Préface du Président de la République à l'occasion de l'exposition "Georges POMPIDOU et la modernité"

Préface de M. Jacques CHIRAC, Président de la République, à l'occasion de l'exposition "Georges POMPIDOU et la modernité"

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Février 1999

Evoquant le souvenir du général de Gaulle, Georges Pompidou l’avait lui-même écrit : la mort est un commencement.

Depuis sa disparition, il y a maintenant un quart de siècle, beaucoup de livres lui ont été consacrés, différents colloques ont réuni ceux qui, à ses côtés, ont écrit une page de notre histoire récente et ceux, de plus en plus nombreux, qui s’intéressent à l’homme et son oeuvre.

Aujourd’hui, pour la première fois, une exposition artistique lui rend hommage. C’est dire la place particulière que, déjà, lui assigne l’Histoire.

Pierre Messmer avait dit un jour de Georges Pompidou qu’il était un inventeur. Le mot, je crois, est parfaitement juste. Jamais la France n’a autant changé que pendant les douze années où il fut successivement Premier ministre et Président de la République. D’autres que lui ont bien entendu leur part dans cette transformation, mais c’est avant tout parce qu’il a su comprendre la réalité du présent, et qu’il l’a passionnément aimée que Georges Pompidou a inventé une France nouvelle, une France moderne.

Pour l’homme de goût qu’il était, le moderne était plus qu’une exigence, plus qu’un défi. C’était d’abord une catégorie esthétique. Aussi est-ce sans doute dans le domaine de la culture, dans cette relation si privilégiée qu’il avait à l’art de son temps, que son intuition de la modernité apparaît de la façon la plus éclatante.

Il y a eu les gestes symboliques de Claude et Georges Pompidou invitant l’avant-garde au coeur même de la République, à l’Hôtel Matignon et au Palais de l’Elysée. Il y a eu la grande exposition de 1972 qui, sous son impulsion, devait faire découvrir aux Français la création contemporaine. Il y a eu, bien sûr, la merveilleuse aventure du Centre qui porte aujourd’hui son nom.

Derrière ces choix emblématiques, il y avait l’homme d’Etat qui voulait réconcilier l’institution républicaine et l’actualité artistique. Il y avait aussi l’homme de culture qui avait appris de Beaudelaire que " le beau est toujours bizarre " et qui savait l’apprécier sous toutes ses formes, dans toutes ses expressions, sans exclusive. Il y avait surtout, je crois, un homme généreux qui souhaitait partager ses passions et ses curiosités avec ceux qui l’avaient porté à la charge la plus haute, comme il l’avait fait plus tôt dans son Anthologie de la poésie française.

Souvenir pour les uns, histoire pour les autres, ce que l’on appelle aujourd’hui " les années Pompidou " incarnent une certaine idée qui est aussi une certaine image de la France. Celle d’une France en mouvement, riche de ses traditions les meilleures et résolument tournée vers l’avenir et la jeunesse, soucieuse de comprendre son époque et singulièrement l’art de son temps, parce que c’est là, comme le pensait Georges Pompidou, le meilleur témoignage que l’homme puisse donner de sa dignité.

J’ai eu l’honneur de servir l’Etat aux côtés de Georges Pompidou. J’ai eu le privilège de bien connaître l’homme. Je suis heureux que vingt-cinq ans après sa disparition, autour d’une autre anthologie, un large public puisse à son tour faire cette rencontre qui compte, pour certains, parmi les plus belles et les plus fortes.





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