POINT DE PRESSE

DE MONSIEUR JACQUES CHIRAC PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE

A L'ISSUE DU SOMMET UNION EUROPEENNE-RUSSIE SAINT-PETERSBOURG – RUSSIE

SAMEDI 31 MAI 2003

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Mesdames, Messieurs,

Je sais que vous attendez depuis longtemps. Je constate que, néanmoins, vous gardez le sourire. Vous avez bien du mérite. Mais la vérité, c'est que la réunion a été longue et elle était tout de même importante et dense, dans la mesure où les vingt-cinq chefs d'Etat et de gouvernement ont exprimé de façon claire une vision commune des rapports qui doivent être, demain, dans l'avenir, ceux de l'Union européenne et de la Russie.

Naturellement, nous avons commencé, j'ai commencé, en particulier, par remercier la population de Saint-Petersbourg qui a été soumise à l'épreuve, naturellement, à l'occasion de ce sommet, pour ce 300ème anniversaire. J'ai remercié le Président POUTINE et les autorités russes qui ont remarquablement organisé l'ensemble de ces manifestations et notamment le sommet de ce matin. J'ai souligné aussi notre joie d'avoir pu inaugurer hier l'Académie Polaire, qui est une institution prestigieuse, je dirais la première de cette nature dans le monde, et qui témoigne de l'importance que la Russie attache au dialogue des cultures, au respect de l'autre, à ces peuples premiers qui ont tant de choses à dire et qui, malheureusement, sont si peu écoutés.

A partir de là, ce matin, nous avons essentiellement évoqué les quatre espaces que nous avons définis, espaces de coopération et d'intégration entre l'Union européenne et la Russie, dans le domaine des affaires intérieures et de la justice, dans le domaine de l'économie, dans le domaine de l'éducation et de la recherche et, enfin, dans le domaine de la sécurité et de la défense. Sur l'ensemble de ces points, nous sommes arrivés à un texte commun, une déclaration commune dite "déclaration de Saint-Petersbourg" qui est, à mon avis, très positive, notamment dans la mesure où, sur le sujet difficile et délicat des voyages entre l'Union européenne et la Russie, nous avons affirmé clairement la vocation de cet ensemble d'être un ensemble libre de circulation qui ne soit pas, en quelque sorte, marqué par une forme moderne de division du continent et qui puisse donc assumer l'objectif, à réaliser le plus vite possible, de libre-circulation sur le continent et, en attendant, naturellement, de faire les efforts nécessaires pour mettre en place toutes les modalités qui permettent d'éviter les excès ou les abus dans le domaine de la circulation des personnes. Voilà, en gros, ce qui a été dit ce matin et, pour ma part, j'en garde un souvenir fort et je m'en suis réjoui.

Des questions ?

QUESTION – Oui, Monsieur le Président, je me permets de passer au G8 puisque vous allez partir pour Evian ce soir. Est-ce que vous pensez que le G8 peut tourner la page, justement, de toute cette division qui a marqué la communauté internationale à la suite de la crise iraqienne ?

LE PRESIDENT – Vous savez, la vie internationale est faite de divisions, assumées et maîtrisées. Les objectifs du G8, vous les connaissez, je ne vais pas les redétailler. Ce sont des objectifs pour l'ordre mondial de demain. Ils concernent la croissance, ils concernent le développement, ils concernent l'environnement, ils concernent l'Afrique, ils concernent l'eau et un certain nombre de sujets qui n'ont rien à voir avec les divisions qui ont pu apparaître et qui, je le répète, sont des approches politiques différentes d'une situation donnée. Par conséquent, mon voeu, c'est que tout ceci ne soit pas de nature à freiner ce qui doit être une impulsion nouvelle dans la solution d'un certain nombre des grands problèmes du monde de demain. Et je n'en doute pas.

QUESTION – Monsieur le Président, est-ce que vous n'êtes pas contrarié du fait que le Président BUSH parte plus tôt, avant la fin du sommet, lundi, et donc n'assiste pas à la séance sur le développement durable ?

