Allocution de M. Jacques CHIRAC, Président de la République, devant la communauté française d'Antananarivo à Madagascar.

Antananarivo- Madagascar, jeudi 21 juillet 2005

Madame et Monsieur les Ministres,
Messieurs les Parlementaires,
Madame l'Ambassadeur,
Messieurs les Conseillers de l'Assemblée des Français de l'étranger,
Mes chers compatriotes,

Un mot avant de m'exprimer plus directement sur le voyage que je suis en train d'effectuer à Madagascar, pour dire qu'à la suite des sérieux incidents qui viennent de frapper Londres tout à l'heure, je souhaite exprimer au peuple britannique et au Premier ministre Tony BLAIR la solidarité et le soutien de la France, et je veux redire notre détermination à combattre ensemble le terrorisme.

Mes chers compatriotes,

Je tiens à vous remercier d'être venus nombreux à cette rencontre. Je suis très reconnaissant à notre Ambassadeur, Mme Catherine BOIVINEAU, de l'avoir si bien organisée. Et je veux vous dire le plaisir que j'ai à me trouver ce soir parmi vous.

Avec les ministres qui sont à mes côtés, M. François BAROIN, ministre de l'Outre-Mer et Mme Brigitte GIRARDIN, ministre de la Coopération, je souhaite saluer votre rôle, qui est essentiel dans l'importante –de plus en plus importante- relation franco-malgache et, plus généralement, le rayonnement de la France. Et permettez-moi d'adresser un salut particulier à vos représentants élus qui assurent, en votre nom, une relation suivie, organisée et efficace avec les pouvoirs publics français.

Ma visite officielle à Madagascar répond au souhait que nous avons, le Président RAVALOMANANA et moi-même, de donner tout son essor au nouveau partenariat franco-malgache. C'est aussi une visite placée sous le signe d'une amitié ancienne qui trouve aujourd'hui de nouvelles et fortes raisons de s'épanouir.

Arrivés ce matin à Mahajanga, nous avons été accueillis de façon extraordinairement chaleureuse par le Président RAVALOMANANA, par l'ensemble des émus de la région, mais surtout –et d'une façon qui restera profondément imprimée dans mon cœur- par la population de Mahajanga. Demain, je participerai aux côtés du Président malgache au Sommet de la Commission de l'Océan Indien, dont la présidence, exercée l'an dernier par la France, est assurée cette année par Madagascar.

Mes chers compatriotes, vous constituez, avec environ 25 000 personnes, la plus importante communauté française d'Afrique subsaharienne, après celle du Sénégal. La France est le partenaire le plus présent sur la Grande île, qui est elle-même l'un des tout premiers bénéficiaires de l'aide française.

Cette présence française est extraordinairement diversifiée mais aussi bien enracinée. C'est un fait, un long passé nous est commun : l'histoire a créé entre nos deux pays des relations singulières, dont les vicissitudes n'ont pas entamé une amitié et une estime réciproques, qui traversent le temps. Nous en sommes tous et toutes les héritiers. Le Président RAVALOMANANA m'a dit lui-même que c'est cette dimension historique qui, à ses yeux, donne un caractère privilégié aux relations franco-malgaches d'aujourd'hui.

Madagascar, après une longue période de déclin économique et d'incertitudes politiques, retrouve aujourd'hui, je crois, un nouveau souffle. C'est un pays qui se reprend, qui change –c'est ainsi qu'on le voit à l'extérieur et que la communauté internationale l'apprécie-, un pays qui veut s'ouvrir sur le monde et se donner les véritables moyens du développement par une croissance économique robuste. C'est la voie de la raison ! Ce n'est pas le repli sur soi, mais l'ouverture, l'initiative et l'échange qui permettent le développement. La France soutient cette volonté de changement et elle entend aider Madagascar à prendre ce qui est un tournant historique.

C'est là un contexte nouveau. Il offre aux entreprises françaises, qui sont ici dynamiques et responsables, qui sont présentes et nombreuses, de nouvelles perspectives, c'est ainsi que je le ressens. L'ouverture de Madagascar au monde extérieur, le jeu de nouvelles concurrences, nous ne devons pas le craindre, mais au contraire saisir l'occasion de montrer concrètement le savoir-faire français et la compétitivité de nos entreprises. Elles sauront relever ce défi, j'en suis sûr, et jouer un rôle positif et déterminant dans le décollage économique indiscutable et hautement probable pour le proche avenir, de Madagascar. L'entrée en vigueur, en avril dernier, de l'accord bilatéral d'encouragement et de protection réciproque des investissements, signé dès 2003 lors du déplacement du Président malgache à la Réunion, apporte la sécurité juridique, ou l'améliore considérablement, une sécurité voulue et indispensable pour les investissements français.

C'est dans cet esprit que nos relations économiques comme nos échanges commerciaux pourront progresser d'une manière à la fois saine et durable. C'est dans cette perspective que j'ai invité une délégation de chefs d'entreprises, que je salue ici aujourd'hui, à m'accompagner.

Vous résidez dans un pays magnifique –ça c'est indiscutable-, ami de la France, où des perspectives d'avenir vous sont ouvertes. La vie d'expatrié, je le sais, a aussi ses contraintes, elle a ses aléas. Je connais les difficultés qui sont les vôtres, qu'il s'agisse de celles que vous avez traversées lors de la crise de 2002, ou de celles que vous rencontrez aujourd'hui encore dans vos activités ou dans votre vie de tous les jours.

Par vos représentants, je connais vos préoccupations, concernant la sécurité, la santé, l'éducation de vos enfants, l'environnement des affaires.

Sachez que j'y suis attentif et que je veille à ce que l'action de la France prenne vos préoccupations en compte. Notre Ambassade et ses services consulaires ont pour mission de vous aider et de vous soutenir.
Certains de nos compatriotes, particulièrement démunis, doivent pouvoir compter sur la solidarité nationale, et bénéficier d'une couverture suffisante contre le risque maladie.

En rendant hommage à vos élus à l'Assemblée des Français de l'étranger, je veux aussi saluer le rôle important des Sociétés de bienfaisance et des associations présentes à Madagascar qui, en complément des pouvoirs publics, concourent à offrir à nos compatriotes un dispositif d'aide sociale durable, plus équitable et plus dynamique, au service d'une politique de réinsertion professionnelle et sociale.


Mes chers compatriotes,

Au-delà des services de l'Etat, c'est vous, opérateurs économiques, assistants techniques civils et militaires, enseignants, religieux, chercheurs, vous toutes et vous tous, qui construisez la relation franco-malgache de demain, une relation qui peut et doit s'épanouir dans le dynamisme et la confiance. Et c'est en vous que réside l'avenir de cette relation. Je tiens à vous dire la reconnaissance de la France pour ce que chacune et chacun d'entre vous apporte, par son travail et par sa présence, au développement de ce grand et beau pays, et par là même au rayonnement de la France.

Je vous remercie.