Message de M. Jacques CHIRAC Président de la République à l'occasion de la journée mondiale du refus de la misère

MESSAGE DE MONSIEUR JACQUES CHIRAC PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE À L'OCCASION DE LA JOURNÉE MONDIALE DU REFUS DE LA MISÈRE

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PALAIS DE L'ÉLYSÉE - PARIS JEUDI 17 OCTOBRE 2002

Chers Amis,

Il y a quinze ans, des milliers de personnes se sont réunies ici même, sur le parvis des droits de l'Homme, pour manifester leur refus de la misère.

Cette révolte devant l'indifférence et l'humiliation réservées aux plus démunis d'entre nous est toujours aussi vive. Les milliers de voix du 17 octobre 1987 sont devenues des millions, des rendez-vous civiques sont désormais organisés dans toute la France.

La permanence de cette révolte constitue un aiguillon salutaire. Sans elle, notre société pourrait se laisser bercer par l'idée rassurante de son enrichissement global et jeter un voile pudique sur une pauvreté persistante qu'elle tolérerait tacitement en son sein.

Aiguillon pour la société tout entière, votre mobilisation a aussi valeur d'exemple pour les pouvoirs publics. Leur responsabilité est grande. Les anniversaires que nous commémorons cette année sont là pour nous le rappeler. Celui d'Émile ZOLA, cet homme blessé et révolté par l'injustice sociale. Celui de Victor HUGO qui nous invite non à " diminuer, amoindrir, limiter, circonscrire " la misère, mais bien à l'éradiquer. " Tant que le possible n'est pas fait, le devoir n'est pas rempli " déclarait-il à l'Assemblée nationale. Notre feuille de route, la voilà.

De par le monde, également, nombreux sont ceux qui répondent en ce jour à l'appel du Père WRESINSKY. Voici dix ans que les Nations Unies ont repris son initiative pour instituer la journée mondiale du refus de la misère.

Cette internationalisation prend cette année un relief spécifique. Après avoir longtemps, trop longtemps, reposé sur l'engagement de particuliers et d'organisations décidées à construire un monde meilleur, l'exigence de l'éradication de la pauvreté a enfin fait l'objet d'une prise de conscience des États. Doha, Monterrey, Johannesburg résonnent comme autant d'espoirs de la naissance d'une mondialisation de la solidarité et de l'action contre la misère.

La misère porte atteinte à la dignité et à la citoyenneté des personnes qu'elle frappe. Le premier message de cette journée est celui de la reconnaissance de la dignité de l'homme. Ce message est essentiel et il s'adresse à chacun de nous dans nos vies quotidiennes.

Le second est celui de la permanence du combat contre l'exclusion, à laquelle je suis particulièrement attaché. L'effort entrepris ne saurait connaître de répit. Il est temps de reconnaître pleinement la dignité des plus pauvres d'entre nous. C'est en partenaires du combat contre l'exclusion qu'ils veulent être traités. C'est ainsi que nous devons les considérer.

Enfin, la lutte contre l'exclusion doit trouver son prolongement au niveau européen. Les États de l'Union européenne coordonnent leurs politiques économiques. Mais, si les affaires économiques constituent à l'évidence, comme le dit le Traité, une " question d'intérêt commun " l'objectif d'éradication de la pauvreté au sein de chaque État devrait plus que jamais en constituer le pendant naturel.

L'essentiel reste à faire. Mais vous qui êtes présents, ici, aujourd'hui, avez déjà montré que cela était possible. En faisant entendre la voix des plus démunis, vous avez ouvert la route. Il ne nous reste plus qu'à vous suivre.

Jacques CHIRAC




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