Préface du Président de la République pour la plaquette de présentation du musée du Quai Branly

Préface de M. Jacques CHIRAC, Président de la République, pour la plaquette de présentation du musée du Quai Branly

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Avril 2000

Ils furent nombreux les passeurs de rêves, hommes de coeur et d'esprit qui, depuis la fin du XIXe siècle, d'André Derain à André Breton, de Claude Lévi-Strauss à André Malraux en passant par Picasso, ont appelé de leurs voeux une vraie reconnaissance, dans les institutions muséales de la France, des civilisations oubliées d'Afrique, d'Asie, d'Arctique, d'Océanie et des Amériques. La culture est le génie d'un peuple, sa singularité, le message qu'il apporte au monde. Trop longtemps, ces civilisations -dites primitives- ont été oubliées de l'histoire et de l'histoire de l'art. Il n'était pas concevable que notre pays entre dans le 3e millénaire sans porter sur elles un regard nouveau, plus juste, plus généreux, plus équitable. Hommage et partage, tels sont à mes yeux les fondements de la création du musée du quai Branly qui ouvrira ses portes en 2004, à Paris, à deux pas de la Tour Eiffel. Il donnera à voir et à comprendre aux générations futures, des collections inestimables provenant pour l'essentiel du musée des arts d'Afrique et d'Océanie, ainsi que du laboratoire d'ethnologie du musée de l'Homme. Ce sont ainsi plus de 200.000 objets de notre patrimoine national qui seront rendus accessibles au grand public, dans un musée spécialement conçu à cet effet faisant une large place aux nouvelles technologies. Le musée du quai Branly est désormais une réalité. L'ouverture au Louvre, début 2000, d'une salle permanente consacrée aux chefs d'oeuvre des arts d'Afrique, d'Asie, d'Arctique, d'Océanie et des Amériques, en fera bientôt cet "asile unique, à la fois musée, temple, bibliothèque et laboratoire" que Guillaume Apollinaire appelait de ses voeux. Je souhaite que les visiteurs de cette salle d'exception éprouvent émotion, respect, reconnaissance, dans tous les sens de ce terme. Je souhaite que les chefs-d'oeuvre offerts à leur admiration prouvent, s'il en était encore besoin, que l'inspiration, l'élan créateur, la force spirituelle sont de toutes les civilisations et de tous les temps, qu'il n'y a pas de hiérarchie entre les arts, et que seul compte le génie de l'homme, de tous les hommes.

Jacques CHIRAC