Message du Président de la République à l'occasion du 50ème anniversaire du soulèvement hongrois de 1956

Message de M. Jacques CHIRAC, Président de la République, publié dans l'ensemble de la presse hongroise, à l'occasion de la commémoration du 50ème anniversaire du soulèvement hongrois de 1956.

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A l'occasion du 50ème anniversaire du soulèvement hongrois de 1956, le Président de la République a souhaité adresser un message au peuple hongrois pour saluer l'héroïsme des insurgés et remercier la Hongrie.


Palais de l'Élysée, Paris, le 21 octobre 2006

Au nom de la liberté, la France vous dit merci !


L'héroïsme des insurgés de 1956 a soulevé l'enthousiasme de l'Europe entière. L'écrasement de ces combattants de la liberté fut une tragédie, pour la Hongrie, mais aussi pour tout notre continent, alors divisé et devenu l'enjeu de l'affrontement entre les deux blocs. Cet événement a marqué à tout jamais nos souvenirs car pendant quelques jours, l'espoir gagna tous les cœurs, de Budapest à Paris. Le combat que menait le peuple hongrois était aussi le nôtre, celui de la liberté contre la dictature et le totalitarisme. Dans ces jours terribles, le peuple français a ressenti au plus profond du coeur une fraternité d'idéal avec les insurgés, partageant leurs espoirs de changement. Le flambeau de la liberté, dont le feu se nourrit depuis 1789 d'une même aspiration à la démocratie et au respect des droits de l'Homme, était, après le Printemps des Peuples de 1848, à nouveau brandi par les Hongrois à la face du monde. Un vaste élan de solidarité emporta la société française. La France ouvrit alors ses bras aux milliers de réfugiés hongrois qui, fuyant la répression, trouvèrent en notre pays une seconde patrie. Ils nous rappelaient que malgré les aléas de l'Histoire, qui parfois nous ont conduit dans des camps adverses, nous étions, au-delà des frontières et des divisions politiques, les membres d'une même famille, l'Europe.

Chacun de nous a en mémoire le sacrifice du peuple hongrois pour la défense de sa liberté, mais aussi de la nôtre. Ce sacrifice n'a pas été vain car il a donné une leçon qu'il est de notre devoir de transmettre aux générations futures. Les combattants de la liberté et la foule manifestant dans les rues ont, pour la première fois, fissuré la chape d'oppression qui s'était abattue sur l'Europe centrale et orientale. Sans ce premier coup de boutoir, l'Europe n'aurait très certainement pas le visage qu'elle a aujourd'hui. Il a ouvert la brèche, aussi infime qu'elle ait pu être, dans laquelle se sont engouffrés quelques années plus tard les autres peuples d'Europe centrale et orientale. La résistance du peuple hongrois, son combat héroïque et désespéré, ont fait prendre conscience du caractère autoritaire du régime soviétique imposé par la force et la peur. La répression de l'insurrection l'a définitivement délégitimé. Et je vois comme un symbole, comme une victoire, plus de trente après et ô combien trop de souffrances, que les premiers kilomètres du rideau de fer aient été démantelés, en 1989, à la frontière hongroise.

C'est en Hongrie, lors de ma dernière visite à Budapest en février 2004, que j'avais souhaité, quelques semaines avant l'adhésion de dix nouveaux Etats à l'Union européenne, célébrer la réunification de l'Europe. Aujourd'hui, à l'occasion du 50ème anniversaire de la Révolution hongroise de 1956, c'est au nom de la France et des Français que, par ces quelques mots, je voulais vous dire toute notre reconnaissance d'avoir prouvé que l'espoir ne meurt jamais quand il est épris de liberté. Cette liberté, qui figure en première place dans la devise de la République française, et que je sais être un principe cher au cœur de la Nation hongroise

Cet espoir reste en nous comme le souvenir de votre sacrifice.


Jacques Chirac

Président de la République française





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