Message de M. Jacques CHIRAC Président de la République à l'occasion du dévoilement de la plaque à la mémoire de M. Christian PINEAU

MESSAGE DE MONSIEUR JACQUES CHIRAC PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE

(LU PAR MONSIEUR BERTRAND LANDRIEU)

A L'OCCASION DU DEVOILEMENT DE LA PLAQUE APPOSEE 55, RUE VANEAU - PARIS VIIème A LA MEMOIRE DE MONSIEUR CHRISTIAN PINEAU

JEUDI 15 MAI 1997

LE PRÉSIDENT DE LA REPUBLIQUE

Paris, le 14 mai 1997

Madame,

Messieurs les Ministres,

Monsieur le Chancelier de ]'Ordre de la Libération,

Messieurs les Compagnons de la Libération,

Mesdames,

Messieurs,

" Ce que nous faisons de grand, écrivait Georges Bernanos, se fait d'abord à notre insu, par cette force intérieure qui semble répondre à un appel mystérieux... Il ne dépend pas de nous d'être appelés, mais il dépend de nous de ne pas répondre à l'appel. "

Le choix de Christian PINEAU fut immédiat. Dès le passage, dans un vacarme infernal, de cette colonne motorisée de l'armée allemande à travers un petit bourg de Charente, il sut qu'il ne pourrait accepter ni l'occupation, ni l'armistice, ni la défaite. Ce fut un rejet total, instinctif, qui faisait fi des règles de la logique et du souci de soi-même C'était le premier épisode d'une histoire personnelle qui allait se confondre avec celle de la Résistance.

Le militant syndicaliste devint l'un des Douze qui fondèrent chez lui, rue de Seine, le premier mouvement de la zone occupée ; il fut celui qui rapporta de Londres le message que le Chef de la France Libre destinait à la Résistance intérieure ; il fut le chef de réseau qui, arrêté, emprisonné, assistera à Montluc à l'agonie de Jean Moulin ; le déporté qui organise la solidarité au sein du block 34 à Buchenwald ; le Compagnon de la Libération auquel le Général de GAULLE confie, dès son retour du camp, le ministère du ravitaillement.

Le sage, l'arbitre, le diplomate, qui en imposait même au chef de block, va poursuivre son engagement en politique. Député SFIO de la Sarthe, plusieurs fois ministre, Président du Conseil désigné, c'est au quai d'Orsay qu'il travaillera, dès 1955, au rapprochement franco-allemand et à la construction de l'Europe, dont il était le promoteur et l'artisan convaincu, en homme d'Etat lucide, viscéralement attaché à la défense de la paix, de la démocratie et de la dignité humaine.

J'ai eu l'occasion de le rencontrer à plusieurs reprises et de l'apprécier ; la hauteur de vue, l'élégance morale, le désintéressement, le sens de l'humain qui émanaient de lui inspiraient plus que de l'estime, plus que du respect.

" Sans doute, a écrit le Général de GAULLE, après les vastes événements qui forgent les destins du monde, la nuée noire des soucis, des misères, des médiocrités, où se débattent les peuples épuisés, vient-elle obscurcir les souvenirs les plus éclatants. Mais c'est alors que les âmes bien trempées se reportent, au contraire, aux grands devoirs qu'elles ont servis, aux grandes actions qu'elles ont accomplies, afin de tirer du passé l'espérance dans l'avenir. "

Toute sa vie en témoigne : de ces âmes fortes, Christian PINEAU restera un symbole.

Jacques CHIRAC




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