DISCOURS

DE MONSIEUR JACQUES CHIRAC PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE

À L'OCCASION DE LA PRÉSENTATION DES VOEUX DU GOUVERNEMENT

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PALAIS DE L'ÉLYSÉE

JEUDI 3 JANVIER 2002

Monsieur le Premier ministre, Mesdames et Messieurs les ministres,

Je vous remercie, Monsieur le Premier ministre, des voeux que vous avez bien voulu exprimer à l'aube d'une année - vous l'avez souligné - importante puisqu'elle verra les Français élire leur Président de la République et leurs députés, après un débat démocratique que je souhaite comme vous intense et digne, un débat qui exclue les affrontements stériles entre les hommes, un débat porté par une grande ambition pour la France.

D'ici là, chacun d'entre nous aura à coeur d'être pleinement à sa tâche.

Car les préoccupations des Français ne seront pas mises entre parenthèses pendant les prochains mois. L'exigence d'une plus grande sécurité, l'inquiétude face à la situation de l'emploi et les incertitudes qui subsistent à l'extérieur de nos frontières, nous imposent, plus que jamais, d'être en alerte, présents aux côtés de nos compatriotes, pleinement dans l'action, à l'écoute de leurs besoins, prêts à répondre à leurs interrogations.

La Ve République a donné aux pouvoirs publics les moyens d'agir dans la durée et de mener une politique volontaire au service des Français et de la Nation.

C'est le sens profond de nos institutions qui, pour la première fois dans notre histoire, concilient l'idéal républicain et le principe de continuité, si nécessaire à la conduite des affaires de l'État. Ni l'alternance ni la cohabitation n'ont jamais remis en cause cet acquis de notre démocratie.

Malgré ces atouts, malgré cette force, l'action publique reste, par essence, difficile et exigeante, nous le savons, vous le savez. En toutes circonstances, elle doit avoir pour seul critère l'intérêt général.

Car l'intérêt général est en définitive la seule référence qui permette d'avancer, la seule référence qui permette de faire converger et de fédérer les énergies. Il est la meilleure garantie de pouvoir rendre utile la durée et de convertir le temps en action.

La recherche de l'intérêt général suppose d'écarter toute velléité de confrontations personnelles et d'affirmer, en toutes circonstances, la tolérance et le respect entre les hommes. De ce point de vue, je veux croire, Monsieur le Premier ministre, que ces dernières années auront permis d'introduire dans notre vie politique une meilleure connaissance mutuelle et plus de compréhension.

Des réformes importantes, c'est vrai, restent devant nous. Elles exigeront de convaincre et de rassembler les Français, dans l'intérêt supérieur de la Nation.

C'est vrai en ce qui concerne la sécurité qui est à juste titre l'une de leurs préoccupations les plus pressantes. L'insécurité est le principal facteur d'inégalité entre les Français, la première limite de leurs libertés, un défi lancé à la cohésion de notre société.

L'union entre les Français sera également nécessaire dans la recherche du plein emploi et de la croissance, qui exige dialogue social, confiance et pédagogie.

Et c'est encore en se rassemblant au nom de l'intérêt général que les Français pourront mener à bien les réformes structurelles nécessaires pour aborder l'avenir dans de bonnes conditions, qu'il s'agisse de l'État, des impôts, des retraites ou de la simplification de nos réglementations.

De tout cela, j'en suis certain, chacun d'entre vous a pleinement conscience. C'est pourquoi notre travail devra se poursuivre normalement au cours des prochains mois. Vous l'avez souligné : c'est la règle républicaine.

Enfin je voudrais souligner, pour m'en réjouir, le succès de l'arrivée de l'euro. Tous les efforts ont été faits et doivent continuer d'être faits pour accompagner les Français dans l'apprentissage de leur nouvelle monnaie. Et je sais que vous vous y employez.

À chacune et à chacun d'entre vous, ainsi, bien entendu, qu'à vos proches, je souhaite une bonne et heureuse année 2002.

Je vous remercie.