Intervention du Président de la République, lors du déjeuner offert en son honneur à Mahajanga.

Intervention de M. Jacques CHIRAC, Président de la République, lors du déjeuner offert en son honneur à Mahajanga.

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Mahajanga - Madagascar, jeudi 21 juillet 2005

Monsieur le Président de la République, Mon cher Marc,
Mesdames et Messieurs,
Mes chers amis,

Je voudrais tout d'abord m'adresser aux Autorités locales, aux Elus de Mahajanga et, par leur intermédiaire, aux populations qu'ils représentent pour les remercier du fond du cœur pour le superbe accueil qu'ils nous ont réservé et qui restera profondément imprimé dans mon coeur.

Il m'est particulièrement agréable, comme vous l'avez suggéré, Monsieur le Président de la République, de commencer une visite dans votre pays par Mahajanga, la belle "Cité des fleurs", ouverte depuis toujours sur le monde, grâce à ces navires venus de tous les océans pour jeter l'ancre au large de ses côtes, laissant dans leur sillage de multiples courants d'échanges. Ils sont à l'origine du brassage de populations venues de tous les continents. De fait, c'est ici que commença, à la fin du XIXe siècle, l'histoire de notre rencontre commune. C'est d'ici également que partit le courant nationaliste animé par le Président TSIRANANA qui transformera nos rapports en les plaçant sous le signe de l'amitié et de la coopération. Cette amitié, dont un témoignage émouvant nous est donné aujourd'hui, cette coopération que nous avons à cœur d'approfondir avec vous.

Monsieur le Président, pour renforcer la cohésion nationale, faire que le progrès économique et social s'étende sur toutes les régions de Madagascar, vous avez fait le choix de la décentralisation, du développement local et de la démocratie. Je puis vous assurer du soutien de la France pour mener à bien ces politiques dont nous pouvons voir ici aujourd'hui les effets bénéfiques.

Plus que d'autres régions, du fait de son histoire qui l'a rendue tour à tour, prospère, enviée, puis un peu oubliée, Mahajanga vivait dans l'attente d'un renouveau. Et sous votre impulsion, Monsieur le Président, ce renouveau est en train de se dessiner.

Il se dessine grâce à vous tous ici présents à qui la décentralisation donne des responsabilités et les moyens de les exercer. La décentralisation permet à la vie démocratique de s'épanouir. Elle la stimule, elle l'enrichit, elle la consolide. C'est par elle que se répandent la culture de la bonne gestion des intérêts publics ou encore la sensibilisation au développement durable.

La France suit avec beaucoup d'intérêt et de compréhension la nouvelle organisation territoriale de Madagascar. Au-delà de ses vertus politiques, la décentralisation paraît particulièrement adaptée à un pays qui connaît une grande diversité de populations et de traditions ainsi que de fortes contraintes géographiques mais également une unité profonde.

Décentralisation et développement local vont de pair. Au plus près des populations pour connaître ce qu'elles attendent de manière concrète, une école, un dispensaire, une route, un pont, les responsables locaux sont les mieux placés pour y répondre, vous nous l'avez appris, Monsieur le Président.

Nous en avons vu ce matin un magnifique exemple, avec le programme de réhabilitation des marchés et l'amélioration de la desserte de Mahajanga. Programme exemplaire, car il conjugue trois ambitions, trois volontés, telles que vous les avez voulues et exprimées :

- Celle du Gouvernement malgache de mettre en œuvre une politique d'aménagement du territoire tout à fait essentielle pour le pays. Pour la région de Mahajanga et la Côte Ouest, elle doit se traduire par de meilleures dessertes routière et maritime ;

- La volonté des responsables locaux, la Communauté urbaine de Mahajanga, les opérateurs économiques, les populations dans leur ensemble, nous l'avons vu ce matin, d'améliorer leur condition et de donner des perspectives d'avenir à la jeunesse, par la valorisation des ressources qui ne manquent pas ici, notamment les produits de la pêche, les productions maraîchères, les cultures industrielles, les activités de transformation ;

- Enfin notre volonté, celle de la France, d'appuyer ces efforts par des concours financiers permettant, comme ici, la réalisation d'infrastructures qui sont l'une des clés du développement. La France, qui appelle avec constance la communauté internationale à soutenir l'aide publique au développement, tient pour indispensable qu'une priorité soit accordée aux équipements de base pour permettre aux économies, aux échanges, de prendre leur essor. Je suis particulièrement heureux qu'il en soit ainsi à Mahajanga.

Les regards et les sourires que j'ai croisés ce matin nous confirment que c'est en conjuguant nos efforts pour améliorer la vie quotidienne dans le domaine de la santé, de l'éducation, et pour favoriser l'activité économique et l'emploi, que notre amitié trouve et sa raison d'être et son accomplissement. Et je ne m'étonne pas, Monsieur le Président, que vos collègues à Syrte, vous aient confié le dossier de la jeunesse, de l'éducation, des enfants, pour l'ensemble de l'Afrique, car vous êtes probablement celui qui en a le mieux cerné les besoins et défini les priorités.

Au-delà de cette belle cité, Monsieur le Président, c'est à toutes les villes et communes de Madagascar que je veux donner le même témoignage d'estime, de confiance et d'amitié.

Le progrès c'est l'affaire de tous. L'Etat qui, à Madagascar, s'est engagé dans les réformes essentielles qui lui incombent. Les entreprises qui apportent initiative, innovation et emplois. Les autres partenaires, locaux ou extérieurs, qui oeuvrent dans le même esprit de responsabilités partagées et avec le même objectif de répondre aux attentes des populations.

Notre coopération, Monsieur le Président, a ainsi élargi son cercle d'intervenants et trouvé de nouveaux champs d'actions. Des maires malgaches se sont concertés avec des responsables de collectivités locales françaises sur des perspectives de développement et des modes de gestion urbaine qu'il faut imaginer alors que Madagascar va connaître une urbanisation croissante. Ce que nous avons vu ce matin, Monsieur le Président, est une bonne illustration de cette approche.

Je voudrais aussi saluer la mobilisation, à vos côtés, de partenaires non étatiques, comme les ONG "Ecoles du Monde" et "Enfants de Majunga", appuyant les efforts de scolarisation. Je tiens aussi à souligner l'engagement de collectivités décentralisées, comme Strasbourg, Mulhouse et l'IRCOD Alsace, bel exemple de coordination des collectivités d'une région pour l'action internationale.

Cette coopération fructueuse a conduit Monsieur le Président du Sénat, que je salue ici, ardent promoteur de la décentralisation et des échanges entre nos collectivités territoriales, à organiser, à Antananarivo, avec le concours de notre Ambassade, la prochaine réunion des coopérations décentralisées Madagascar-France, juste après le congrès de l'Association Internationale des Maires Francophones. Je me réjouis de ces rencontres et je le félicite d'avoir pris cette initiative.

C'est pour saluer ce renouveau dont Mahajanga témoigne, pour célébrer notre coopération et notre amitié profonde que je vous invite à mon tour à lever votre verre.

Vive Mahajanga,
Vive Madagascar,
Vive la France,
Vive l'amitié entre Madagascar et la France !





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