Communiqué du Conseil des ministres du 30.04.2003

LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE A REUNI

LE CONSEIL DES MINISTRES AU PALAIS DE L’ELYSEE

LE MERCREDI 30 AVRIL 2003

A L’ISSUE DU CONSEIL, LE SERVICE DE PRESSE DE LA PRESIDENCE DE LA REPUBLIQUE A DIFFUSE LE COMMUNIQUE SUIVANT :

PROJETS DE LOI - CONSULTATION DES ELECTEURS DE CORSE SUR LA MODIFICATION DE L’ORGANISATION INSTITUTIONNELLE DE LA CORSE

Le ministre de l‘intérieur, de la sécurité intérieure et des libertés locales a présenté un projet de loi organisant une consultation des électeurs de Corse sur la modification de l’organisation institutionnelle de la Corse.

Ce projet de loi, conformément à l'article 72 de la Constitution, tel que modifié par la loi constitutionnelle du 28 mars, organise une consultation des électeurs de Corse sur une nouvelle organisation des institutions de Corse. Les départements de Haute-Corse et de Corse du Sud seront supprimés. Aux côtés des communes et de leurs groupements, existera une collectivité unique pour la Corse. Dans deux subdivisions de cette collectivité, correspondant aux ressorts des départements actuels, seront créés des conseils territoriaux. La collectivité unique sera chargée de lever l'impôt, de voter le budget et de prendre l'ensemble des décisions engageant l'ensemble de la collectivité de Corse. Les conseils territoriaux seront chargés de l'application de certaines de ces politiques au nom de l'Assemblée de Corse. La loi leur attribuera des compétences de proximité. La collectivité unique pourra également leur attribuer des compétences déléguées.

Les conseillers de l'Assemblée de la collectivité unique siégeront également dans l’un ou l’autre des conseils territoriaux, ce qui assurera la cohérence institutionnelle indispensable à la prise de décisions collectives pour la Corse.

Cette organisation en collectivité unique déconcentrée est décrite de façon détaillée dans l'annexe au projet de loi. Cette annexe sera soumise à la consultation des électeurs de Corse au début de l'été. Ceux-ci auront à se prononcer par "oui" ou par "non" sur ces orientations.

- MAITRISE DE L’IMMIGRATION ET SEJOUR DES ETRANGERS EN FRANCE

Le ministre de l’intérieur, de la sécurité intérieure et des libertés locales a présenté un projet de loi relatif à la maîtrise de l’immigration et au séjour des étrangers en France.

Ce projet est fondé sur la nécessité de renforcer notre législation en matière de lutte contre l’immigration clandestine. Il comporte un certain nombre de mesures destinées à faciliter et améliorer l’accueil et l’intégration des étrangers en situation régulière sur le territoire français. Il propose enfin une réforme de la législation relative aux mesures administratives d’expulsion et aux peines judiciaires d’interdiction du territoire français.

1. En ce qui concerne la lutte contre les filières d’immigration irrégulière et la maîtrise des flux migratoires, le texte s’attache à combler les lacunes de la législation sur l’immigration. A cet effet, il crée un fichier des empreintes digitales des demandeurs de visas, qui permettra d’identifier des étrangers qui, entrés légalement sur notre territoire, s’y sont maintenus clandestinement. De même, le projet institue un contrôle des attestations d’accueil. Le maire pourra refuser de valider l’attestation d’accueil lorsque les demandes précédentes feront apparaître une tentative de fraude ou lorsque le contrôle du logement effectué par l’Office des migrations internationales montrera que les conditions normales d’hébergement ne sont pas réunies.

