Vœux aux corréziens

Allocution de M. Jacques CHIRAC, Président de la République à l'occasion des vœux aux corréziens

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Tulle le samedi 14 janvier 2006

Monsieur le député maire de Tulle,
Monsieur le Président du Conseil général,
Monsieur le Président du Conseil régional,
Messieurs les préfets,
Mesdames et Messieurs,
Mes chers compatriotes corréziens,

Présenter mes vœux aux Corréziennes et aux Corréziens est pour moi une tradition, mais c'est surtout une joie. Je retrouve avec bonheur cette terre que j'aime profondément, dont je ne me sens jamais bien éloigné. Et si tel devait être le cas, Bernadette, votre élue, saurait me dissuader de tout oubli.

Je suis ici au cœur et aux racines mêmes de mon engagement : agir pour nos concitoyens ; tirer tous les enseignements de l'action de terrain pour faire avancer notre pays ; porter haut les valeurs de la République, qui sont si profondément ancrées dans ce beau département de la Corrèze et aussi dans cette belle région du Limousin, Monsieur le Président.

Au nom de mon épouse, et en mon nom personnel, je souhaite très chaleureusement, de tout cœur, à chacune et à chacun d'entre vous ainsi qu'à toutes celles et à tous ceux qui vous sont chers, une bonne et heureuse année 2006.
C'est pour moi l'occasion de revenir d'un mot sur l'année 2005, pour essayer de mettre un peu les choses en place.

Il y a eu en 2005 le non au referendum. Il y a eu la crise des banlieues. Cela traduit les interrogations, les difficultés, les tensions auxquelles notre pays est confronté. Ces difficultés, ces tensions, ces problèmes, nous sommes bien déterminés tous et toutes à y répondre et à les surmonter.

Mais en 2005 les efforts des Français d'abord, les réformes qui ont été engagées depuis 2002 et le travail déterminé du Gouvernement ont également commencé à porter leurs fruits.

Car mes chers compatriotes, si la France était un pays en déclin comme certains voudraient nous le faire croire, notamment sur le plan de l'innovation, alors pourquoi a-t-elle été choisie, par exemple, pour accueillir le centre mondial de recherche sur l'énergie du futur -Iter- ou pour le projet européen de positionnement par satellite Galiléo ? Hommage rendu aux capacités et au premier rang de la France dans ces domaines de l'innovation et de la recherche.

Si nos entreprises étaient si dépassées par rapport à leurs concurrentes, comment expliquer que nous en placions 11 dans les 100 premières mondiales et que sur tant de marchés elles s'imposent comme des leaders mondiaux ?

Si nous n'avions pas fait des choix politiques justes, comment expliquer, là encore, que la croissance soit repartie et que nous nous situons à un niveau supérieur de la moyenne européenne, que depuis huit mois, le chômage baisse.

La vérité, c'est que les choses bougent. La vérité, c'est que nous avons des atouts considérables. La vérité, c'est que nous nous sommes donnés les moyens de réussir et, en priorité, face au problème majeur auquel nous sommes confrontés, c'est-à-dire le chômage.

Maintenant, il faut aussi y croire. Il faut se battre. Il faut tourner le dos à cette tentation aussi stérile que paralysante, tentation qui existe chez nous un peu trop, à l'auto-flagellation. Il faut être fiers de ce que nous sommes, de la France, de la République. C'est ce que je veux dire quand j'emploie ce mot, en réalité, très moderne et dont nous avons besoin : le patriotisme.

L'année 2006 ne sera pas une année préélectorale perdue pour l'action et donc pour la France, je peux vous le dire. Le temps est au rassemblement et à l'accélération de l'action. La situation l'exige. Et c'est comme cela, que les Françaises et les Français aborderont les échéances de 2007 avec confiance, dans un esprit de responsabilité et dans la sérénité.


Accélération de l'action d'abord pour gagner le premier des combats, celui qui conditionne tout, celui qui change tout, le combat pour l'emploi.

Depuis 2002, il y a fallu créer les conditions de la croissance : assouplir les 35 heures, baisser les impôts et les charges sur les bas salaires, encourager les créations d'entreprises qui n'ont jamais été aussi nombreuses que depuis trois ans.

