Allocution du Président de la République devant la communauté française (Brazzaville).

Allocution de M. Jacques CHIRAC, Président de la République devant la communauté française du Congo(Brazzaville).

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Brazzaville (Congo) - Vendredi 4 février 2005 .

Mes chers compatriotes,

Tout d'abord, merci d'être présents, et c'est pour moi un privilège de vous saluer et de vous saluer en présence de Monsieur le ministre chargé du Plan et qui, contrairement aux usages protocolaires et parce que nous sommes des amis, Congolais et Français, a bien voulu personnellement, avec l'accord du Président SASSOU NGUESSO, être des nôtres, en famille. Je salue également Monsieur Serge LEPELTIER, ministre de l'Écologie et du développement durable, présent pour les réunions qui se dérouleront à partir de demain matin sur les problèmes de la forêt.

Au cours de ma visite au Congo, et malgré sa brièveté que je regrette, je ne pouvais manquer l'occasion de vous retrouver ici, dans cette résidence historique, pour saluer à travers vous l'ensemble de la communauté française au Congo et notamment vos élus, que je ne vois pas, mais que je connais, qui sont ici aujourd'hui.

Mes remerciements vont tout particulièrement à notre Ambassadeur,
M. Jean-Paul TAÏX, qui a fort bien préparé cette visite avec nos amis congolais, et à sa charmante épouse, qui a organisé la réception qui nous réunit ce soir.

C'est toujours avec une certaine émotion que l'on revient dans cette ''Case de Gaulle'' qui fut bâtie au moment où s'organisait la France Libre, dans cette Brazzaville qui en fut la capitale de cette France Libre. Cette période héroïque reste présente dans nos mémoires ; la France -je l'ai dit à l'occasion du 60e anniversaire du débarquement de Provence-, sait ce que sa liberté doit au courage des combattants venus d'Afrique. Elle ne l'oubliera jamais. Comme elle n'oubliera pas le rôle de Brazzaville dans l'histoire et dans notre histoire.

Mes chers compatriotes, arrivé cet après-midi à Brazzaville, venant du Sénégal, j'ai, comme l'ensemble de ma délégation, été très touché malgré une pluie qui est bienvenue pour une arrivée en Afrique, chacun le sait, par l'accueil chaleureux que nous ont réservé les autorités congolaises, Monsieur le Ministre, mais aussi et la population de la capitale et qui a eu un certain mérite.

Je viens à l'invitation du Président Denis SASSOU NGUESSO, qui est pour moi un ami de très très vieille date, participer au ''Sommet sur la gestion durable des écosystèmes forestiers du Bassin du Congo''. J'aurai aussi des entretiens bilatéraux avec le Président SASSOU NGUESSO, ce soir et demain matin.

J'ai tenu, en venant à Brazzaville, à marquer spécialement tout l'intérêt de la France pour les efforts que font les pays d'Afrique Centrale en faveur d'une meilleure conservation des forêts.

Notre pays, vous le savez, accorde une priorité au développement durable. Un développement qui concilie l'épanouissement des hommes avec la protection de l'environnement et le respect de la biodiversité. J'espère que cette conférence, faite à l'initiative du Président SASSOU NGUESSO, contribuera à mieux faire connaître ces enjeux et qu'elle marquera un nouvel élan pour la conservation de la forêt africaine.

Mes chers compatriotes, vous avez choisi de vivre au Congo et, pour certains d'entre vous, depuis longtemps.

Vous y avez vécu avec le peuple congolais de grands moments, mais vous avez aussi connu des temps difficiles. De cruels conflits ont fait de trop nombreuses victimes, y compris parmi nos compatriotes. Mes pensées vont ce soir vers ceux qui ont trouvé la mort au cours de ces événements et à leurs proches ; elles vont en particulier vers le Père Guth, tragiquement disparu en 2002.

Nous avons aujourd'hui de bonnes raisons d'espérer. Le Congo se remet à l'évidence de ses blessures, et un règlement définitif de la crise du Pool est désormais proche, nous l'espérons et nous le pensons. Ici comme ailleurs, la stabilité politique est le préalable indispensable au développement économique. C'est une conviction profondément enracinée, je peux en porter témoignage, dans le cœur et dans l'esprit du Président SASSOU NGUESSO. Ici comme ailleurs, la démocratie doit s'enraciner. Le Congo repart sur de nouvelles bases : il sait qu'il trouvera toujours la France à ses côtés pour l'accompagner sur le chemin du progrès.

Déjà, votre vitalité, votre esprit d'entreprise jouent un rôle décisif dans le rétablissement de l'économie congolaise : je tiens, à cet égard, à saluer le dynamisme des compagnies pétrolières qui contribuent, par leurs explorations et leurs découvertes, à maintenir la capacité de production du Congo et à y préserver l'emploi et la croissance économique. Je comprends aussi les attentes des compagnies forestières.

Au-delà de ces deux secteurs, c'est chacune et chacun d'entre vous, qui, dans son domaine, prend part à l'essor du Congo et contribue ainsi à édifier au jour le jour un partenariat congolo-français amical et fraternel. Sachez que la France vous en est infiniment reconnaissante.

Nous savons que votre vie d'expatrié a de grandes ambitions, mais qu'elle n'est pas toujours facile. Vos représentants m'ont parlé de vos soucis en matière de sécurité, de certaines tracasseries parfois administratives, du retard dans le paiement des retraites, d'une concurrence parfois excessive du secteur informel··· Sachez que je connais vos préoccupations, et que je veillerai à l'action de la France pour les prendre en compte. J'aurai sans aucun doute à en parler dans le meilleur esprit avec le Président SASSOU NGUESSO, très ouvert à tout ce qui peut faciliter l'action et la présence des Français, ici. L'Ambassadeur est déjà mobilisé : je serai attentif à l'évolution de la situation grâce notamment aux rapports que me feront vos élus.

L'année 2005, vous le savez mes chers compatriotes, sera celle du référendum sur la constitution européenne. Permettez-moi de saisir l'occasion de cette rencontre pour non pas orienter votre choix, mais pour vous encourager à exercer très fortement, le moment venu, votre devoir de citoyen, et à vous exprimer en votre âme et conscience sur cette question cruciale pour l'avenir de notre pays.

Permettez-moi enfin, mes chers compatriotes, de vous remercier à nouveau, et de le faire de tout cœur, pour l'action que vous menez et pour l'énergie que vous déployez au service de l'amitié entre le Congo et la France. Et puisque nous sommes encore ou presque en début de l'année, je vous adresse à toutes et à tous, mes vœux de réussite professionnelle et de bonheur personnel, pour vous-mêmes et pour tous les vôtres.

Je vous remercie.





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