Intervention télévisée du Président de la République

Intervention télévisée de M. Jacques CHIRAC, Président de la République

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Palais de l'Élysée, le vendredi 16 novembre 2001

Mes Chers Compatriotes,

Cette semaine, la crise afghane a connu une évolution majeure. Elle n'est pas encore réglée, mais le régime qui soutenait les terroristes a été défait. Des soldats français sont partis ce matin en Afghanistan pour participer à une action internationale de secours et d'assistance aux populations.



Le 11 septembre, le monde avait été frappé par la terreur. La haine avait assassiné des milliers d'innocents avec une violence inouïe et chacun, soudain, s'était senti menacé, vulnérable.

Je vous avais dit à l'époque que la France ferait face. C'est ce que nous avons fait. La vie a continué avec plus de vigilance, plus de précaution, plus de contraintes, des contraintes dont vous avez tous compris la nécessité.

La France s'est tenue aux côtés du peuple américain. Par amitié, par solidarité. Mais aussi parce que nous savions que toutes les démocraties sont en danger, lorsque l'une d'elles est ainsi frappée au coeur.

Fort de votre soutien, j'ai exprimé la vision de la France et les exigences qui la fondent, à Washington, à New York, aux Nations Unies et auprès de nos principaux partenaires en Europe et dans le monde. Et je le ferai encore dans quelques jours en Tunisie, en Algérie et au Maroc.

Exigence de fermeté, par notre soutien déterminé à l'action militaire menée contre les terroristes d'Al Qaïda. Cette action se poursuivra jusqu'à ce que le coeur du réseau terroriste, et notamment Ben Laden, soit neutralisé. La France y participe déjà avec quelque deux mille hommes. Avec le Gouvernement, j'ai décidé de renforcer notre contribution par l'envoi d'avions de combat supplémentaires.

Et je tiens à rendre hommage à la compétence, à la disponibilité de nos armées qui ont répondu sans faillir à toutes les demandes qui leur ont été adressées.

Exigence de vérité, pour dénoncer l'imposture de Ben Laden. Il prétendait défendre les plus faibles, alors que, s'appuyant sur le régime des Taleban, l'un des plus archaïques et des plus répressifs que l'on ait connu, il n'est animé que par la folie meurtrière, le fanatisme et la volonté de détruire.

La vérité consistait aussi à dire, dès le départ, que l'action militaire, légitime et nécessaire, devait être complétée par une action politique et une action humanitaire d'envergure.

Ainsi, dès la chute de Mazar-e-Sharif, une action humanitaire d'urgence a été engagée pour permettre l'acheminement de l'aide en nourriture et en médicaments aux millions d'Afghans en détresse. La France y prend une part active. Avec le Gouvernement, j'ai décidé l'envoi de soldats français pour participer à la sécurité de cette zone, et en particulier de l'aéroport. Cela permettra la mise en place d'un pont aérien humanitaire auquel des avions français vont contribuer. Et nos ONG, dont je salue le travail admirable en Afghanistan, ont d'ores et déjà renforcé leur présence.

L'urgence appelait également une solution politique, qui passe nécessairement par l'ONU. À l'initiative de la France et du Royaume-Uni, une résolution qui fixe le cadre de l'action à mener vient d'être adoptée par le Conseil de sécurité. La priorité est de constituer un gouvernement intérimaire représentatif de l'ensemble des Afghans. C'est la tâche du représentant spécial du Secrétaire général de l'ONU, M. Lakhdar BRAHIMI, auquel la France apporte tout son soutien.

Alors que l'espoir renaît à Kaboul, qu'un timide vent de liberté commence à souffler, que les yeux des femmes revoient le jour, que la musique parcourt les rues, aidons les Afghans à se rassembler pour que nul ne cède à la vengeance, pour que l'oppression laisse la place à la tolérance.



Mes chers compatriotes,

Une fois encore, les démocraties ont su défendre leurs valeurs.

Mais, ne nous y trompons pas, le combat pour l'éradication du terrorisme sera long. Il faut le poursuivre par tous les moyens, financiers, judiciaires, policiers. Ce combat est mené dans le cadre national, dans le cadre de l'Union européenne, dans celui des Nations Unies. Nous ne relâcherons pas nos efforts. Un plan d'ensemble de lutte contre le terrorisme est engagé. Mais la sécurité de tous repose aussi sur l'effort de chacun. Et vous devez rester vigilants.



Je voudrais enfin vous dire que, si elles sont fortes, les démocraties doivent aussi se montrer généreuses.

Le terrorisme n'exprime aucune cause et aucune cause ne le justifie. Il n'est que crime. Mais comment ne pas voir que la misère, le désespoir, l'humiliation peuvent offrir un terrain propice.

Ces événements doivent nous conduire, plus que jamais, à repenser les relations entre les peuples.

La France doit intensifier ses efforts pour réduire le fossé qui se creuse entre les pays qui bénéficient des fruits du développement et une part de l'humanité qui s'enfonce dans la pauvreté.

La France doit montrer la voie de la compréhension, du respect et du dialogue entre les peuples, entre leurs cultures. Notre monde, comme notre société, s'enrichit de ses différences.

La France doit aussi défendre ses valeurs et faire entendre son message.

Notre pays est dans son rôle quand il rappelle que les conflits sans perspective de paix attisent, dans le coeur des peuples, le désespoir et la rancoeur. Je pense en particulier au Proche-Orient, meurtri par tant de violence. Il est crucial d'engager sans délai un processus de négociations politiques. Et c'est le sens de la proposition de la France de mettre en place une table de la paix où Israéliens et Palestiniens reprendraient le dialogue.

Mes chers compatriotes,

Dans le monde d'aujourd'hui, il y a un urgent besoin de tolérance, et aussi de respect, respect des uns pour les autres, respect des principes et des règles qui doivent fonder la vie internationale comme ils fondent la vie en société.

La vocation de notre pays, et de l'Europe, est d'agir pour que ces valeurs de l'humanisme progressent. C'est ce que nous devons continuer de faire ensemble. Alors, nous serons sur la voie d'un monde plus juste, plus solidaire et donc plus sûr.

Je vous remercie.





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