Il y a eu ensuite le lancement du plan de cohésion sociale pour aider les plus vulnérables à accéder à l'emploi. Ce plan qui mobilise les énergies et les moyens monte actuellement en puissance. Il y a eu le renouveau de notre politique industrielle pour aller à la conquête des emplois de demain. J'ai fait pour la France, vous le savez, le choix prioritaire pour les années qui viennent, de l'énergie, car c'est capital. Nous sommes déjà entrés dans la période de l'après pétrole et il faut prévoir ce que seront nos pays dans le siècle suivant, et du numérique qui est aujourd'hui l'un des éléments les plus dynamiques de la création d'activités, de richesse et d'emplois.

Maintenant, nous allons réformer les cotisations patronales pour que le financement de notre protection sociale ne joue plus contre mais pour l'emploi en France.

Et dans quelques jours, le Gouvernement va annoncer des mesures fortes, importantes et nouvelles pour faire reculer de manière, je l'espère, déterminante, le chômage des jeunes.

Notre politique de l'emploi est globale. C'est une politique offensive. Elle est tournée vers l'avenir tout en s'attachant à défendre résolument, et ici on sait ce que cela veut dire, les activités existantes.

Ici même, la Région Limousin a vu émerger deux pôles de compétitivité, dans le domaine de la céramique et dans celui de la photonique. Et elle participe à trois autres pôles de compétitivité. Ces projets attestent du dynamisme que portent tous les acteurs de l'activité culturelle et économique dans cette région : les entreprises, les centres de recherche, les établissements d'enseignement et de formation, nous en parlions tout à l'heure avec le Président de la Région. Tous se sont coalisés pour gagner et faire triompher ces vues et ces actions de l'avenir.

A TULLE, après plusieurs années de destruction d'emplois du fait de la restructuration de l'industrie de l'armement, la mobilisation de tous a permis de maintenir et de consolider 300 emplois pérennes dans le domaine de l'armement.

Je connais, par ailleurs, la situation difficile du bassin d'emploi d'USSEL, et notamment la situation de l'usine POLYRET. J'ai demandé au Premier ministre que des mesures adaptées soient rapidement prises pour re-dynamiser ce territoire auquel je suis particulièrement attaché, ce qui n'est pas une raison suffisante, naturellement. Un Comité Interministériel à l'Aménagement et à la Compétition des Territoires, dans les toutes prochaines semaines va décider d'un contrat de site adapté à la Haute-Corrèze, et marquant la priorité donnée par l'Etat à la revitalisation de cette petite région. (Applaudissements) Merci aux Ussellois ! Dans cet esprit, je suis heureux que les travaux du centre cynophile de la Police Nationale à CHAVEROCHE soient enfin sur le point de commencer.


Au-delà du combat pour l'emploi, il y a la mobilisation autour des principes et des valeurs de la République.

Ici, en Corrèze, on connaît bien tout le sens du mot République, son rayonnement, sa force, sa capacité de rassembler.
Le respect de la loi et des règles, la possibilité de réussir par son travail et par son mérite, l'égalité des chances, le respect des autres, la justice, la volonté de porter ces valeurs dans l'ensemble du monde, c'est cela la République.

C'est notre histoire, c'est notre ciment, et c'est notre projet.

D'abord, il y a le respect de la loi. On est là au cœur même de mon engagement vis-à-vis des Français. Depuis 2002 nous avons progressé. Nous avons, par une action résolue, montré qu'il n'y avait pas de fatalité dans le développement de la violence. Mais beaucoup, beaucoup reste encore à faire et le Gouvernement redoublera d'effort. J'attache notamment la plus grande importance à la sécurité à l'école. L'Education nationale et les forces de l'ordre doivent renforcer leur collaboration dans le respect des principes de chacun pour garantir aux élèves et aux enseignants la sécurité et la sûreté, la sérénité auxquelles ils ont droit. Il est essentiel pour que notre école puisse se développer et vivre normalement, essentiel qu'elle puisse le faire dans la sérénité.

Par ailleurs, nous devons renforcer la lutte contre l'immigration irrégulière, clandestine et contre les détournements ou les contournements de nos lois, notamment en ce qui concerne le regroupement familial. C'est une question de principe, et qui est une question essentielle. C'est la condition pour faire vivre notre modèle d'intégration. Le Gouvernement présentera des mesures en ce sens dans les toutes prochaines semaines.

Nous allons aussi redoubler d'efforts pour l'égalité des chances à l'école. En faisant de l'apprentissage, dans le secondaire et dans le supérieur, une filière de réussite à part entière. En ouvrant plus largement l'Université et les grandes écoles aux jeunes des milieux modestes, qu'ils n'y ont pas suffisamment accès et ceci quelque soit leur lieu de vie, en ville ou dans les zones rurales.

