| | | |

| Accueil :| Interventions > Interviews, artic ... ntions télévisées > 2006 > Février

Médiathèque : Images - Audio-Vidéo

|

75e anniversaire de M. Boris ELTSINE : Interview accordée par M. Jacques CHIRAC, Président de la République,

Imprimer

Palais de l'Elysée, Paris le vendredi 13 janvier 2006

QUESTION - Pour commencer cet entretien, ce dont nous parlions tout à l'heure, pouvez-vous nous donner vos impressions et vos réflexions personnelles sur la personnalité de Boris ELTSINE, en tant qu'homme et personnalité politique ?

LE PRESIDENT - Sur le plan personnel, j'ai beaucoup d'estime pour Boris ELTSINE, parce que c'est un homme de cœur, et c'est un patriote.

C'est un homme qui a restauré la démocratie. C'est un homme qui a compris les évolutions économiques du monde et qui a transformé la Russie sur le plan économique, en lui rendant sa capacité de développement.

C'est un homme à qui l'Europe doit une part importante de sa réconciliation. C'est lui qui a eu l'intuition et l'intelligence de promouvoir et de signer les accords de partenariat Europe-Russie, en 1994. C'est toujours lui qui a signé les accords entre la Russie et l'OTAN en 1997.
Je vous ai dit que c'est un homme avec une forte idée de la liberté, et il est aussi un homme de paix. Il a participé largement à la réconciliation de l'Europe par ses gestes symboliques très forts. Il a restauré la Russie comme grande puissance mondiale. Il a fait entrer la Russie dans le G7, qui est devenu G8, que la Russie présidera pour la première fois cette année.

C'est un homme qui a ouvert les voies qui ont ensuite permis à Vladimir POUTINE de poursuivre et d'affirmer clairement l'importance capitale de la Russie dans le monde d'aujourd'hui.

Il y a une vision qui a commencé avec ELTSINE et qui s'est poursuivie avec POUTINE, et qui a redonné à la Russie sa grandeur, sa puissance, et son rôle dans l'histoire de l'Europe et du monde. J'ajoute que nous avons créé avec l'Allemagne, la Russie et la France des liens particulièrement solidaires et étroits, qui se poursuivent.

QUESTION - Merci, Monsieur le Président, une autre question : pouvez-vous évoquer un évènement, une anecdote plus personnelle de votre amitié avec Boris ELTSINE ?

LE PRESIDENT - Deux éléments : un agréable, l'autre qui l'était moins··· L'élément agréable, c'est le jour où, revenant de Chine en voyage officiel avec ma femme, et faisant un arrêt technique à Moscou, qui n'était d'ailleurs pas prévu, j'ai trouvé Boris ELTSINE et Naïna, son épouse que j'aime beaucoup et pour qui j'ai beaucoup de respect et d'affection, au pied de l'avion, parce qu'ils avaient appris que je me posais là et que c'était le jour anniversaire de ma femme.

Ils avaient organisé, sans qu'on le sache, un dîner d'anniversaire très agréable, dont je garde un grand souvenir. Lui et sa femme sont des gens de cœur.

Le souvenir moins agréable, c'était la finale de la Coupe Davis de tennis, où il était venu à Paris. Il avait une telle émotion, un tel dynamisme, qu'il a réussi à faire gagner les Russes ! J'ai vu que sa force de conviction, qui s'exprimait par le regard et par le verbe avait galvanisé les joueurs russes, qui ont gagné ! Alors que, bien évidemment, je soutenais les Français ! Et je me souviens qu'il me donnait de grandes claques sur les cuisses pour affirmer clairement son enthousiasme pour la Russie.

LE PRESIDENT - Spassibo bolchoïe !

|