Sommet des chefs d'Etat et de gouvernement du G8 - Plan d'action du G8| développer les capacités mondiales de maintien de la paix.

(Traduit de l'anglais)

PLAN D'ACTION DU G8 DEVELOPPER LES CAPACITES MONDIALES DE MAINTIEN DE LA PAIX

Sommet des Chefs d'Etat et de Gouvernement du G8 SEA ISLAND (ETATS-UNIS D'AMERIQUE) 8 AU 10 JUIN 2004

Le nombre des opérations de maintien de la paix dans le monde ne cesse d'augmenter, accentuant ainsi la nécessité pour la communauté internationale de réagir par des opérations militaires et de sécurité complexes, afin d'instaurer la stabilité et la sécurité qui sont essentielles au développement social, économique et politique dans les pays en crise.

L'Afrique est le continent qui a le plus de besoins en matière de maintien de la paix et la communauté internationale reconnaît combien il est important d'adopter des mesures plus globales pour assurer durablement la paix. Forts de cette constatation, nous avions décidé à Kananaskis, dans le Plan d'action pour l'Afrique, « d'apporter une assistance technique et financière de manière à ce que, d'ici 2010, les pays et les organisations régionales et sous-régionales d'Afrique soient en mesure de s'engager plus efficacement pour prévenir et régler les conflits violents sur le continent et d'entreprendre des opérations de maintien de la paix conformément à la Charte des Nations Unies ».

À Évian, nous avons poursuivi dans cette voie avec le « plan conjoint Afrique / G8 de renforcement des capacités africaines pour mener des opérations de maintien de la paix. » Dans ce plan, nous avons pris l'engagement de travailler avec les partenaires africains, étape par étape, pour jeter les bases essentielles d'une concentration plus efficace des ressources existantes afin d'appuyer la vision à long terme des Africains en ce qui concerne leur architecture de paix et de sécurité.

De nombreux pays du G8 ont déjà pris des mesures pour améliorer la capacité des organisations et des pays africains à mener des opérations de maintien de la paix et des activités connexes. L'Union européenne a créé récemment une facilité de soutien à la paix pour l'Afrique, initiative qui prévoit 250 millions d'euros pour remédier aux difficultés financières et logistiques bien connues auxquelles sont confrontés de nombreux pays d'Afrique s'agissant de déployer des opérations internationales de maintien de la paix et pour soutenir le processus de renforcement des capacités institutionnelles de l'Afrique. Les États-Unis, la France, le Canada et le Royaume-Uni ont apporté une aide bilatérale pour former et équiper des unités africaines de maintien de la paix et pour développer la capacité des organisations africaines à mettre en place, gérer et soutenir des opérations de maintien de la paix. L'Italie a apporté un appui aux opérations africaines de maintien de la paix par des activités de formation à l'École des cadres du système des Nations Unies (ECSNU) de Turin et par des opérations menées à la Base de soutien logistique des Nations Unies à Brindisi. Le Japon et la Russie ont appuyé les efforts africains en matière d'opérations de maintien de la paix et leurs activités connexes, y compris le désarmement, la démobilisation et la réinsertion.

Nous avons certes progressé dans l'établissement d'un cadre permettant d'apporter plus de paix et de stabilité en Afrique, mais une coordination accrue est nécessaire pour optimiser nos efforts individuels afin de renforcer les capacités africaines de maintien de la paix.

Des mesures similaires pour améliorer la capacité à mener des opérations de maintien de la paix et des activités connexes sont aussi nécessaires ailleurs qu'en Afrique. Les capacités de nombreux pays à mener des opérations de maintien de la paix en temps opportun sont très insuffisantes. Le renforcement des capacités institutionnelles est particulièrement important pour le personnel des organisations régionales et sous-régionales qui ne dispose pas de la formation et de l'expertise requises pour planifier et mener à bien efficacement des missions de maintien de la paix. En raison du nombre croissant d'opérations de maintien de la paix complexes partout dans le monde aujourd'hui, il manque des unités bien formées et bien équipées capables de répondre à une demande croissante. Nombre des pays qui ont la capacité de participer à des opérations de maintien de la paix ne sont pas en mesure de le faire en raison de leur incapacité à transporter leurs contingents et à en assurer le soutien logistique. Les unités formées doivent entretenir leurs compétences jusqu'à leur déploiement dans une opération de maintien de la paix.

De plus en plus, les forces du type « carabinieri » ou « gendarmes » ont fait la preuve de leurs compétences spécifiques dans les récentes opérations de maintien de la paix. Ces unités peuvent combler les lacunes sécuritaires entre les forces militaires et la police civile et alléger ainsi une partie du fardeau qui pèse sur les unités militaires tout en créant un environnement dans lequel la police civile peut agir efficacement dans le respect de l'état de droit. Ces unités sont nécessaires en plus grand nombre, avec une interopérabilité accrue, pour participer aux opérations internationales de maintien de la paix et aux activités connexes.

