Intervention radiotélévisée du Président de la République

Intervention radiotélévisée de M. Jacques CHIRAC, Président de la République,

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Palais de l'Élysée, le mardi 27 mai 1997

Mes Chers Compatriotes,

Demain, je réunirai pour la dernière fois le Gouvernement d'Alain Juppé. Ce gouvernement a bien travaillé. Avec abnégation et courage, il a porté l'effort nécessaire au redressement de la France et ce n'était pas facile. Je tiens à rendre un hommage particulier au Premier ministre pour son action et pour son caractère. Le jour viendra, je n'en doute pas, où les Français me rejoindront dans ce jugement.

Dimanche dernier, j'ai bien entendu votre message.

Dimanche prochain, vous allez désigner une nouvelle majorité pour cinq ans. Ce choix va peser sur notre avenir.

Vous savez, trop longtemps, notre pays a repoussé les adaptations indispensables. Nous avons pris du retard, et ce retard nous a coûté cher en emplois, en impôts, en dettes, en illusions aussi.

Puis la France s'est ressaisie. Les choses ont été remises en ordre, mais la situation reste fragile. Prenons garde de ne pas tout compromettre au moment où nous recueillons les premiers fruits de nos efforts.

Pouvez-vous, mes chers Compatriotes, au regard des enjeux, prendre le risque de vous abstenir ?

Souhaitez-vous remettre en selle les idées socialistes d'hier ?

Pour ma part, je vous engage à choisir une autre voie, une voie moderne et humaine qui serve mieux les chances et les intérêts de la France.

Les grands choix se font toujours sur des idées simples.

Dans cinq ans, il faut que la France soit devenue une grande nation moderne et nous en avons aujourd'hui les moyens.

Pour cela, il faut une politique claire. Une économie d'initiatives et de libertés. Un Etat plus efficace et plus décentralisé. Un modèle social rénové nous garantissant contre les effets de la mondialisation.

Pour réussir la nouvelle étape qui commence, la France doit relever trois grands défis.

D'abord inventer une nouvelle méthode de gouvernement, plus proche des Français, à l'écoute de leurs attentes et de leurs difficultés que je connais bien. Cette méthode passe par davantage de dialogue. Elle repose sur un Etat qui fait respecter son autorité et qui assure pleinement ses missions essentielles : l'égalité des chances et la réussite de chacun par l'éducation et la formation, le soutien aux familles, la justice. La sécurité des personnes et des biens, l'ordre républicain doivent évidemment être au coeur de nos priorités. Cette méthode exige aussi une démocratie modernisée qui fasse toute sa place à la morale publique et qui mette fin au cumul des mandats ou des fonctions, ce qui est le meilleur moyen de renouveler profondément la vie politique.

Ensuite, nous devons concilier la liberté, qui est l'oxygène de la santé économique, et la solidarité, solidarité entre les générations et protection des plus faibles. La croissance forte, qui est aujourd'hui à notre portée, profitera à tout le monde. Et pour qu'il y ait croissance forte, ce qui est naturellement le meilleur moyen de créer des emplois, il faut abaisser les impôts et les charges au niveau de ceux des autres pays européens. C'est ainsi que l'on récompensera le travail et l'effort. C'est ainsi que l'on encouragera les Français.

Je souhaite enfin que la majorité que vous allez désigner ne prenne pas le risque de fragiliser la construction européenne. J'ajoute que l'Europe doit maintenant se donner l'ambition sociale que les Européens attendent. La France, demain, devra être forte, cohérente et déterminée pour défendre ses intérêts dans les grandes négociations qui sont en cours actuellement.

Mes chers compatriotes, ne cherchons pas ailleurs notre modèle français. Il est depuis deux siècles dans la devise de la République : rien sans liberté, rien sans égalité, rien sans fraternité.

J'ai voulu, en provoquant des élections, ressaisir l'énergie nationale pour entraîner et pour convaincre, pour donner à la nation une force qui s'échappait. Ce projet qui dessinera le visage de la France de l'an 2000, je vous le confie. C'est votre choix qui le fera vivre. C'est à chacune et chacun d'entre vous que je fais appel. Je vous invite à vous rassembler le plus largement possible pour construire une société d'initiative et de responsabilité. Mes Chers Compatriotes, votre avenir, l'avenir de vos enfants est entre vos mains.

Vive la République. Vive la France.





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