Le projet propose en deuxième lieu des dispositions pour lutter contre les mariages « blancs » ou contraints et les reconnaissances de paternité de complaisance. Ainsi, la durée de vie commune nécessaire à la délivrance de la carte de résident au titre du mariage avec un ressortissant français passera d’un à deux ans. De même, la qualité de parent d’un enfant français ne donnera accès à la carte de résident qu’après deux ans d’exercice de l’autorité parentale et de participation aux frais d’entretien de l’enfant. Le projet de loi institue également un délit d’organisation ou de participation à un mariage de complaisance. Il prévoit par ailleurs que les officiers d’état civil devront vérifier la situation au regard du droit au séjour des personnes qui veulent se marier en France. En cas de séjour irrégulier, le préfet sera informé de cette situation et le maire pourra saisir le procureur aux fins d’enquête sur les intentions réelles des futurs époux. Il pourra être sursis à la célébration du mariage pendant une durée de 75 jours. Dans ce délai, le procureur de la République pourra y faire opposition.

Le projet de loi renforce en troisième lieu l’arsenal des sanctions dirigées contre les passeurs et les transporteurs.

Il propose enfin une réforme de la rétention préalable à l’exécution forcée des mesures d’éloignement. Après une première période de rétention décidée par l’autorité administrative pour une durée de 48 heures, la prolongation de la rétention devra être autorisée par le juge des libertés et de la détention pour une durée de 15 jours, renouvelable une fois si l’étranger fait obstacle à son éloignement. Si l’éloignement n’a pas eu lieu dans les 17 jours (48 heures plus 15 jours) en raison de problèmes extérieurs au comportement de l’étranger, la prolongation sera de neuf jours au maximum. Cette durée maximale de rétention, qui variera donc de 26 à 32 jours, se rapproche des durées minimales de rétention applicables dans les Etats de l’Union européenne et elle constituera un progrès important par rapport au délai actuel de 12 jours, incompatible avec la durée habituelle de délivrance des laissez-passer consulaires ou l’organisation de vols groupés entre Etats de l’Union européenne. 2.- 2. En ce qui concerne le droit au séjour des étrangers et la prise en compte des objectifs d’intégration, le projet de loi subordonne la délivrance de la carte de résident à un critère d’intégration, en vue de s’assurer de l’intégration des étrangers séjournant régulièrement en France et de distinguer le droit au séjour et le statut sous lequel l’étranger séjourne sur le territoire : après une première période minimale de cinq ans sous couvert d’une carte de séjour temporaire d’une durée d’un an renouvelable, les étrangers qui se sont intégrés dans la société française pourront revendiquer le bénéfice d’une carte de résident de dix ans qui confère une plus grande sécurité de séjour. Cette condition d’intégration sera appréciée en tenant compte de différents critères, tels que la connaissance de la langue française, le suivi d’une formation professionnelle ou encore la participation à la vie locale et associative. Elle constituera une incitation majeure au suivi du contrat d’accueil et d’intégration qui va être mis en place progressivement et généralisé à compter du 1er janvier 2005. Le stade ultime de l’intégration demeurera l’acquisition de la nationalité.

Le projet de loi supprime par ailleurs l’obligation pour les ressortissants communautaires d’avoir un titre de séjour.

3. Le projet propose enfin une réforme équilibrée de la législation relative aux expulsions et aux interdictions judiciaires du territoire français. Lorsqu’elles concernent des étrangers qui ont fait leur vie en France, ces mesures sont en grande partie inapplicables et engendrent des situations de clandestinité et de désinsertion contraires à l’objectif qu’elles poursuivent. Le projet de loi ne supprime pas les expulsions et la peine complémentaire d’interdiction du territoire, qui sont utiles pour éloigner des délinquants qui n’ont aucun lien avec le territoire français.

En revanche, il institue quatre catégories d’étrangers qui bénéficieront d’une protection quasi-absolue contre l’expulsion et l’interdiction du territoire français : les étrangers nés en France ou arrivés avant l’âge de 13 ans ; les étrangers résidant régulièrement en France depuis 20 ans ; les étrangers résidant régulièrement en France depuis 10 ans et mariés depuis trois ans à un ressortissant français ou à un ressortissant étranger qui a lui-même passé toute son enfance en France ; enfin les étrangers résidant régulièrement en France depuis dix ans et parents d’enfants français. Le projet entend prévenir la situation où l’expulsion et l’interdiction du territoire français constituent un bannissement et celle où elles conduisent à l’éclatement de familles françaises stables.

