Déclaration des chefs d'Etat et de gouvernement du G7

DÉCLARATION DES CHEFS D'ÉTAT ET DE GOUVERNEMENT DU G7

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GÊNES - ITALIE 20 JUILLET 2001

1. Nous, chefs d'État et de gouvernement des pays du G7 et représentants de l'Union européenne, nous sommes réunis aujourd'hui à Gênes afin de débattre des enjeux actuels de l'évolution macroéconomique mondiale et de soutenir les efforts visant à promouvoir la croissance et la stabilité et à améliorer l'efficacité du système financier international.

Économie mondiale

2. Alors que le ralentissement de l'économie mondiale a été plus prononcé que prévu au cours de l'année écoulée, des politiques économiques adaptées et de bons fondamentaux constituent une assise solide pour une croissance plus forte. Nous continuerons à faire preuve de vigilance et à aller de l'avant dans la mise en oeuvre des mesures nécessaires pour que nos économies connaissent une croissance plus soutenue, reflétant leur potentiel. Nous nous engageons à appliquer des politiques qui contribueront à la croissance mondiale en favorisant une forte hausse de la productivité dans un environnement macroéconomique stable par la mise en oeuvre de réformes structurelles, le libre-échange et le renforcement de la coopération économique internationale.

* Aux États-Unis, la croissance a fortement ralenti. Toutefois, les tendances à long terme demeurent favorables. Les marchés sont dynamiques et flexibles. La politique monétaire et la politique budgétaire sont utilisées activement pour soutenir la reprise tout en préservant la stabilité des prix. Les baisses d'impôt adoptées récemment devraient stimuler la croissance. * Au Canada, les baisses d'impôt et la situation monétaire soutiennent la croissance et les politiques structurelles devraient continuer d'avoir pour objectif l'augmentation de la productivité. Au Royaume-Uni, où le ralentissement paraît modéré, les politiques économiques devraient continuer d'étayer les fondements d'une croissance soutenue et de l'emploi à moyen terme, tout en respectant les objectifs en matière d'inflation. * Dans la zone euro, l'activité économique s'est ralentie, mais les perspectives de croissance restent favorables. Une baisse de la fiscalité ainsi que des réformes structurelles destinées à améliorer encore le niveau de l'emploi devraient continuer à soutenir une croissance durable et non inflationniste. Une mise en oeuvre résolue des réformes économiques contribuera à renforcer le potentiel de croissance. * Au Japon, l'activité économique a encore ralenti et la baisse des prix se poursuit. Dans ce contexte, la politique monétaire doit continuer de fournir un large volant de liquidité. Une mise en oeuvre vigoureuse des réformes du secteur financier et du secteur des entreprises est nécessaire pour jeter les bases d'une croissance économique plus forte à moyen terme. Nous nous félicitons du programme de réformes annoncé récemment qui contribuera à cet objectif.

3. L'évolution de l'économie mondiale affecte inégalement les économies émergentes. Le taux de croissance dans certains pays est revenu à un niveau plus durable alors que dans d'autres pays, il a fortement décéléré. Nous nous félicitons des progrès réalisés dans de nombreux pays pour améliorer leur résistance aux crises potentielles et des mesures prises l'année dernière pour renforcer le système financier international afin de mieux prévenir les crises. Toutefois, l'évolution récente de la situation sur les marchés émergents montre la nécessité d'accomplir des progrès supplémentaires dans le renforcement des systèmes bancaires et dans l'assainissement des budgets nationaux. Les mesures prises récemment par l'Argentine et la Turquie constituent des avancées positives dans cette direction. Nous félicitons ces pays pour leurs efforts et nous les encourageons à poursuivre la mise en oeuvre de leurs programmes de réformes en étroite coopération avec le FMI et avec les autres institutions financières internationales compétentes.

4. Le niveau élevé et la volatilité des prix du pétrole sont préoccupants pour l'économie internationale, en particulier pour les pays en développement les plus vulnérables. L'augmentation et la diversification de l'offre énergétique, l'amélioration du rendement énergétique, le développement des infrastructures et la stabilité des marchés pétroliers sont des objectifs importants. Les pays producteurs et les pays consommateurs de pétrole devraient rester en contact étroit.

5. Outre ces politiques que nous mettons en oeuvre chez nous, nous sommes convenus aujourd'hui qu'une coopération dans trois autres domaines est importante pour renforcer l'économie mondiale : * le lancement d'un nouveau cycle commercial * des mesures pour renforcer la stabilité et l'intégrité du système financier international * des mesures pour faire en sorte que les pays les plus pauvres ne soient pas exclus, en particulier la mise en oeuvre de l'initiative en faveur des pays pauvres très endettés.

