Message de M. Jacques CHIRAC Président de la République au congrès de la Fédération nationale des accidentés du travail et des handicapés

Message de M. Jacques CHIRAC, Président de la République, au congrès de la Fédération nationale des accidentés du travail et des handicapés

Montpellier - 20 septembre 2000

Monsieur le Président, Monsieur le Secrétaire Général, Mesdames, Messieurs,

Vous avez choisi de consacrer cette année une grande partie de vos travaux à la citoyenneté des personnes handicapées. Votre congrès sera un événement important. Chaque Français handicapé ou non doit en effet avoir toute sa place dans notre République. En mettant l'accent aujourd'hui sur la reconnaissance pleine et entière du rôle des personnes handicapées dans notre vie économique, sociale et politique, vous rappelez avec force l' égalité de droits de chaque citoyen. Votre combat vous conduit aussi à rappeler qu'être citoyen, ce n'est pas seulement détenir des droits, c'est aussi pouvoir s'exprimer, participer, s'engager et agir à l'intérieur de la cité. Grâce à votre action, grâce à l'action de l'ensemble des associations de personnes handicapées, le handicap est aujourd'hui beaucoup plus présent là où se prennent les décisions.

Force est de reconnaître cependant qu'un quart de siècle après la loi de 1975, treize ans après la loi de 1987, deux lois fondatrices auxquelles je suis comme vous très attaché, trop de discriminations subsistent encore, face à l'éducation, face à l'emploi et à la santé, face au logement et aux transports, face aux loisirs et à la culture aussi.

Si la prise en compte du handicap a progressé, beaucoup reste à faire aujourd'hui. Nous ne pouvons pas compter sur le mouvement naturel de notre société pour assurer une meilleure intégration des personnes handicapées dans les différents domaines de la vie nationale. Il faut une politique volontariste. Elle passe par l'inscription dans nos lois d'un véritable droit à la compensation du handicap, que devra trouver sa traduction concrète dans les différentes politiques publiques, au niveau de l'État comme à celui des collectivités territoriales.

Notre démocratie doit devenir plus vivante, plus participative, plus ouverte sur les réalités si nombreuses et si diverses de notre société, plus accueillante à l'apport de chacun. Elle doit refuser les discriminations, traquer les dénis de citoyenneté dont les personnes handicapées continuent trop souvent à faire l'objet.

L'État doit jouer pleinement son rôle, qui est d'abord de garantir la cohésion sociale, la solidarité nationale et le respect de sécurités essentielles.

La sécurité face aux risques de l'activité professionnelle vous tient à juste titre particulièrement à coeur. Elle est l'une des premières raisons d'être de votre mouvement. Elle ne peut être assurée sans l'implication permanente des partenaires sociaux et des associations. Mais elle exige aussi un engagement fort des pouvoirs publics.

Votre réflexion, vos recherches, sur la réparation des risques professionnels me sont connues depuis longtemps. La loi de 1898 a été la première grande loi de protection sociale en France, bien avant la création de la sécurité sociale. Ce cadre doit être préservé. Un siècle après, il est cependant légitime d'envisager son évolution. L'indemnisation des victimes de risques professionnels fait actuellement l'objet de débats. Je souhaite que les pouvoirs publics appliquent les mêmes principes pour tous. Ce qui compte, en effet, ce n'est pas l'origine ou la nature de l'affection professionnelle mais sa gravité et le degré du handicap dont elle est responsable. Il ne faut pas, dans ce domaine, créer de catégories particulières.

Au-delà de la fonction protectrice de l'État, qui doit s'appliquer aussi à l'évaluation objective et indépendante des risques professionnels, notre République doit faire une place plus grande au dialogue et à la démocratie sociale. Celle-ci ne se limite pas aux discussions entre organisations syndicales et patronales, même s'il importe de renforcer la place du contrat collectif dans la vie économique et sociale. La démocratie sociale va au-delà. Elle doit être l'expression des forces vives de la Nation. Elle doit s'ouvrir aux associations, qui jouent un rôle croissant au service du lien social, à la mutualité, sans laquelle I'égal accès de tous les Français aux meilleurs soins ne serait pas assuré, et aux grands mouvements tels que le vôtre. Enracinés dans notre histoire sociale, ils apportent depuis longtemps au débat public la voix et l'expérience de ceux qui ont le plus de mal à se faire entendre, tout en ayant beaucoup à dire. Dans tous les grands débats qui intéressent le handicap, particulièrement en ce qui concerne les accidents du travail, il est indispensable de les associer aux évolutions et aux réformes.

A travers vous, je veux dire aux personnes handicapées que vous représentez ma fidélité et ma solidarité. Le combat pour le respect de leur dignité et pour leur intégration est mien depuis toujours. Sachez que, dans vos attentes pour l'amélioration de la vie quotidienne des personnes handicapées, votre exigence pour l'emploi et l'éducation comme dans votre action pour un régime d'indemnisation plus favorable, je reste à vos côtés.

Je vous remercie.

Jacques CHIRAC





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