Message de M. Jacques CHIRAC, Président de la République, au Congrès de l'UNAPEI (Paris)

Message de M. Jacques CHIRAC, Président de la République, au Congrès de l'UNAPEI (Paris)

Paris le 3 juin 2000


Chers amis,

Vous vivez cette année un congrès exceptionnel. C'est le congrès de l'an 2000. C'est le 40e anniversaire de l'UNAPEI. Et c'est aussi l'échéance que Mme Wahl a choisi pour transmettre le flambeau à une nouvelle équipe.

Comme moi, vous la voyez certainement avec regret quitter des fonctions où elle vous a admirablement représentés. L'ayant vue à l'oeuvre au cours de ses 13 ans de mandat, ayant apprécié sa compétence et son dévouement au service de votre cause, ayant mesuré la charge qu'elle a acceptée d'assumer en plus de ses responsabilités familiales pour servir votre mouvement, sachant aussi tout ce que les progrès apportés à la situation des handicapés dans notre pays doivent à son engagement personnel, je veux m'associer à vous pour lui dire toute ma reconnaissance et ma très vive sympathie.

Je suis bien sûr confiant dans la nouvelle équipe que vous avez désignée pour poursuivre l'action engagée sous son impulsion dans la fidélité aux valeurs de l'UNAPEI.

J'ai fait mienne depuis longtemps l'ambition qui est la vôtre d'un accès de toutes les personnes handicapées à une pleine citoyenneté. Cette ambition est au coeur de votre engagement. C'est un projet pour la société tout entière et pas seulement pour les personnes handicapées. Une société qui sait tendre la main aux plus vulnérables et qui s'organise pour leur permettre d'exprimer tous leurs talents s'enrichit elle-même autant qu'elle leur apporte.

Longtemps, notre société s'était involontairement faite l'alliée du handicap, contribuant à l'isolement de ceux qui en sont victimes. De fait, elle interdisait aux personnes handicapées d'accéder aux mêmes droits que les autres citoyens : l'éducation, le logement, l'accès aux services publics et notamment aux transports, le travail, les sports, les loisirs et la culture, la vie associative, et même la famille, car la vie à domicile était souvent impossible.

Les choses sont en train de changer, beaucoup grâce à l'action de l'UNAPEI. La plupart de nos compatriotes portent un nouveau regard sur le handicap. Un regard plus généreux et plus accueillant, enfin libéré de la peur de l'autre. Et les pouvoirs publics ont progressivement pris la mesure des enjeux du handicap pour notre société.

J'ai voulu les grandes lois de 1975 et 1987 qui fondent les droits des personnes handicapées. Comme beaucoup d'entre vous, je pense qu'il est aujourd'hui nécessaire d'aller plus loin. Je souhaite qu'une nouvelle loi vienne consacrer dans nos textes le droit des personnes handicapées à une pleine citoyenneté et le droit 'à la compensation du handicap. Comme tout autre enfant, un enfant handicapé a le droit d'apprendre. Comme tout autre travailleur, un travailleur handicapé a le droit d'obtenir un emploi en fonction de ses seules qualifications. Comme toute autre personne, une personne handicapée doit pouvoir voyager librement. Comme tout autre citoyen, un citoyen handicapé doit pouvoir accéder facilement aux services publics et a la vie sociale. Et comme tout le monde, une personne handicapée doit autant que possible pouvoir vivre au milieu de sa famille, ou trouver dans un établissement accueillant les meilleures conditions de vie.

Des efforts importants ont été consentis par tous les gouvernements en faveur des personnes handicapées, mais de nombreux problèmes demeurent mal ou pas résolus.

L'enseignement, où des retards importants se sont accumulés. Les besoins ne sont pas couverts à un rythme suffisant et la spécificité du handicap mental n'est pas assez prise en compte par l'éducation nationale.

Les ruptures provoquées par la rigidité des approches administratives. Leurs conséquences peuvent être très graves quand la personne handicapée est obligée d'abandonner son lieu d'hébergement et de quitter l'environnement dont dépend son équilibre, simplement parce qu'elle atteint l'âge adulte ou son 60e anniversaire.

Le statut des personnes handicapées âgées. Il les empêche de bénéficier des mêmes aides que les plus jeunes.

Les problèmes de l'accessibilité, pour le logement, les transports et les équipements publics. Ils appellent un engagement massif des maires et de l'Etat.

Les aides à domicile, enfin, pour lesquelles votre long combat commence à porter ses fruits.

Et je pense aussi à vous, parents d'enfants inadaptés, à qui je veux dire ma proximité. Je pense au soutien dont vous pouvez avoir besoin pour alléger votre charge, à la nécessité de vous aider à reprendre souffle quand il le faut, et surtout à ce souci qui vous taraude de garantir la sécurité de vos enfants face à tous les risques de l'avenir. Laissez-moi vous dire ma solidarité, surtout dans des moments aussi difficiles que ceux que vous avez traversés en début d'année quand les contrats de rente-survie que beaucoup d'entre vous avaient souscrits ont été mis en cause.

La politique du handicap n'est pas seulement une question de moyens, elle demande une compréhension et une attention continues. Elle exige aussi une approche globale. Plus que jamais, il vous faut être exigeants, inventifs et présents. Votre action est essentielle pour que la cause des personnes handicapées continue à progresser.

Chers amis,

Nous avons connu ensemble des moments forts. Je pense en particulier à cette belle Journée de la Dignité d'octobre 1997. Nous en connaîtrons certainement beaucoup d'autres. Soyez certains que, comme toujours, je serai à vos côtés pour défendre l'égale dignité de toute personne, handicapée ou non, et agir avec vous pour l'épanouissement et l'insertion e vos enfants.

Je souhaite à chacun d'entre vous un 40e Congrès riche de rencontres, de réflexions et de projets.




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