Point de presse de M. Jacques CHIRAC, Président de la République (Yamoussoukro)

Résidence des hôtes -Yamoussoukro - Côte d'Ivoire, le vendredi 21 juillet 1995.


QUESTION: : Monsieur le président de la République, quelle est votre appréciation sur les résultats de la conférence de Londres sur la Bosnie et n'etes-vous pas un peu déçu que la proposition française que vous avez formulée n'ait pas été acceptée ?

LE PRESIDENT: Ma première pensée, vous l'imaginez, va vers les populations musulmanes victimes de l'épuration ethnique et de la barbarie serbe, et j'ajoute que les crimes ne restent jamais impunis, et ceux qui les commettent finissent toujours par en payer le prix.

Nous nous sommes donc réunis à Londres. Vous savez que la France était effectivement favorable à une politique de très grande fermeté tendant à garantir la sécurité des populations des enclaves. Le résultat de cette conférence n'est pas décevant puisqu'il a été clairement affirmé, et c'est à ma connaissance la première fois, que ces populations, ces enclaves seraient défendues et de ce point de vue, je suis heureux qu'une position claire ait été prise.

La France pensait que la manière la plus efficace était une défense de type terrestre par l'intervention de troupes sur place et les Américains imaginaient que la meilleure riposte était la frappe aérienne. Ce qui a été décidé est, je dirai, une association des deux moyens. C'est-à-dire qu'une ligne rouge, ce que nous souhaitions, a été clairement tracée et il a été indiqué qu'elle ne serait pas franchie ou que si elle l'était, les moyens nécessaires seraient mis en oeuvre, notamment les frappes aériennes qui sont sans aucun doute efficaces meme si elles présentent quelques dangers pour ceux qui sont au sol, et le cas échéant par les moyens terrestres comme nous l'avions suggéré.

Alors, je souhaite maintenant que cette résolution, cette fermeté qui a été clairement affichée à Londres et qui est, entre autres, d'inspiration française soit suivie de tous les effets nécessaires, c'est-à-dire que tous les moyens soient mis en oeuvre pour dissuader les Serbes d'attaquer et le cas échéant pour les repousser.