Interview accordée par M. Jacques CHIRAC, Président de la République, à l'agence de presse russe Itar-Tass à l'occasion du 40e anniversaire de la visite en Russie du général De GAULLE.


Palais de l'Élysée, le vendredi 30 juin 2006.


QUESTION – Monsieur le Président, quelle signification donnez-vous à la visite du général de GAULLE en Russie en 1966 et quel a été son rôle dans le développement des relations entre nos deux pays ?

LE PRESIDENT - Le général de GAULLE a incarné le refus de la défaite et le relèvement de la France. Il n'a eu de cesse de rétablir la place de la France et au-delà de l'Europe dans les affaires du monde. Dans cette vision, la Russie occupait une place centrale. On se souvient de sa célèbre formule : "l'Europe de l'Atlantique à l'Oural".

Homme de culture et d'histoire, il chérissait notre très vieille amitié et notre alliance historique. Son voyage visait à conforter ce lien précieux, en dépassant les querelles idéologiques de l'instant.

Dans de nombreux domaines, c'est ce voyage qui a permis le lancement de grandes coopérations concrètes, qui prolongent leurs effets aujourd'hui encore. La coopération aéronautique et spatiale, avec notamment l'installation de Soyouz à Kourou, est, en quelque sorte, l'héritière de cette visite d'Etat historique.

QUESTION - Comment qualifieriez-vous l'état actuel de la coopération franco-russe et de vos relations avec le Président POUTINE ?

LE PRESIDENT - Je suis résolument optimiste sur l'avenir de la coopération franco-russe.

Nos relations s'inscrivent en outre dans une relation entre la Russie et l'Europe qui ne cesse de s'intensifier et qui, progressivement, construit une véritable communauté de destin entre nos pays.


Mes relations personnelles avec le Président POUTINE sont marquées par le respect, la confiance et l'estime réciproques. Il incarne la Russie d'aujourd'hui, une Russie que nous devons absolument soutenir et encourager à poursuivre ses efforts de modernisation démocratique, économique et sociale.

Je le recevrai à nouveau avec plaisir en septembre à Paris. A cette occasion, nous aurons également une réunion avec la Chancelière fédérale, Mme Angela MERKEL. Ensemble, nous avons l'ambition de travailler à cette grande Europe des hommes, des idées, des biens. Cette Europe de la liberté, en paix avec elle-même, réconciliée, rayonnant dans le monde, harmonieusement articulée autour de ses deux pôles : L'Union européenne et la Russie.