Message adressé par M. Jacques CHIRAC, président de la République, à l'occasion du colloque sur les droits de l'enfant organisé à l'initiative du Conseil national des femmes françaises

Colloque sur les droits universels de l'enfant

organisé à l'initiative du Conseil national des femmes françaises

le 7 décembre 1998 à Paris

Message de M. Jacques CHIRAC

Président de la République

Madame la Présidente,

Mesdames et Messieurs,

Vous avez voulu contribuer à ce que la commémoration du cinquantième anniversaire de la Déclaration universelle des Droits de l'Homme fasse une place particulière aux droits de l'enfant, sans taire aucun des obstacles qui s'opposent encore à la pleine reconnaissance de ces droits, du travail forcé au douloureux problème de l'enfance maltraitée. Je vous félicité de cette initiative, par laquelle le Conseil national des femmes françaises démontre une fois de plus son attention aux problèmes les plus douloureux de l'humanité, et sa volonté de concourir à une meilleure application de la convention internationale des droits de l'enfant de 1989.

A travers le monde, mais aussi en France, la triste chronique de la maltraitance s'augmente régulièrement de nouveaux drames, pathétiques et bouleversants, tandis que le BIT continue à dénoncer la persistance de situations d'esclavage que l'on voudrait croire à jamais disparues, dans les plantations, dans les mines, sur les chantiers. je pense aussi à ces jeunes filles vendues par leurs familles, devenues domestiques sans salaire, quand elles échappent aux réseaux de prostitution. La France, vous le savez, est aux côtés de l'Organisation internationale du travail pour réclamer l'application universelle des conventions interdisant l'exploitation des enfants et pour faire adopter, dans les prochains mois, une nouvelle convention visant à l'éradication des diverses formes de cette exploitation.

L'humanité ne pourra se prévaloir d'avoir fait progresser les droits de l'Homme tant qu'elle n'aura pas réduit le fléau des violences faites aux enfants et réussi à faire respecter leurs droits fondamentaux.

Je voudrais insister en particulier sur la maltraitance, encore trop fréquent en France même. Elle peut atteindre toute les catégories du corps social, mais prend le plus souvent racine dans le terreau de l'exclusion, une exclusion parfois aggravée par l'alcoolisme ou la toxicomanie. Elle trouve fréquemment ses origines profondes et paradoxales dans la mémoire douloureuse que conservent les parents de l'enfant maltraité, des mauvais traitements qu'ils ont eux-mêmes subis jadis.

Le combat contre la maltraitance mobilise de nombreuses initiatives, qu'il s'agisse de venir au secours des enfants ou d'apporter un appui à des parents dont les comportements doivent impérativement changer.

Aujourd'hui, il faut mettre l'accent sur la prévention, car c'est avant même la naissance que les situations potentiellement dangereuses doivent être repérées, pour pouvoir être traitées quand il en est encore temps, en préparant les conditions de l'accueil de l'enfant.

Les expériences d'une collaboration organisée entre personnels soignants, services sociaux et juges se multiplient dans les maternités, en particulier dans les hôpitaux parisiens. De telles initiatives gagneraient à être généralisées.

Je souhaite que votre colloque permette d'explorer l'ensemble de ces questions, d'informer plus complètement l'opinion publique et d'ouvrir des voies nouvelles pour mieux garantir les droits de l'enfance en danger ou maltraitée. Les souffrances que nous avons à combattre ne peuvent être tolérées. Je vous félicite de vous êtes engagés au service de cette grande cause, qui est aussi celle des gouvernements et de l'ensemble de la communauté internationale.

Jacques CHIRAC




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