Lancement d'un nouveau cycle commercial

6. Pour assurer une croissance économique soutenue au niveau mondial, nous devons renouveler notre engagement en faveur du libre-échange. L'ouverture des marchés mondiaux et le renforcement de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) en tant que fondement du système commercial multilatéral sont indispensables pour l'économie. C'est pourquoi nous nous engageons à intervenir individuellement et collectivement en faveur du lancement d'un nouveau cycle ambitieux de négociations commerciales globales lors de la quatrième conférence ministérielle de l'OMC à Doha (Qatar) en novembre prochain.

7. Nous sommes déterminés à travailler avec les pays en développement, notamment les pays les moins avancés, afin que ce nouveau cycle tienne compte de leurs priorités en améliorant l'accès aux marchés et en établissant des règles commerciales plus saines et plus transparentes. Nous reconnaissons l'existence de préoccupations légitimes concernant la mise en oeuvre des accords du cycle d'Uruguay. Nous nous félicitons des progrès réguliers déjà accomplis sur ce point et nous sommes disposés à étudier les moyens de progresser encore dans le cadre du nouveau cycle. Le renforcement des capacités institutionnelles est essentiel pour intégrer les pays en développement dans le système commercial et nous intensifions nos efforts pour apporter notre contribution dans ce domaine, notamment dans le cadre des institutions internationales.

8. Dans l'intérêt de tous, ce nouveau cycle devrait s'articuler autour d'un ordre du jour équilibré tout en clarifiant, renforçant et développant les règles multilatérales. L'amélioration du mécanisme de règlement des différends est essentielle à cet égard. Le renforcement de la transparence au sein de l'OMC est également important pour consolider la confiance dans le système commercial mondial. L'OMC devrait continuer de répondre aux attentes légitimes de la société civile et faire en sorte que le nouveau cycle favorise le développement durable.

9. Nous reconnaissons la nécessité d'élargir l'OMC à de nouveaux membres dans des conditions économiques satisfaisantes. Nous nous félicitons que les négociations avec la Chine soient presque achevées et que des progrès aient été réalisés concernant l'adhésion de la Russie. Nous soutiendrons activement les autres candidats dans leurs efforts pour réunir les conditions nécessaires à une adhésion rapide afin de faire de l'OMC une organisation universelle.

Renforcement du système financier international

10. Un système financier international stable et solide est crucial pour l'augmentation de la croissance et de la prospérité mondiales. Nous partageons la même volonté de continuer à le renforcer pour prévenir les crises financières, limiter l'incidence des crises inévitables et s'attaquer aux abus constatés au sein du système financier.

11. Depuis le Sommet d'Okinawa, plusieurs mesures importantes ont été prises, en particulier pour accroître l'efficacité de la prévention des crises en renforçant la surveillance exercée par le FMI et en encourageant la mise en oeuvre des codes et normes internationaux, pour associer le secteur privé à la prévention et au règlement des crises, pour rationaliser et réformer les facilités de prêt du FMI et pour améliorer la transparence et la responsabilité du FMI. Ces efforts doivent être poursuivis.

12. À plus long terme, nous soutenons les recommandations émises par nos ministres des Finances afin de renforcer encore le système financier international et l'engagement qu'ils ont pris d'encourager le consensus international à cet égard. En particulier, les institutions financières internationales et les pays du G7 doivent se tenir prêts à aider les pays à adopter les politiques requises afin de garantir un accès constant aux marchés de capitaux. Nous approuvons également la suggestion émise par nos ministres des Finances d'avancer encore dans la mise en oeuvre du cadre d'action prévu pour l'implication du secteur privé.

13. Les banques multilatérales de développement (BMD) ont un rôle central à jouer dans la lutte contre la pauvreté en favorisant la croissance de la productivité et en soutenant un développement économique équitable et durable, contribuant ainsi à la réalisation des objectifs internationaux de développement à l'horizon 2015. À cette fin, nous saluons et approuvons les recommandations émises par nos ministres des Finances concernant la réforme des BMD et la nécessité que celles-ci mettent davantage l'accent sur les investissements sociaux et humains fondamentaux, en particulier la santé et l'éducation. Nous encourageons les BMD à poursuivre l'évaluation de leur organisation afin d'améliorer leur efficacité opérationnelle. Nous attachons une importance particulière : * au renforcement de la coordination entre les BMD ; * à l'amélioration de leur gestion interne, de leur responsabilité et de leur transparence ; * au réexamen de leurs politiques de prix afin d'accentuer l'incidence des ressources disponibles sur le développement ; et * à la promotion de la bonne gestion des affaires publiques dans les pays emprunteurs.

