Propos du Président de la République lors de l'inauguration de la Maison de la mixité

Propos de M. Jacques CHIRAC, Président de la République, lors de l'inauguration de la Maison de la mixité

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Paris, le mercredi 8 mars 2006

Mesdames, Messieurs,
Chère Fadela AMARA,

Nous sommes tous heureux, aujourd'hui, de participer à l'inauguration de votre Maison de la Mixité. Beau projet, belle idée, mais ne l'oublions pas, idée et projet qui sont nés du drame et de la souffrance : le drame de Sohane, le drame de Samira BELLIL, dont je salue la maman, le drame de Shérazade et tant d'autres victimes de la violence, d'une violence intolérable et inacceptable.

Face à ces actes barbares -il n'y a pas d'autres mots pour les qualifier-, face à la montée d'un certain communautarisme, vous vous êtes levés pour dire simplement la vérité. L'écho de votre marche pour l'égalité a retenti dans nos cœurs et dans nos esprits à tous. Vous défendez des valeurs essentielles : la primauté de la loi, l'égalité, le respect. Vous menez de grands combats pour la dignité de l'homme et de la femme et pour l'égalité des chances.

Combat pour mobiliser la nation contre toutes les formes de violences : violences dans nos écoles qui, hélas, se développent actuellement, violences conjugales qui, chaque année, chaque mois, chaque semaine, font d'innocentes victimes ; violences dans le secret de la vie familiale -on l'a évoqué- : excision ou les mariages forcés ; violences par des actes de pure barbarie comme ceux dont ont été victimes récemment Ilan HALIMI ou Benoît SAVEAN. Tous ces actes qui sont marqués, d'abord et avant tout, par le mépris total de la vie humaine. Vous affirmez, chère Fadela AMARA, à juste titre, et c'est aussi ma conviction profonde et ma volonté sans faille, que les coupables de ces actes doivent être recherchés, poursuivis, condamnés de façon exemplaire. Je vous le dis, la République sera dans ce domaine sans faille.

Combat également pour la diversité, pour le respect des différences qu'il s'agisse du sexe, des cultures, des croyances, des origines, pour affirmer une profonde volonté de vivre ensemble et de vivre mieux ensemble (ce qui implique une rénovation urbaine permettant, en particulier, de casser les ghettos qui sont l'une des plaies de notre situation actuelle, de développement aussi du logement social pour permettre une plus grande mixité sociale). La lutte, bien sûr, contre les discriminations. Je salue Monsieur SCHWEITZER qui, ici, anime cette lutte et le fait de façon extrêmement active et je l'encourage sans réserve, bien entendu. Mais aussi l'affirmation intransigeante de la laïcité, qui est une garantie pour tous et pour toutes, et la répression, naturellement, des propos sexistes ou homophobes que l'on voit parfois se développer. Ce sont, en réalité, des combats qui sont ceux de la République et que vous menez et que nous devons tous mener ensemble au-delà, naturellement, des engagements partisans ou politiques.

Combat aussi pour les droits des femmes. C'est pour les femmes le droit de vivre libre. Il faut que les jeunes filles comprennent qu'elles ne sont pas coupables de vouloir vivre leur vie normalement. Il faut qu'elles comprennent que, ce faisant, elles ne renient en rien ni leur famille ni leurs origines. Il faut qu'elles sachent qu'elles doivent être, qu'elles seront protégées, dans l'hypothèse où elles refusent de se soumettre, et qu'elles ont le droit et le devoir de se plaindre, et d'être entendues.

Aucune tradition, aucune coutume, aucune croyance ne saurait prendre le pas sur les lois de la République. Ces lois, nous devons en permanence les renforcer et les adapter pour protéger plus efficacement les jeunes filles.


Ces combats que vous illustrez, qu'incarne votre action, ce sont en réalité les combats de tous les républicains. C'est la mobilisation de tous, et notamment des associations nombreuses, actives, qui permettra de faire bouger les choses.

Nous remercions celles et ceux qui ont permis la réalisation de cette Maison de la Mixité où nous nous sentons bien. Pourquoi ? D'abord, parce que c'est un lieu ouvert, un lieu d'information sur les droits de chacun, un lieu de soutien, d'échanges et un lieu d'actions, un lieu où peuvent se retrouver et s'engager toutes celles et tous ceux qui croient en la République et qui croient en la fraternité. Ce sont, de surcroît, des femmes qui en ont pris l'initiative et qui nous montrent le chemin.

Chère Fadela AMARA,

L'histoire de l'humanité montre que les tensions s'apaisent et que la liberté progresse toujours quand les mères, les sœurs et les femmes se mettent à marcher ensemble et à montrer le chemin.

Alors, merci pour votre invitation. Merci pour votre accueil et permettez-moi, en terminant tout simplement, de saluer votre maman qui nous a rendu un grand service en vous mettant au monde.





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