ALLOCUTION DE M. JACQUES CHIRAC

PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE FRANCAISE

DEVANT LA COMMUNAUTE FRANCAISE

EN ISRAEL

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Tel Aviv, Mardi 22 octobre 1996 à 18h30

Messieurs les Ministres,

Monsieur l'Ambassadeur, Madame,

Messieurs les Présidents des Groupes d'Amitié France-Israël de l'Assemblée Nationale et du Sénat,

Messieurs les délégués au Conseil Supérieur des Francais à l'Etranger,

Mes chers compatriotes,

Mesdames, Messieurs

Je suis heureux de me retrouver ici avec mes compatriotes résidant en Israël, et je salue l'ambassadeur en le remerciant, ainsi que son épouse pour son accueil de ce soir, je le fais en votre nom à tous. Je salue notre Ministre Monsieur Galland, je salue également Maître Henri Hadjenberg, qui est le Président du C.R.I.F, comme vous le savez en France, et Jean Kahn, qui doit être quel que part par là, et qui nous rejoindra s'il nous entend et qui est le Président du Consistoire Central et qui ont bien voulu l'un et l'autre se déplacer pour venir m'assister dans ce voyage en Israël. Je salue également les Président des groupes d'amitié du Sénat et de l'Assemblée Nationale, et les délégués au Conseil Supérieur des Français de l'Etranger. Je salue aussi Monsieur D'Aubert qui également est venu ici, en raison des relations de plus en plus importantes que nous avons sur le plan scientifique et technologique entre Israël et la France.

Mes chers compatriotes, je suis heureux de vous rencontrer ce soir, au terme de ma visite officielle en Israël, qui a été à la fois utile, chaleureuse et agréable. Et j'ai voulu à cette occasion apporter aux dirigeants de l'Etat d'Israël, à ses habitants également, un message d'amitié, un message de solidarité traditionnelle, entre nos deux pays, mais que j'ai tenu bien entendu à renouveler.

D'amitié : ce n'était pas nécessaire de rappeler les liens qui unissent notre pays avec l'Etat d'Israël et ceci depuis sa création. Des liens parfois étroits, parfois distendus, c'est la vie, mais jamais remis en cause, jamais reniés d'un côté ou de l'autre. La sécurité d'Israël, à laquelle ce pays est à juste titre si attachée, a toujours été une préoccupation et reste une préoccupation essentielle de la France. Elle le reste, parce que la France souhaite profondément la pleine intégration de ce pays au Moyen-Orient et dans le bassin méditerranéen.

Amitié et solidarité : personne ne peut imaginer que la France, depuis si longtemps présente dans cette partie du monde, se détourne des problèmes qui s'y posent, et ne joigne pas ses efforts à tous ceux qui sont faits pour ramener la paix sur cette terre déchirée et vous me permettrez, à pratiquement un an de l'évènement et en raison de la présence à l'instant de son épouse, d'avoir une pensée très forte pour cet homme visionnaire qu'a été Itzak Rabin hélas, assassiné en raison de son engagement pour la cause de la paix. Notre pays souhaite aussi agir au service de la paix, au Proche-Orient comme d'ailleurs partout dans le monde. Mais ici, dans cette région, la France, qui entretient d'étroits contacts avec les différents acteurs du processus de paix, peut peut-être, plus que d'autres, y jouer un rôle, et y encourager le dialogue et tenter de rapprocher les points de vue, de favoriser l'avènement de cette ''paix juste et durable'' recherchée depuis tant d'années et qui progresse.

Je ne répéterai pas ce que j'ai dit hier à Haïfa concernant l'action de la France et l'Europe dans le domaine du processus de paix au Proche-Orient. Vous mesurez quotidiennement combien il est nécessaire de tout faire pour que s'éloigne enfin de cette terre le spectre de la violence et du terrorisme. Pour assurer la complète sécurité d'Israël. Pour que ses frontières cessent de constituer des zones de tension et laissent librement passer voyageurs et marchandises, travailleurs et capitaux.

