et en recrutant des scientifiques du plus haut niveau, en créant aussi les cadres de recherche dans lesquels mûrissent et s'épanouissent les talents et les idées. Cet enjeu est crucial pour l'avenir de la France. Il faut y veiller avec la plus extrême vigilance.

Le rang des nations n'est jamais assuré. Au XXIe siècle, seules resteront en tête celles qui feront de la science une authentique priorité. C'est l'ambition constante de la Ve République. C'est le sens de la loi d'orientation pour la recherche adoptée par le Parlement en 2005. C'est celui de notre effort constant pour que l'Europe se dote d'une politique de recherche de premier rang.

C'est la mission que j'assigne au CEA, et notamment à la Direction des Applications Militaires, afin qu'il continue à assurer la crédibilité de notre dissuasion et à participer au développement et au rayonnement mondial de la science française.

Et c'est pourquoi je tenais à vous remercier très chaleureusement et très sincèrement pour la qualité exceptionnelle de votre travail, de ce que vous faîtes ici, en vous disant mon estime, ma reconnaissance et ma confiance.

Je vous remercie.