Nous appelons les BMD à contribuer au financement des biens publics mondiaux, notamment la lutte contre les maladies infectieuses, la facilitation du commerce, la promotion de la stabilité financière et la protection de l'environnement. Nous sommes favorables à une reconstitution significative des ressources de l'Association internationale de développement (AID) et, dans ce contexte, nous étudierons la possibilité d'utiliser plus largement les dons pour des investissements sociaux prioritaires, tels que l'éducation et la santé.

14. Nous réaffirmons notre soutien à l'action multilatérale de lutte contre les abus constatés au sein du système financier international et nous approuvons les recommandations émises par nos ministres des Finances pour traiter ce problème. Nous nous félicitons des efforts déployés par plusieurs pays et territoires pour remédier aux lacunes de leurs régimes de lutte contre le blanchiment. Nous approuvons la décision prise récemment par le Groupe d'action financière internationale de retirer quatre pays de sa liste de pays non coopératifs et de recommander l'adoption de contre-mesures supplémentaires contre les entités les moins coopératives si elles ne prennent pas des mesures adéquates d'ici le 30 septembre 2001. Les institutions financières internationales ont un rôle important à jouer s'agissant d'aider ces pays et territoires à améliorer leurs régimes de lutte contre le blanchiment et nous leur demandons instamment d'intensifier leurs efforts à cet égard. Nous encourageons la réalisation de progrès dans l'évaluation du respect des normes en matière de supervision et de réglementation dans les centres financiers off-shore. Nous accueillons avec satisfaction le rapport d'étape de l'OCDE 2001 sur les pratiques fiscales dommageables et nous soutenons les travaux prévus par nos ministres des Finances afin de remédier à ces pratiques. Nous demandons à nos ministres des Finances de poursuivre leurs travaux dans ces domaines.

PPTE

15. L'initiative PPTE que nous avions lancée à Cologne a pour objectif d'augmenter la croissance, de réduire la pauvreté et d'offrir une sortie durable d'un endettement insoutenable en procédant à un allégement de la dette sur la base de réformes approfondies. Nous saluons les progrès importants réalisés dans la mise en oeuvre de cette initiative. À Okinawa, neuf pays remplissaient les conditions pour bénéficier de cet allégement. Aujourd'hui, vingt-trois pays (Bénin, Bolivie, Burkina Faso, Cameroun, Gambie, Guinée, Guinée-Bissao, Guyana, Honduras, Madagascar, Malawi, Mali, Mauritanie, Mozambique, Nicaragua, Niger, Ouganda, Rwanda, Sao Tomé-et-Principe, Sénégal, Tanzanie, Tchad et Zambie) bénéficient de cette initiative. L'allégement de la dette atteint plus de 53 milliards de dollars, sur un total initial de dette de 74 milliards de dollars. Cela réduira considérablement le service de la dette de ces pays, libérant ainsi des ressources pour les dépenses dans le secteur social, en particulier l'éducation et la santé.

16. Nous avons tous décidé d'annuler toute la dette éligible au titre de l'aide publique au développement (APD) et toute la dette commerciale éligible au profit des PPTE qui remplissent les conditions. Nous exhortons les pays qui ne l'ont pas encore fait à prendre des mesures analogues et nous soulignons combien il est nécessaire que tous les créanciers bilatéraux contribuent activement, sans réserve et rapidement, à un allégement de la dette au profit des PPTE.

17. Nous encourageons les PPTE qui n'ont pas encore atteint leur point de décision à entreprendre rapidement les réformes économiques et sociales nécessaires, notamment l'élaboration d'une stratégie de réduction globale de la pauvreté en coopération avec la Banque mondiale et le FMI. Pour tirer parti au maximum de l'allégement de la dette, il est essentiel d'adopter des réformes économiques, structurelles et sociales, d'améliorer la gestion des affaires publiques et de renforcer la capacité d'identification des dépenses qui permettent de réduire la pauvreté. En particulier, nous appelons les pays en conflit à déposer les armes et à mettre en oeuvre les réformes nécessaires. Nous confirmons notre volonté de les aider à prendre les mesures nécessaires pour pouvoir bénéficier de l'allégement de la dette. Nous nous engageons à continuer de travailler ensemble pour en faire en sorte que les bénéfices de l'allégement de la dette profitent aux pauvres et aux plus vulnérables.

Sûreté nucléaire

18. Nous nous félicitons de la fermeture définitive de la centrale nucléaire de Tchernobyl le 15 décembre 2000, opération d'une importance vitale pour la sûreté nucléaire.




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