Comme avec l'Egypte et la Jordanie, Israël doit parvenir à un traité de paix avec le Liban et la Syrie. Nous le souhaitons et nous y contribuerons autant que nous le pourrons.

Dans le même esprit et avec la même inquiétude du temps qui passe et des risques qui persistent, nous appelons instamment nos amis Israéliens et Palestiniens à retrouver ce qu'ils ont su créer, les voies d'un dialogue confiant, et à préparer un avenir de coopération entre partenaires égaux en droits et en devoirs. Je crois que ce langage, que j'ai tenu hier au Président Assad et que je tiendrai demain au Président Arafat, a été compris en Israël. Le Premier ministre me l'a clairement confirmé.

Chacun sait que la sécurité des uns et des autres ne peut pas être garantie par la force. Si les accords antérieurs ne sont pas respectés, il n'y aura pas de paix possible. Et s'il n'y a pas de paix, il n'y aura pas de sécurité.

Bien entendu, avec le Président Weizman et avec le Premier Ministre Netanyahou, nous avons aussi parlé des relations entre la France et Israël. Celles-ci, vous le savez, se portent bien et ne demandent qu'à se développer davantage, qu'il s'agisse d'échanges commerciaux, d'investissements ou encore d'une coopération scientifique qui maintenant commence à atteindre un niveau important. J'ajoute que la langue française est pratiquée par un nombre important d'Israéliens, que son enseignement est satisfaisant. Seule manque encore l'adhésion d'Israël à la Francophonie. Nous la souhaitons et j'espère que cette adhésion souhaitée également par les autorité de ce pays pourra se faire le plus rapidement possible.

Ces perspectives d'échanges accrus, de coopération progressant dans tous les domaines, c'est bien entendu pour une très grande part grâce à vous, qu'elles se produit et sur vous qu'elles reposent.

Dans cet esprit, je voudrais saluer vos principales organisations, l'UFE et l'ADFE, vos associations d'anciens combattants, la Chambre de Commerce et d'Industrie Israël-France. Je salue aussi vos délégués au Conseil Supérieur des Français à l'Etranger qui vous représentent dignement au Conseil.

Je salue également M. Didier Bariani, Président du Groupe d'Amitié France-Israël de l'Assemblée Nationale, et M. Philippe Richert, Président du Groupe d'Amitié France-Israël du Sénat, qui m'ont accompagné dans ce voyage Bien sûr, je l'ai dit tout à l'heure, j'ai été particulièrement heureux que m'accompagnent en Israël Maître Henri Hadjenberg, Président du C.R.I.F. et M. Jean Kahn, Président du Consistoire Central, qui représentent à mes côtés la communauté juive de France. Cette communauté, la deuxième par le nombre, dans le monde, en dehors d'Israël, joue dans notre pays le rôle majeur que chacun sait et la France lui doit beaucoup. Ces Français, qui ont tant donné à la France sont, bien sûr, charnellement attachés à Israël. Ils sont pour nous un élément capital dans nos relations avec ce pays, ils sont un lien privilégié entre nous. Ce soir, à vos côtés, ils symbolisent tout ce qui peut exister de spécifique et de si fort entre Israël et la France, je voudrais les en remercier, et à travers eux saluer toute la communauté juive de notre pays.

Mais c'est d'abord à chacun et chacune d'entre vous que je souhaite dire ma gratitude, pour leur action, ici en terre d'Israël, au service de la France, et au service de l'amitié franco-israélienne.

La plupart d'entre vous sont, à la fois, citoyen israélien et citoyen français. Un certain nombre se sentent également chez eux dans le pays, qui les a vus naître. Cette situation privilégiée, c'est une grande chance pour la France.

Continuez à être ces témoins, ces messagers des solidarités méditerranéennes dont nous avons tant besoin.

Continuez à donner de notre pays une image forte, dynamique, tolérante, et Dieu sait que c'est nécessaire par les temps qui courent, l'image d'un pays qui se tient résolument aux côtés d'Israël dans sa marche vers la paix et la prospérité.

Vive la République !

Vive la France !