Intervention de Monsieur Jacques CHIRAC,

Président de la République Française,

à l'occasion de la présentation du Muguet

par la SEMMARIS

----

PALAIS DE L'ELYSEE - Vendredi 1er mai 1998

Monsieur le Président,

Mesdemoiselles, je salue tout particulièrement les Reines, comme toujours jolies et avec un sourire épanoui,

Mesdames, Messieurs,

Mes chers Amis,

Je dis mes chers Amis, parce que je connais beaucoup d'entre vous depuis longtemps et que, sans remonter jusqu'à la période de 1948, j'ai connu la période où il y avait les forts des Halles, où il restait encore deux forts des halles, qui arrivaient avec leurs grands chapeaux, et pour ne rien vous cacher, j'ai essayé une fois, comme le Président Auriol, le chapeau des forts des halles. Je me suis débrouillé pour le faire en l'absence des photographes, on ne sait jamais.

Mais ces réceptions annuelles, pendant dix-huit ans à la Ville de Paris qui dépend tellement de vos activités, m'ont toujours laissé un souvenir particulièrement chaleureux et j'ai toujours exprimé avec beaucoup de sincérité la reconnaissance et le respect des Parisiens pour l'action courageuse, déterminée et moderne qui est la vôtre.

Je suis donc heureux de vous recevoir, une nouvelle fois, ici pour cette traditionnelle cérémonie du Muguet. Un muguet, vous l'avez rappelé Monsieur le Président à juste titre, qui porte bonheur. Je souhaite que ce bonheur soit, naturellement, celui des Français.

Je vous remercie de vos voeux. Mon épouse m'a prié de l'excuser et regrette beaucoup d'être absente cette année, mais elle n'est pas disponible aujourd'hui. Je voudrais vous dire, en tous les cas, qu'elle vous exprime aussi ses sentiments d'estime et de reconnaissance.

C'est à la ténacité, à la vitalité, souvent au courage de nos producteurs, de nos commerçants, de nos artisans, que nous devons le visage de la France et la qualité qui lui est attribuée.

J'étais, avant-hier, à Tokyo où j'ai inauguré le Salon des produits agricoles et alimentaires, prestigieuse manifestation. Remarquable réussite malgré, il faut le dire, parfois la timidité ou le manque d'engagement de certains professionnels, certaines grandes entreprises et nous attendons, à Tokyo, six cent mille visiteurs, c'est-à-dire autant que le Salon de l'agriculture, à Paris.

Les efforts faits dans tout ce domaine agro-alimentaire, tous ces produits que vous représentez ici, sont tout à fait remarquables. C'est dire que nous devons beaucoup au dynamisme de nos professionnels. C'est vrai que cela confirme l'image de qualité qui est celle de notre pays.

Alors, vos réalisations récentes, Monsieur le Président, au Marché de Rungis sont là pour témoigner de ce dynamisme. Je voudrais vous en féliciter toutes et tous et vous-même, Monsieur le Président.

Le volume des achats et le nombre des acheteurs augmentent, votre programme ambitieux de modernisation et d'investissements se poursuit malgré les difficultés, la défense de la qualité des produits se développe et ceci, naturellement, au bénéfice des consommateurs.

Un exemple en est bien donné par le nouveau pavillon de la Triperie, qui vient d'être aménagé et inauguré, grâce aux efforts de tous les acteurs concernés, que vous avez su fédérer. Cet équipement répondra aux soucis accrus de qualité, de sécurité sanitaire exprimée, il faut les reconnaître de façon parfois irrationnelle, par les consommateurs mais cela tient au traumatisme qui a eu lieu en 1996 avec l'affaire de la vache folle et dont ces professions ont été particulièrement des victimes. Je voudrais saluer le courage, comme vous l'avez dit, de la profession durement éprouvée par la crise et qui a su montrer une nouvelle fois sa détermination, son dynamisme et sa confiance dans l'avenir finalement au plus grand profit des consommateurs.

Vous m'annoncez que le pavillon des viandes pourrait être également rénové prochainement, c'est-à-dire au cours de ce millénaire et je m'en réjouis. La tendance à la baisse de la consommation de viande rouge est un peu inquiétante et elle a été relevée par tous les observateurs. La recherche de produits de qualité est naturellement la voie la plus sûre pour compenser cette baisse ou pour faire redémarrer ce marché, contrairement, je voudrais le dire ici, aux propositions faites par la Commission de Bruxelles, c'est dans la recherche de la qualité, c'est dans la possibilité de tracer ces viandes que se trouve la solution. Ce n'est certainement pas dans la baisse excessive voire drastique des prix à la production.

La compétitivité relative de nos filières de production de viande et, je l'évoquais à l'instant, la traçabilité complète de leur origine au plan européen sont effectivement indispensables pour assurer la confiance et la stabilité de notre marché et nous savons le faire. Aussi les efforts de modernisation que vous entreprenez sont naturellement les bienvenus, ils sont porteurs d'espoir pour l'avenir et je me permets, là-aussi, de vous en féliciter.

Enfin, sans pouvoir citer tous les secteurs auxquels je tiens à rendre hommage, naturellement, à chacun d'entre eux et qui sont si bien représentés à Rungis.

Je ne voudrais pas oublier de mentionner les difficultés rencontrées ces derniers mois par nos producteurs de fruits et de légumes. Certes, il y a souvent des accidents sur ces marchés, leur répétition est assez insupportable et je voudrais dire combien il faut compter sur les professionnels pour mieux s'organiser et mieux s'adapter aux nouvelles exigences des marchés : avec l'Europe, les marchés sont plus concurrentiels, mais aussi ils sont plus larges ; avec l'euro, ils seront plus stables, ils souffriront moins des effets de change qui souvent leur ont coûté cher ; avec la nouvelle organisation commune des marchés, ils doivent être mieux régulés et permettre de se battre à armes égales, avec nos partenaires de l'Europe du Nord qui ont, eux aussi, des crises mais qui, je le note, ont géré dans le calme la crise du chou-fleur. Avec l'harmonisation fiscale et sociale que l'Union européenne devra forcément poursuivre, ils deviendront, enfin, plus transparents, plus équitables, et je l'espère plus stables. En tous les cas, il appartient au Gouvernement de bien s'assurer que l'on poursuit cette direction en concertation étroite et en dialogue constant avec les professionnels concernés. C'est dans ce contexte évolutif que nos filières de production doivent agir, anticiper, se structurer, s'adapter et je leur fais toute confiance pour relever ce défi.

Alors, Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs, merci. Merci d'abord de votre action exemplaire, la vôtre Monsieur le Président, à la tête du Marché d'intérêt national de Rungis, vous toutes et vous tous, pour l'intelligence de l'action que vous conduisez et votre sens de l'intérêt général. Et puis merci enfin, de ce geste traditionnel certes, mais sympathique et amical auquel je suis très sensible et auquel, je le répète, ma femme regrette beaucoup de ne pas être physiquement associée, croyez qu'elle est de tout coeur avec nous.

Je vous remercie Monsieur le Président.