Discours de M. Jacques CHIRAC, Président de la République, lors de la remise de la médaille de la famille.

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Palais de l'Élysée, le mercredi 31 mai 2006

Monsieur le ministre,
Monsieur le Président, cher Président
Madame la Présidente,
Mesdames, Messieurs,
Mes chers amis,

Je suis, bien sûr, heureux de vous accueillir aujourd'hui, ici, pour remettre la médaille de la famille, l'une des plus belle que l'on puisse imaginer, aux parents rassemblés aujourd'hui. Des parents d'origine de toute la France, de métropole et d'outre-mer, et qui incarnent notre pays dans toute sa diversité et dans son unité.

Cette cérémonie traditionnelle est l'occasion de rendre un hommage républicain et légitime aux valeurs d'engagement, de solidarité, de liberté et de responsabilité qui sont au cœur même, comme l'a souligné le Président, du projet familial. C'est aussi l'occasion de réaffirmer combien notre société a besoin des familles pour sa cohésion et pour son avenir.


Cette cérémonie, Monsieur le Président, revêt c'est vrai, vous l'avez souligné, un caractère particulier, alors que vous avez décidé de quitter vos fonctions à la tête de l'UNAF. Depuis dix ans, vous avez fait évoluer cette grande institution qui a célébré, l'an dernier, son 60e anniversaire. Vous avez exprimé les attentes des familles. Vous avez défendu leurs intérêts. Vous avez fait du pluralisme de l'UNAF une richesse et une force. Vous avez imposé l'institution comme un partenaire incontournable des pouvoirs publics et aussi de toutes celles et de tous ceux qui œuvrent en faveur des familles.

En vous, je veux rendre hommage au militant, au négociateur, au médiateur. Je salue l'engagement de l'homme de conviction, toujours à l'écoute des autres et ouvert à toutes les réflexions.

J'ai l'occasion aussi de redire à la Présidente du Conseil d'administration de la CNAF, chère madame PRUDHOMME, toute mon estime et tout le respect que j'ai pour votre action.


Dans quelques semaines, le Premier ministre réunira la Conférence de la famille.

Nous pouvons, sans aucun doute, être fiers de ce que nous avons fait ensemble pour améliorer les prestations en faveur de la petite enfance. Avec la création de la prestation d'accueil du jeune enfant, la PAJE, le montant annuel sera passé de 8 milliards à près de 11 milliards d'euros. L'offre de garde a été élargie et diversifiée. Et cela dans le respect des principes d'universalité, de simplicité des aides et de respect du libre choix des familles. C'est beaucoup votre œuvre. Et c'est un atout pour notre démographie, qui est l'une des clés de la vitalité de notre Nation. Je suis fier, aussi de ce que nous avons fait ensemble en faveur de l'adolescence, un âge trop souvent délaissé par nos politiques familiales.

Pour cette année 2006, j'ai demandé que la Conférence de la famille consacre ses travaux à la solidarité entre les générations. Il faut en effet sortir ou évoluer et sortir de cette conception trop étroite de la famille, sur laquelle repose largement notre politique familiale. Une famille qui serait composée des seuls parents et de leurs enfants et qui ne pourrait compter que sur elle, ou sur des solidarités collectives, pour réaliser ses projets, ce n'est pas cela notre objectif.

Car telle n'est pas la réalité des familles. La réalité des familles, c'est souvent celle de trois ou quatre générations aujourd'hui, compte tenu de l'évolution de l'âge et de la vie. Ce sont des générations parfois séparées par la géographie mais toujours rassemblées par ce lien unique qu'est le lien familial.

La réalité des familles, aujourd'hui, ce sont ces jeunes adultes qui n'ont pu s'installer qu'avec l'aide matérielle des grands-parents. C'est celle de jeunes grands-parents qui travaillent encore et dont les enfants recherchent un emploi. C'est, pour des parents qui viennent d'achever l'éducation de leurs enfants, s'occuper de leurs propres parents ou grands-parents désormais dépendants.

Notre responsabilité, c'était d'agir pour renforcer les solidarités collectives face au défi du vieillissement de notre population. Nous l'avons fait avec la réforme des retraites et la création d'une nouvelle branche de protection sociale pour les personnes âgées dépendantes.

Notre responsabilité, c'est aussi de faire en sorte que l'ensemble de notre législation reconnaisse et encourage toutes les solidarités familiales. Nous avons franchi une première étape en facilitant les donations entre grands-parents, parents et enfants. Il faut aller plus loin en ayant une approche globale portant sur la protection sociale, la fiscalité, le droit du travail, la validation des acquis de l'expérience. C'est tout le sens des décisions qui devront être prises début juillet par le Gouvernement.

Je souhaite que pour l'an prochain, les travaux de la Conférence de la Famille s'engagent sur un autre défi essentiel : faire en sorte que le temps extra-scolaire soit un temps d'épanouissement pour les enfants et pour les adolescents. Dans les familles où les deux parents travaillent tard, dans les familles monoparentales, souvent modestes, dans les quartiers en difficulté, nous devons faire en sorte qu'aucun enfant, aucun adolescent, c'est l'objectif, ne soit, en quelque sorte, livré à lui-même.

Certes, dans ce domaine, nous ne partons pas de rien. Mais les pouvoirs publics, les collectivités locales, les associations, les caisses d'allocations familiales, parfois sollicitées à l'excès, agissent trop souvent en ordre dispersé.

Et nous n'utilisons pas à plein tout ce qui existe. Il faut ouvrir plus largement les salles de classe et les équipements sportifs des écoles, des collèges, des lycées, et ceci, hors du temps scolaire. Nous devons y organiser des études surveillées et proposer aux enfants des activités culturelles et sportives. C'est essentiel pour l'égalité des chances et pour l'apprentissage des disciplines individuelles et collectives. Le réseau de la Jeunesse et des Sports doit être également mieux mobilisé, en particulier avec les enseignants de l'Éducation nationale. Nous devons aussi aider les clubs sportifs à dépasser leurs légitimes particularismes pour accueillir les enfants et adolescents qui en ont besoin. Et donner plus d'ampleur au programme Ville, vie, vacances.

Il faut aussi tout mettre en œuvre pour que les services utiles aux familles soient disponibles dans chaque ville, dans chaque quartier. Faire en sorte que ces services soient accessibles après l'école, les week-ends, pendant les vacances. Il faut solvabiliser les familles, pour que les plus modestes puissent raisonnablement y avoir un accès naturel. S'assurer, toujours, de la disponibilité et de la qualité de l'encadrement.


Monsieur le Président, cher Hubert BRIN,

Comme vous, je crois en l'importance majeure pour la Nation de la politique familiale. Une politique familiale qui doit s'adapter en permanence aux évolutions de notre société. Notre responsabilité, ce n'est pas seulement de verser des allocations, même lorsqu'elles sont légitimes et naturelles ou nécessaires. C'est de plus en plus de soutenir l'action éducative des familles, de conforter l'autorité parentale et la solidarité entre les générations.

Et ces défis sont ceux de l'avenir, ils sont une nécessité, ils doivent être pris en compte. Nous devons nous y engager et les relever ensemble.

Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs,
Je vous remercie.