Extraits du discours de M. Jacques CHIRAC, Président de la République, prononcé à l'occasion des voeux du corps diplomatique .

Paris le 5 janvier 2007.

L'accélération du mouvement du monde, l'exacerbation des tensions internationales aux portes de l'Europe, l'urgence d'une réponse collective aux défis qui pèsent sur l'humanité devront être au cœur des prochaines échéances qui engageront, pour ce qui nous concerne, l'avenir de la France.
La France porte une vision du monde indépendante, marquée par les valeurs qu'elle incarne, par son engagement dans les enceintes européennes et internationales. Elle exerce une responsabilité particulière au service de la paix, de la construction européenne, de la solidarité internationale et du multilatéralisme.

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Dans notre univers globalisé, les crises, autrefois circonscrites, diffusent leurs effets déstabilisateurs bien au-delà de leur foyer d'origine.


Aux portes de l'Europe, le Moyen-Orient est devenu l'épicentre des tensions internationales. Les crises s'y accumulent et s'y diffusent. Le conflit israélo-palestinien entretient dans le monde musulman tout entier un sentiment d'incompréhension et d'injustice, comme si le nouvel ordre international comportait, en quelques sortes, deux poids et deux mesures.


Comme la France le pressentait et le redoutait, la guerre en Iraq a précipité des bouleversements qui n'ont pas fini de dérouler leurs effets. Cette aventure a exacerbé les clivages entre communautés et ébranlé l'intégrité même de l'Iraq. Elle a fragilisé la stabilité de l'ensemble de la région où chaque pays, désormais, est inquiet pour sa sécurité et son indépendance. Elle a offert au terrorisme un nouveau champ d'expansion. La priorité, plus que jamais, est de rendre aux Iraquiens leur entière souveraineté.


C'est dire que dans cette région, berceau des trois grandes religions monothéistes, voisine et partenaire naturel de l'Europe, nous voyons les conflits s'amalgamer au risque d'un affrontement d'une ampleur insoupçonnable.


Le conflit israélo-palestinien cristallise tous les ressentiments. C'est donc là qu'il faut conjurer la fatalité de l'échec. Nous connaissons les contours d'un règlement : deux États vivant en paix et en sécurité. La feuille de route, acceptée par toutes les parties, en a tracé le chemin. De chaque côté, les interlocuteurs existent et se parlent à nouveau. Mais il manque encore la confiance. C'est à la communauté internationale qu'il incombe d'enclencher le processus permettant de la rétablir. Forte de ses engagements sur le terrain, l'Europe est aujourd'hui en mesure d'agir. Proposons, au sein du Quartet, une conférence internationale d'un type nouveau qui, sans prétendre dicter aux parties les termes d'un règlement, apporterait les garanties auxquelles elles aspirent. Alors, j'en suis persuadé, peut s'engager une véritable dynamique de la négociation.


Le Liban, pris en otage par ses voisins, paye un lourd tribut aux conflits de la région. La France n'a pas d'autre ambition qu'un Liban souverain, indépendant et démocratique et veut poursuivre des relations de confiance avec toutes les communautés qui composent le Liban. Forts des valeurs de pluralisme et de liberté qui ont fondé leur pays, les Libanais doivent aujourd'hui se rassembler pour construire leur avenir hors des ingérences extérieures. C'est autour du gouvernement légitime et dans la recherche de la vérité, notamment par la mise en place du tribunal à caractère international, qu'ensemble ils doivent rebâtir leur pays. La conférence de Paris sur la reconstruction du Liban, rendue possible par l'effort que les Libanais ont décidé eux-mêmes, sera le 25 janvier l'occasion de traduire en actes notre solidarité.


La communauté internationale attend que la Syrie contribue au retour à la stabilité et puisse ainsi reprendre toute sa place. Voilà comment nous pourrons avancer ensemble vers cette paix juste et globale dont la France est un avocat inlassable.


L'Iran, qui souhaite jouer au Moyen-Orient tout le rôle que sa civilisation millénaire lui destine, nourrit l'appréhension du monde par ses activités de prolifération et les déclarations provocatrices et inacceptables de certains de ses dirigeants. Il lui appartient de rétablir la confiance par un geste souverain. La suspension de ses activités liées à l'enrichissement, au moment même où s'engagerait la négociation souhaitée par la communauté internationale, ouvrirait, dans le respect de ses choix politiques, les portes de la coopération puis d'un nouveau partenariat au service de la stabilité, de la paix et de la prospérité de toute la région.
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