Message de M. Jacques CHIRAC Président de la République publié dans la Revue Parlementaire

MESSAGE DE MONSIEUR JACQUES CHIRAC PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE PUBLIÉ DANS LA REVUE PARLEMENTAIRE

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AVRIL 1999

La francophonie occupe une place privilégiée dans la politique étrangère de la France. Depuis 1995, je me suis personnellement attaché à consolider et moderniser le projet francophone et les structures du mouvement qui le porte. J'y vois en effet l'une des expressions les plus séduisantes du message de la France, autant qu'un atout pour notre pays à l'heure de la mondialisation.

L'idée francophone est née en Afrique, dans l'esprit des chefs d'État qui avaient fait l'indépendance de leurs pays, et qui souhaitaient entretenir un lien étroit avec notre culture. C'est en effet à l'initiative d'hommes clairvoyants tels que le Président SENGHOR que s'est développée l'idée d'une communauté particulière, fondée sur le partage d'une langue et d'une culture. La francophonie, à leurs yeux, n'était en aucun cas une nostalgie, un regard tourné vers le passé. C'était au contraire la volonté de construire une communauté nouvelle, autour d'une solidarité et de valeurs communes, pour aborder ensemble les défis du monde moderne. La première expression de cette volonté fut l'Agence de coopération culturelle et technique, créée à Niamey en 1970, et dont nous fêterons l'an prochain le 30e anniversaire. Depuis, l'attrait du projet francophone a crû avec les ans. La francophonie rassemble aujourd'hui 49 États membres et 3 observateurs. De nombreux pays frappent à sa porte, attirés par la perspective d'un dialogue politique et d'une coopération culturelle sans équivalents. Ce succès dément un scepticisme souvent de mise en France. Il prouve le bien-fondé de notre démarche. Notre mouvement ne vise pas à défendre une langue et une culture, mais à promouvoir, avec dynamisme et ouverture au monde, la diversité culturelle et linguistique. L'enjeu de notre combat, ce n'est pas le maintien de positions acquises qui seraient menacées. C'est l'accompagnement de l'explosion des échanges économiques et culturels par la création des institutions nécessaires à la préservation de la diversité propre au génie humain.

Depuis 1995, le mouvement francophone est engagé dans une modernisation profonde. Lors du Sommet de Cotonou, puis du Sommet de Hanoï en novembre 1997, l'architecture en a été transformée, pour lui donner plus de dynamisme et mettre en évidence sa dimension politique. La nomination d'un Secrétaire général, en la personne de M. Boutros BOUTROS-GHALI, participe de cette volonté. Il était important que la francophonie s'incarne dans un homme qui puisse devenir l'interlocuteur légitime des États et des institutions internationales ; qui puisse animer l'action du mouvement en faveur de l'état de droit, de la démocratie et des droits de l'Homme ; qui coordonne les opérateurs de la francophonie ; qui renouvelle les initiatives engagées dans le domaine économique. C'est aussi à Hanoï qu'a été lancée la réforme de l'Agence de la francophonie, pour lui permettre de renouveler sa stratégie, et qu'a été décidé le principe d'une évaluation de l'Agence universitaire, élément crucial de notre dispositif. La réforme de l'audiovisuel francophone, qui s'est traduite par le renforcement de TV5 et de CFI, s'inscrit elle aussi dans ce cadre.

Le prochain sommet aura lieu à Moncton, capitale de l'État canadien du Nouveau-Brunswick, en septembre prochain. J'y attache une très grande importance. Le thème qui a été choisi est celui de la jeunesse. Les chefs d'État et de Gouvernement veulent d'adresser aux jeunes, entendre leurs préoccupations, préparer des programmes délibérément orientés vers leurs besoins. La francophonie perdurera pourvu qu'elle sache offrir à ces nouvelles générations les instruments appropriés pour s'affirmer dans le monde moderne, plus ouvert, plus changeant que jamais. S'adresser à la jeunesse, ce n'est pas s'adresser à une catégorie de la population au détriment des autres. C'est au contraire conforter l'universalité et la modernité de notre ambition, en la confiant à ceux qui feront l'avenir. Tel est le sens de réalisations comme le "Fonds inforoute", destiné à créer des sites francophones sur les réseaux internet, ou le programme des "jeunes experts francophones associés", qui favorise le recrutement de jeunes hauts fonctionnaires francophones par les institutions internationales. Nous devons imaginer, à Moncton, des actions nouvelles en direction de la jeunesse, qu'elles concernent la formation, la culture, les nouvelles technologies ou le développement des institutions politiques.

L'effort des États n'est pas exclusif. Pour que la francophonie s'épanouisse, les autres institutions nationales, les collectivités décentralisées, les représentants de la société civile doivent s'y investir aussi. Je souhaite qu'ils s'y emploient, confortant ainsi l'action des pouvoirs publics et permettant par la même à notre pays de mieux assumer sa vocation.




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