Agir pour l'égalité des chances, c'est aussi agir pour l'égalité de tous à l'emploi. A ce titre, je veux saluer la création à USSEL, cette année, d'une Maison de l'Emploi et de la formation, qui fédérera tous les acteurs du service de l'emploi. A USSEL également, la création d'un centre "Défense deuxième chance" permettra. de rassembler 250 jeunes en situation d'échec scolaire, filles et garçons, tous volontaires, âgés de 18 à 21 ans. Il leur sera proposé une formation complète, un apprentissage des règles de la vie aussi affirmée et le rappel des savoirs scolaires fondamentaux, en plus naturellement des activités fondamentales sportives et professionnelles.

Enfin, il faut renforcer notre service public, l'ouvrir plus largement sur le monde.

Les Corréziens savent à quel point le service public est essentiel à notre cohésion nationale. Ils savent à quel point il a été et doit être et il doit rester le reflet même de notre société dans toute sa diversité. Ils savent à quel point il a permis à tant de nos concitoyens de s'élever, de progresser dans la société.

C'est tout le sens des décisions que j'ai prises notamment pour ouvrir les carrières de l'Etat aux jeunes peu qualifiés, et ceci grâce au développement de la voie de l'apprentissage dans la fonction publique. C'est pour cela aussi que je suis très vigilant sur la nécessité d'avoir un service public fort sur tout le territoire et notamment dans les zones rurales.

La proximité, le contact personnel sont en effet irremplaçables. C'est pourquoi, il est notamment essentiel de développer et de valoriser le rôle des sous-préfectures et de l'ensemble du tissu administratif. Nous allons également saisir toutes les opportunités de progrès technique pour développer les services publics en milieu rural : je souhaite que l'image de ce qu'a entrepris votre département soit généralisée avec des guichets électroniques mobiles et polyvalents et que ceux-ci puissent être rapidement déployés sur l'ensemble du territoire, pour offrir à nos compatriotes tous les services de l'administration.

Il faut aussi mieux desservir tous les territoires : l'ouverture cette semaine de deux tronçons de l'A89 permet de relier sans discontinuité la Corrèze à BORDEAUX et CLERMONT-FERRAND. Je m'en réjouis. Car c'est l'aboutissement d'un projet que j'ai longtemps porté et que j'avais décidé en tant que Premier ministre en 1987.

Par ailleurs, j'ai également demandé au Premier ministre que la ligne à grande vitesse POITIERS-LIMOGES, qui mettra Limoges et Brive respectivement à 2 et à 3 heures de PARIS, soit inscrite sur la carte des infrastructures ferroviaires. Ce projet fera l'objet d'un débat public dans le courant de cette année.


En 2006, je porterai enfin, les grands combats de la France pour l'Europe et dans le monde. La construction européenne a toujours progressé en surmontant ses crises et ses difficultés. Dans le respect du vote des Françaises et des Français, et avec nos partenaires européens, je compte prendre des initiatives pour relancer la construction d'une Europe politique, d'une Europe sociale, et d'une Europe des grands projets stratégiques.

La France sera également très vigilante sur la suite de l'accord de l'Organisation mondiale du commerce à Hong-Kong. La défense de la politique agricole commune n'est pas un combat du passé, comme certains voudraient nous le faire croire ! Ce qui est en jeu en réalité, c'est notre sécurité alimentaire qui concerne tout le monde, c'est nos emplois, c'est notre compétitivité économique. Personne ne s'étonne de voir nos amis Américains défendre bec et ongles leur "green power" comme ils disent, c'est-à-dire leur pouvoir vert. Mais nous, nous serions, en quelque sorte, des gens du passé lorsque nous défendons l'agriculture européenne et particulièrement l'agriculture française. Eh bien sachez, tout le monde doit savoir, qu'une agriculture puissante est un atout capital pour l'avenir de la France et pour l'avenir de l'Europe.


Tels sont les choix d'action résolue au service de la France que j'ai souhaité évoquer un instant avec vous ce soir.

En ce début d'année 2006, Bernadette et moi vous présentons à nouveau et de tout cœur nos vœux les plus sincères, nos vœux les plus chaleureux, pour vous-mêmes, pour tous les vôtres, pour la Corrèze, pour le Limousin et pour la France.

Je vous remercie.





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