ALLOCUTION

DE MONSIEUR JACQUES CHIRAC PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE

À L'OCCASION DE LA PRÉSENTATION DES VŒUX DU GOUVERNEMENT

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PALAIS DE L'ÉLYSÉE

MERCREDI 3 JANVIER 2001

Monsieur le Premier Ministre, Mesdames et Messieurs les Ministres,

Je vous remercie de vos voeux chaleureux, auxquels j'ai été sensible, et je suis heureux de vous souhaiter à mon tour, à vous-même, à l'ensemble des ministres et à vos familles, ceux que je forme pour que cette année 2001 vous soit aussi agréable que possible.

La France vient d'achever son mandat à la présidence de l'Union européenne. Les autorités françaises, il faut le souligner, ont su se rassembler pour accomplir cette mission dans des conditions difficiles et les meilleures possibles. L'étendue des réformes réalisées ou engagées, que vous avez rappelée, a témoigné de la capacité de la France à faire progresser - c'est vrai- la construction européenne. Grâce à l'adoption du traité de Nice, l'Europe a réussi là où elle avait échoué trois ans auparavant, préparant ainsi le chemin à une union élargie qui achèvera de tirer un trait sur les divisions nées des guerres et du totalitarisme.

Une grande nation comme la nôtre se doit d'être toujours soudée quand l'essentiel est en jeu, et l'essentiel, pour aujourd'hui et pour demain, c'est notamment de permettre à l'Europe de jouer son rôle de médiatrice de la mondialisation en lui donnant les moyens de répondre aux attentes de nos peuples, que ce soit dans le domaine de la croissance et de l'emploi, dans celui de l'environnement et de la sécurité, ou encore en ce qui concerne l'approfondissement de notre modèle social.

Et je tiens, Monsieur le Premier ministre, à remercier ici chacun des membres du Gouvernement qui, par leur engagement personnel et par celui du ministère dont ils ont la charge, ont largement contribué à ce succès dans les différents domaines que vous avez évoqués.

L'année 2001 est importante. Je souhaite qu'elle soit placée sous le signe de l'intérêt général et de la sérénité. Chacun d'entre nous, à la place qui est la sienne, exerce des responsabilités éminentes au service de la France et des Français.

J'ai dit mon souhait que 2001 soit une année utile. Il y a, ici ou là, nous le savons, des tentations de toutes sortes. Il importe que personne n'y cède et que chacun reste concentré sur l'essentiel, refusant de se laisser entraîner par les polémiques ou les vaines querelles.

Les Français attendent que des réponses soient apportées aux préoccupations, constantes ou qui se renouvellent, de notre temps. Et beaucoup dépendra de ce que les pouvoirs publics, les acteurs économiques et sociaux, les collectivités territoriales entreprendront.

Les attentes sont grandes, comme toujours, qu'il s'agisse de la sécurité, de l'éducation, de l'emploi, du pouvoir d'achat, des retraites, de l'environnement, de la qualité de la vie, secteurs qui préoccupent toujours et naturellement nos compatriotes.

La tâche du Gouvernement sera lourde, bien sûr. Mais je crois que la France a les moyens de faire partie des pays qui réussissent le mieux dans le domaine de la croissance et de la lutte contre le chômage. Vous en avez évoqué quelques chiffres. Elle a la capacité de se rapprocher puis de dépasser ceux qui assurent le mieux la continuité de leur développement économique en diminuant les prélèvements obligatoires, les déficits publics, en levant les obstacles qui freinent l'activité. Elle peut aussi renforcer sa cohésion sociale en valorisant le travail et la responsabilité et, dans la mesure du possible, en les privilégiant par rapport à la seule assistance, donnant ainsi un nouveau visage à la solidarité. À son tour, elle peut enfin trouver les voies de la réforme de l'État, du dialogue social et de la démocratie locale afin que nos concitoyens, dans la diversité de leurs talents, disposent des relais nécessaires pour l'accomplissement de ce dont ils sont porteurs.

Le travail à accomplir est évidemment considérable pour la France et pour les Français. Les temps à venir devront être mis à profit. Et je souhaite que la France tire le meilleur parti de l'année 2001. Nous aborderons ensuite, mais ensuite seulement, les grands débats nationaux qui engageront l'avenir de la nation. D'ici là, les Françaises et les Français attendent de leurs dirigeants qu'ils accomplissent leur mission dans le respect de la Constitution et des valeurs de notre démocratie, en ayant toujours à l'esprit le souci de l'intérêt général et de la dignité du dialogue démocratique.

Je resterai pour ma part attentif au bon fonctionnement des institutions de la République, soucieux de l'autonomie de l'action du Gouvernement et vigilant quand il s'agit de garantir les intérêts fondamentaux de nos compatriotes et de veiller à l'avenir de la nation.

Je vous renouvelle, Monsieur le Premier ministre, Mesdames et Messieurs les ministres, mes voeux personnels pour 2001, une année qui, par l'effort de tous, doit être une année de travail, une année utile pour la France et pour les Français.