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Intervention sur les migrations

Eléments d'intervention.

Bucarest, Sommet de la Francophonie, le 29 septembre 2006

Les phénomènes migratoires constituent un des plus grands défis de notre temps. Cette question, comme nous le voyons aujourd'hui en Méditerranée et aux Canaries, s'impose au cœur des relations euro-africaines.

Ces phénomènes ont des causes profondes, qui tiennent notamment au différentiel de richesse entre les deux rives de la Méditerranée et à la démographie, avec le doublement programmé de la population de l'Afrique de 900 millions d'âmes aujourd'hui à deux milliards en 2050.

Maîtrisée, inscrite dans une vraie démarche de co-développement, l'immigration peut être une chance pour les pays du Nord et du Sud.

Mais incontrôlée, livrée aux filières criminelles ou guidée par la seule volonté d'exploiter les ressources humaines des pays du Sud, l'immigration devient un phénomène profondément déstabilisant pour les sociétés d'origine comme pour les sociétés d'accueil.

Parce que la Francophonie dépasse le clivage Nord-Sud, dans un espace de solidarité et de valeurs partagées, elle constitue une excellente enceinte pour discuter en toute franchise de ces questions.

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I - Répondre au défi de l'immigration, c'est d'abord nouer avec les pays d'origine un véritable partenariat pour le développement.

Offrons à la jeunesse d'Afrique un avenir de dignité.

Libérons les énergies de l'Afrique en l'aidant à vaincre les pandémies ; à donner une éducation de base à tous ses enfants ; à se doter des infrastructures essentielles dans les domaines des transports, de l'eau, de l'énergie et des télécommunications.

C'est l'esprit de notre partenariat avec l'Union africaine et le NEPAD, dont nous voyons déjà les premiers résultats avec l'accélération de la croissance du continent à près de 6% cette année.

Ce chiffre encourageant doit inciter les pays riches à mettre en œuvre sans tarder l'augmentation promise de leur APD et à aller de l'avant dans la mise en place de financements innovants, dont la contribution de solidarité sur les billets d'avion et Unitaid constituent le premier exemple prometteur.

Ce partenariat, nous devons également le construire en nous appuyant davantage sur les diasporas africaines en Europe. Tel est l'esprit du co-développement.

Par leur épargne, par leurs compétences et leurs talents, ces diasporas ont la capacité de contribuer au développement de l'Afrique, comme les diasporas chinoise ou indienne le font depuis longtemps pour leurs pays d'origine.

Les institutions internationales, les bailleurs de fonds, les organismes bancaires et de micro-crédit doivent davantage prendre en compte cette réalité afin de mieux les accompagner dans leur démarche. La Francophonie a un grand rôle à jouer dans ce domaine.

II - Le corollaire de ce nouveau partenariat pour le co-développement, c'est une coopération renforcée entre pays d'origine, de transit et de destination dans la lutte contre l'immigration illégale.

La France et l'Europe entendent mener ces actions dans le respect de la dignité humaine, mais avec fermeté.

Il en va de l'intérêt même des hommes et des femmes qui confient leurs espérances, leur argent et leur vie à ces filières criminelles.

Il en va de l'intérêt de tous ces Africains qui séjournent légalement en Europe et aspirent à s'y intégrer, comme de ceux qui, compte tenu de leurs fonctions, doivent pouvoir circuler aisément d'un continent à l'autre.

C'est enfin nécessaire pour les Européens confrontés, dans la mondialisation, à des mutations très rapides, sources d'inquiétude et de tensions.

Cette coopération doit prendre plusieurs formes : lutte énergique contre les filières mafieuses de l'immigration illégale ; coopération policière, judiciaire et technique pour améliorer la surveillance des frontières; bonne application d'accords de réadmission efficaces.
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Je n'ignore pas la difficulté et la sensibilité de ces questions. Mais le moment est venu de leur apporter des réponses équilibrées et justes, garantes de nos intérêts mutuels.

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