Archives de la présidence de la République

Ve République

Georges Pompidou, 19 juin 1969-2 avril 1974

Paris, Archives nationales, 1996,

LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE

Jamais le travail d'archivage de l'action des pouvoirs publics ne s'est imposé davantage qu'aujourd'hui. Jamais, il n'a été plus délicat. Le processus de prise de décision au sommet de l'Etat est en effet devenu plus informel à mesure que l'art de gouverner devenait plus complexe. Le culte de l'écrit et du compte rendu exhaustif s'accorde mal au mode de décision moderne et aux supports techniques qui servent à l'exprimer. Que saurait-on des directives de Napoléon sur les champs de batailles s'il avait disposé du téléphone pour échanger avec ses généraux ?

Georges POMPIDOU avait, lorsqu'il devint Président de la République, une connaissance exceptionnelle des rouages de l'Etat. Il possédait, profondément ancré en lui-même, l'intelligence des situation et le goût de l'écrit. Ceux qui ont eu le privilège de servir l'Etat à ses côtés ont tous été frappés par l'humilité de sa démarche, son souci du terme exact, sa méticulosité mise au service d'une intelligence visionnaire. Le Président POMPIDOU travaillait beaucoup, le stylo à la main. Normalien et banquier, fils de la terre et féru d'art abstrait, il avait appris à conjuguer le rêve et la raison. Non pas pour briser le rêve mais pour être capable de lui faire prendre corps.

L'archivage des documents de sa présidence tragiquement interrompue en 1974 est un outil irremplaçable et d'autant plus précieux que Georges POMPIDOU écrivait lui-même beaucoup et annotait les documents qui lui étaient soumis. A travers l'énoncé aride de pièces archivées, c'est une méthode de travail, c'est une vision des choses, c'est une certaine idée de la France, mûrie auprès du Général de GAULLE, qui s'expriment.


Jacques CHIRAC