LE PRESIDENT – Nous avons été informés des contraintes de l'emploi du temps du Président BUSH et cela ne m'a pas du tout choqué, comme vous le dîtes. Le Président BUSH a une réunion importante le soir même avec des chefs d'Etat arabes à Charm el Cheikh, en Egypte, dans le cadre du processus de paix au Moyen-Orient qui a besoin, chacun le sait, du maximum d'impulsion. Et, par conséquent, je comprends très bien l'obligation qui est la sienne. Je rappelle que ce n'est pas d'ailleurs la première fois. Je me souviens du sommet d'Okinawa où le Président CLINTON avait, pour des raisons identiques, mais c'était à Camp David, été obligé de sacrifier une partie du sommet.

QUESTION – Monsieur le Président, on vous a entendu dire, hier, que vous étiez très heureux d'accueillir le Président BUSH à Evian. J'aimerais savoir, bien sûr, quelle interprétation vous avez de sa petite phrase "Vive la France !" Est-ce que vous pourriez à votre tour dire "Vive les Etats-Unis !" ?

LE PRESIDENT – Mais je ne crois pas que ce soit dans ces termes que se prépare le sommet d'Evian. Je suis effectivement très heureux de l'occasion que j'aurai de rencontrer le Président BUSH, d'abord sur le plan du sommet lui-même et de l'ordre du jour du sommet, qui est quelque chose de sérieux, et, d'autre part, sur le plan personnel de la relation bilatérale.

Alors, de quoi allons-nous parler ? C'est ça qui est important. Nous allons parler des problèmes qui nous sont communs, des problèmes d'intérêt commun, qu'il s'agisse du sommet lui-même, bien entendu, et des sujets que nous allons traiter, qu'il s'agisse, notamment, de la croissance mondiale, pour laquelle nous avons un intérêt commun fort, essentiel, à donner une nouvelle impulsion à la confiance dans la croissance, qu'il s'agisse du développement, cela a été évoqué, notamment du développement durable dans les pays qui en ont le plus besoin, et tout spécialement l'Afrique, nous aurons certainement à en parler longuement, la paix au Proche-Orient, bien entendu, qui est un sujet, hélas, tout ce qu'il y a de plus d'actualité, tous les problèmes de la lutte contre le terrorisme et contre la prolifération, qui sont des sujets d'intérêt commun entre les Etats-Unis, la France et les autres membres du G8, et plus largement la plupart des pays du monde, le problème de l'avenir de l'Alliance, de l'avenir de l'Europe. Vous voyez que cela fait beaucoup de sujets qui nous sont communs, y compris bien entendu nos relations bilatérales qui restent ce qu'elles sont, c'est-à-dire bonnes.

QUESTION – Monsieur le Président, sur la Tchétchènie, en ce qui concerne le communiqué commun, on ne parle plus d’accès prioritaire pour les organisations humanitaires aux populations civiles. On a même le sentiment que les Européens entérinent la normalisation dans cette petite république.

LE PRESIDENT – Non, il y a deux sujets importants, effectivement, que nous n’avons pas évoqués au cours de ce point de presse et qui ont été évoqués ce matin. Il y a bien entendu la Tchétchènie. Et, dans ce domaine, le sommet a été l’occasion de souligner notre espoir commun de voir le referendum du 23 mars dernier ouvrir la voie à un retour à la paix et à la réconciliation dans le cadre d’un processus politique. Et plusieurs ont souligné l’importance qu’il y avait à ce qu’une certaine transparence permette à des organisations non gouvernementales importantes et connues de pouvoir se rendre sur place.

Le deuxième sujet que nous avons évoqué, c’est celui de la lutte, du renforcement de la lutte contre la drogue. Le Président Poutine a particulièrement axé son propos sur ce point, dans le cadre d’ailleurs de l’effort engagé avec la conférence internationale sur les routes de la drogue, il y a quelques jours à Paris. Et nous avons tous exprimé une volonté très forte de lutter de façon beaucoup plus efficace et beaucoup plus systématique contre la drogue, et ceci dans les pays producteurs, dans les pays de transit ou dans les pays consommateurs.

Je vous remercie.