Message de M. Jacques CHIRAC Président de la République à l'occasion de la 13e Conférence internationale contre le SIDA. (Durban, Afrique du Sud)

MESSAGE

DE MONSIEUR JACQUES CHIRAC PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE

A L'OCCASION DE LA 13e CONFERENCE INTERNATIONALE CONTRE LE SIDA

LU PAR MADAME DOMINIQUE GILOT SECRETAIRE D'ETAT A LA SANTE ET AUX HANDICAPES AUPRES DE LA MINISTRE DE L'EMPLOI ET DE LA SOLIDARITE

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DURBAN - AFRIQUE DU SUD

DIMANCHE 9 JUILLET 2000

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les ministres, Mesdames, Messieurs,

Je suis heureux de saluer tous les participants à cette 13e conférence internationale contre le sida. Que vous soyez chercheurs, médecins, responsables publics, représentants d'organisations non gouvernementales, responsables pharmaceutiques, le combat qui vous rassemble est d'abord un combat pour la vie. Un combat qui pourtant est encore loin d'être gagné, et qui voit s'aggraver des inégalités d'autant plus inacceptables qu'il s'agit d'inégalités face à la maladie et à la mort. La réalité est là, incontournable : le fléau du sida continue de s'étendre, alors même que nous disposons aujourd'hui de moyens de plus en plus puissants pour le réduire. Cette réalité, nul ne peut la nier, nul ne doit l'oublier. A Abidjan, en décembre 1997, lors de la 10e conférence sur le sida en Afrique, j'avais dit mon indignation, ma révolte. J'avais cité des chiffres qui étaient déjà un défi pour la conscience de l'humanité. Depuis lors, le fléau s'est aggravé : plus de 33 millions de personnes infectées, plus de 16 millions de morts ; près de 3 millions pour la seule année 1999. Catastrophe humaine et médicale, le sida est aussi la plus grande cause de régression économique et sociale que le monde en développement ait affronté depuis longtemps. * La prévention se développe. Les recherches vaccinales se poursuivent, prometteuses. Malgré leur coût et leurs contraintes, les multithérapies ont rétabli l'espoir là où il n'y avait plus que la souffrance et la mort. Elles rendent possible de faire reculer le virus, de tenir le mal à distance, de revivre malgré lui. Dès 1997, la France a proclamé qu'il ne pouvait pas y avoir deux manière de lutter contre le sida : le traitement au nord, la prévention au sud. Alors que 90 % des personnes contaminées vivent dans le monde en développement, il serait indigne d'accepter une épidémie à deux vitesses. Tout doit être fait pour que les nouveaux traitements soient étendues aux peuples qui en ont le besoin le plus criant, en Afrique, en Asie et dans le reste du monde. C'est pourquoi les autorités françaises plaident pour un Fonds de solidarité thérapeutique vraiment universel. Il serait vain de parler d'éthique, il serait vain de parler de droits universels, si nous nous montrions incapables d'organiser la solidarité mondiale contre le sida. Une prise de conscience s'affirme0 Aux côtés des Nations Unies, les pays développés reconnaissent enfin la gravité de la menace que fait peser le sida sur l'avenir d'une grande partie de l'humanité et sur les équilibres de notre monde. L'accord conclu sous l'égide d'ONUSIDA avec de grands laboratoires pharmaceutiques pour réduire radicalement les coûts d'accès aux multithérapies dans les pays du sud constitue une étape importante. Il faut lui donner rapidement une traduction effective. Il faut aussi explorer d'autres voies, comme la production des nouveaux médicaments dans les pays en voie de développement eux-mêmes. Nous savons que l'abaissement des prix ne réglera pas tous les problèmes. Les difficultés ne tiennent pas seulement aux coûts. Elles tiennent à l'organisation des systèmes de santé, aux modes de vie, à l'accompagnement familial et social, à la capacité des malades à suivre durablement un traitement contraignant. De ce point de vue, le traitement des femmes enceintes constitue à mes yeux une priorité absolue. Il implique les femmes dans une thérapie qu'elles observent d'autant mieux qu'elles se préparent à donner la vie. Pour concrétiser les promesses de l'accord sur les prix, la France propose l'organisation, avec les Nations Unies, d'une conférence sur l'accès aux traitements. Elle rassemblera les pays en développement, les bailleurs de fonds bilatéraux et multilatéraux, les ONG, les laboratoires. Elle fixera un cadre, mobilisera des moyens d'action, lèvera des obstacles, initiera des projets. Dans quelques jours à Okinawa, lors du sommet du G8, je demanderai à nos partenaires leur soutien.

Mesdames, Messieurs, Votre rassemblement doit rendre l'espoir à des millions de femmes et d'hommes atteints par la pandémie. Face au sida, la résignation est interdite. Il n'y a pas de fatalité de la maladie. Notre responsabilité n'en est que plus grande. Ensemble, faisons en sorte qu'à nos prochains rendez-vous, nous ayons multiplié les initiatives et enregistré des résultats suffisamment encourageants pour pouvoir annoncer enfin l'inversion des évolutions des dernières années. C'est possible. Nous devons le faire ! Vos débats doivent ouvrir la voie.

Je vous remercie.

Jacques CHIRAC




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