Message de M. Jacques CHIRAC, Président de la République lors du congrès annuel de l'Union nationale des parents d'enfants inadaptés (UNAPEI)

Message de M. Jacques CHIRAC, Président de la République lors du congrès annuel de l'Union nationale des parents d'enfants inadaptés (UNAPEI)


Paris le 7 juin 1998

Madame la Présidente, Monsieur le Directeur Général, Mes chers amis,

Vous avez tenu votre Congrès dans l'élan donné à la cause du handicap par la Journée de la Dignité d'octobre dernier, dont je garde très vivant le souvenir. Pour beaucoup de Français demeurés jusqu'alors étrangers à la différence, elle a permis une prise de conscience, suscité une ouverture, fait progresser la compréhension et la solidarité.

Il ne faut pas que cet élan retombe, que ce souffle nouveau faiblisse. Vos associations s'y emploient jour après jour. Elles ont tout mon soutien. Quand les parents et les amis d'enfants inadaptés invitent à porter un autre regard sur le handicap mental, c'est en réalité un service qu'ils rendent à la communauté tout entière.

Une société se juge en effet à l'attention qu'elle porte aux plus fragiles d'entre les siens.

En ouvrant les coeurs à la différence, en faisant mieux comprendre l'importance d'une solidarité agissante d'où la condescendance et la peur seraient proscrites, une solidarité où celui qui donne reçoit en retour bien plus qu'il n'a pu donner, vous remplissez une mission qui va très au-delà de la cause des enfants inadaptés.

Vous avez choisi cette année pour votre Congrès un thème complexe et multiforme.

J'en retiendrai l'attention que vous avez voulu porter aux jeunes parents confrontés à l'annonce du handicap mental du nouveau-né et, à l'autre extrémité de la chaîne, vos préoccupations face au vieillissement, vieillissement des personnes handicapées, bien sûr, mais aussi vieillissement de leurs parents.

Accepter le handicap, apprendre à l'accueillir, se laisser guider par l'enfant lui-même sur les chemins où il doit être conduit, tout cela vient souvent plus naturellement qu'on ne le croit. Mais, dans leur découverte du handicap, les parents d'un jeune enfant inadapté n'en ont pas moins besoin d'être accompagnés, rassurés, éclairés sur la vie qui s'ouvre devant eux. Ils ont aussi besoin de partager leur expérience. Tout cela, vous le leur offrez, et votre fonction est à cet égard irremplaçable.

C'est toute une existence avec le handicap qu'il faut construire et vivre quotidiennement, en sachant que les cycles de vie ne sont pas exactement les mêmes dans une famille où grandit un enfant handicapé mental que dans les autres : l'enfant évolue, prend heureusement de l'autonomie, et beaucoup est fait pour l'y aider ; mais les responsabilités des parents demeurent infiniment plus grandes que vis-à-vis d'autres enfants, elles ne faiblissent pas avec les années, bien au contraire, et le repos des parents n'est jamais acquis.

La question du vieillissement préoccupe de plus en plus fortement les familles. Elle n'est pas simple. L'adaptation des prises en charge est une réponse, mais il faut aussi renforcer l'assistance offerte à domicile aux parents âgés, pour éviter ou des séparations qui ne sont pas souhaitées.

Cette réflexion est engagée. Vous l'avez approfondie au cours de ces journées. De nouveaux progrès doivent être réalisés. Vos propositions, nourries d'expérience et de générosité, y contribueront de manière déterminante.

Cette année encore, je veux vous remercier et vous encourager dans la poursuite de votre action si utile à toutes les familles.

Jacques CHIRAC





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