Trois exceptions sont prévues : le terrorisme, les atteintes aux intérêts fondamentaux de l’Etat et la provocation à la haine raciale.

Pour les étrangers dont les liens avec la France ne sont pas d’une densité telle qu’ils justifieraient une protection absolue, des mesures de protection sont prévues : existence d’une nécessité impérieuse pour la sûreté de l’Etat ou la sécurité publique pour que l’expulsion puisse être prononcée, possibilité de surseoir à l’expulsion, enquête sociale obligatoire avant toute condamnation à une interdiction judiciaire du territoire, possibilité de bénéficier de mesures d’aménagement de peines malgré l’existence d’une mesure d’interdiction du territoire, réexamen systématique tous les cinq ans des mesures d’expulsion.

COMMUNICATION - LA POLITIQUE EN FAVEUR DU CINEMA

Le ministre de la culture et de la communication a présenté une communication relative à la politique en faveur du cinéma.

Le cinéma représente un enjeu culturel et économique essentiel pour notre pays. Sa vitalité et son succès actuels tiennent au talent de ses professionnels, mais aussi au système de financement original dont s’est dotée la France. Cet atout doit être préservé. Mais des signes de fragilité apparaissent et des évolutions doivent être anticipées. Des adaptations de ce système sont à l’évidence nécessaires.

Elles doivent principalement viser à diversifier et à pérenniser les sources de financement du cinéma et contribuer à la localisation en France d’un plus grand nombre de tournages. Dans cette perspective, les mesures suivantes sont proposées :

1 – La normalisation de la taxe sur les vidéogrammes et, parallèlement, la bonification des aides aux éditeurs de vidéo. Ces mesures doivent permettent d’encourager la croissance des ventes des films français en vidéo et d’inciter la vidéo à contribuer au financement de la production cinématographique.

2 – La création de fonds d’aide à la production par les collectivités locales au travers d’un cofinancement par l’Etat, qui abondera les fonds apportés par les collectivités locales dans la limite globale de 10 millions d’euros, contre 1,5 actuellement.

3 – La modernisation, au cours des prochains mois, de la fiscalité afin d’encourager les tournages en France. Les mesures fiscales proposées par M. Leclerc dans son rapport au ministre de la culture et de la communication sont immédiatement mises à l’étude.

4 – L’amplification des aides à l’exportation, notamment à travers la mise en place par l’IFCIC (Institut de financement des industries culturelles) d’un nouveau programme de garantie destiné à permettre le préfinancement des films sur la base de leur potentiel à l’exportation.

5 – Le soutien des entreprises les plus fragiles et des productions les plus innovantes, en particulier des entreprises de production indépendantes et des industries techniques de l’audiovisuel et du cinéma. Ainsi, il sera proposé d’inclure ces industries techniques dans le champ des entreprises que les collectivités locales peuvent exonérer de taxe professionnelle.

Enfin, sur le plan européen et international, le Gouvernement défendra notre système de financement du cinéma et, plus généralement, la diversité culturelle, notamment dans le cadre de la Convention pour l’avenir de l’Europe.

MESURES D’ORDRE INDIVIDUEL

Le Conseil des ministres a adopté les mesures individuelles suivantes :

Sur proposition du ministre de l’intérieur, de la sécurité intérieure et des libertés locales

- M. Alain RONDEPIERRE, préfet de l’Isère, est nommé préfet hors cadre

- M. Michel BART, préfet hors cadre, est nommé préfet de l’Isère

Sur proposition du ministre de la culture et de la communication

- M. Eric GROSS est nommé directeur du livre et de la lecture




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