Plan d'action pour le développement des capacités mondiales de maintien de la paix

Aujourd'hui, nous nous sommes engagés en faveur d'un Plan d'action destiné à renforcer les capacités de maintien de la paix qui seront disponibles en temps utile pour toute opération internationale de maintien de la paix. Chaque pays bénéficiant d'une formation et d'une assistance prendra en toute souveraineté la décision de déployer ou non ses unités pour une opération donnée de maintien de la paix. Toutes les opérations de maintien de la paix et les autres activités connexes entreprises par les pays du G8 dans le cadre de cette initiative doivent s'effectuer conformément à la Charte des Nations Unies. En outre, compte tenu du fait que la plupart des opérations de maintien de la paix dans le monde, en particulier les opérations en Afrique, s'effectuent sous l'égide de l'ONU et sous mandat du Conseil de sécurité de l'ONU, toutes les actions entreprises par le G8 pour renforcer les capacités internationales de maintien de la paix doivent être mises en oeuvre en étroite coopération avec les Nations Unies et conformément à ses normes techniques et prendre en compte les recommandations du rapport Brahimi. En Afrique, ces actions doivent également être mises en oeuvre en étroite coopération avec l'Union africaine et les organisations sous-régionales, dans le respect du principe d'appropriation de ces opérations par les Africains.

Par conséquent, nous entreprenons des activités spécifiques et nous coordonnons étroitement nos efforts pour que nos partenaires et nous-mêmes en tirions le meilleur parti. C'est pourquoi nous nous engageons, dans le respect de nos lois nationales à :

* former au maintien de la paix et, le cas échéant, équiper environ 75 000 soldats dans le monde d'ici 2010, dans le prolongement des engagements pris à Kananaskis et à Évian. Cette action sera centrée durablement sur l'Afrique et sur d'autres pays qui peuvent contribuer à des opérations de maintien de la paix en Afrique et ailleurs. Nous avons également pris l'engagement de former et d'entraîner ces soldats pour faire en sorte que ceux-ci entretiennent leurs compétences à l'issue de la formation initiale. Parmi ces activités, il faut prévoir de renforcer la capacité institutionnelle des organisations régionales et sous-régionales à planifier et mettre en oeuvre des opérations de maintien de la paix.

* nous concerter avec nos partenaires africains, l'ONU, l'Union européenne et d'autres pour optimiser nos actions individuelles en matière de renforcement des capacités africaines à conduire des opérations de maintien de la paix et des activités connexes. En jouant un rôle actif lors des consultations annuelles organisées par l'Union africaine, en créant des groupes de contact des donateurs dans les capitales africaines (comme prévu dans le plan d'Évian) et en organisant des réunions de coordination avec les parties intéressées, nous coordonnerons mieux l'assistance des pays du G8 et d'autres pays pour des opérations de maintien de la paix et les activités connexes. À cette fin, nous organiserons des réunions d'experts du G8 pour servir de pôle d'échange d'informations aussi longtemps que cela sera nécessaire pour atteindre cet objectif.

* constituer des capacités de maintien de la paix dans d'autres régions d'ici 2010. Nombre de ces unités de maintien de la paix pourraient se déployer en Afrique ou à l'occasion de crises dans leur propre région. Les États membres ont également pris l'engagement d'offrir une formation et un entraînement pour faire en sorte que les soldats qui ont été formés entretiennent leurs compétences nouvellement acquises.

* travailler avec les parties intéressées d'ici le prochain Sommet pour préparer un arrangement logistique et de transport qui aidera les pays dotés de moyens de transport à déployer des opérations de maintien de la paix et à apporter un soutien logistique aux unités sur le terrain. Ce type d'arrangement qui prendra en compte les efforts actuels doit porter sur les principaux manques qui empêchent souvent une intervention en temps utile en cas de crise.

* augmenter notre contribution à la formation des forces du type « carabinieri » ou « gendarmes » en continuant d'apporter notre soutien aux centres qui se consacrent à cet objectif, notamment en France, en Italie et en Afrique, et en appuyant de nouvelles initiatives dans ce domaine. En particulier, nous soutiendrons l'initiative italienne dont l'objectif est de mettre sur pied, dans un cadre multinational, un centre international de formation qui servirait de Centre d'excellence pour la formation et l'entraînement à des opérations de maintien de la paix. Ce centre s'appuiera sur l'expérience et l'expertise des carabinieri, de la Gendarmerie et d'autres forces analogues pour mettre sur pied des unités du type « carabinieri » ou « gendarmes » dans les pays intéressés, particulièrement en Afrique, pour des opérations de maintien de la paix.

Ces initiatives seront réalisées :

* en proposant des programmes de formation, notamment de « formation de formateurs » et de formation au pré-déploiement pour des missions spécifiques ;

* en définissant une doctrine et des normes opérationnelles communes pour l'utilisation des forces de type carabinieri ou gendarmerie dans les opérations de maintien de la paix, plus particulièrement en ce qui concerne le contrôle des foules, la lutte contre la criminalité organisée, les arrestations à haut risque, la sécurité des prisons, la protection des installations sensibles, la sécurité des élections, la sécurité des personnalités et le contrôle des frontières ;

* en assurant une formation à l'interopérabilité avec les forces militaires ; et

* en coopérant avec les établissements d'enseignement et de recherche dans les domaines connexes tels que le droit humanitaire, les droits de l'homme, le droit pénal, la gestion des prisons et la coopération civilo-militaire.

Ces actions complètent l'objectif de renforcement des capacités des unités militaires, ces deux aspects étant nécessaires dans des opérations de maintien de la paix.

Nous réaffirmons notre engagement de mener les actions susmentionnées afin d'accélérer et d'intensifier les efforts menés actuellement pour développer la capacité internationale à mener des opérations de maintien de la paix et les activités connexes. Pour atteindre ces objectifs, les pays du G8 ont fourni et continueront de fournir un soutien substantiel. Nous espérons qu'un jour, ces unités ne seront plus nécessaires, mais en attendant, nous reconnaissons que le développement des capacités mondiales de maintien de la paix est un facteur déterminant pour rendre le monde plus sûr.




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