Intervention de M. Jacques CHIRAC Président de la République à l'occasion du Conseil consultatif de la Francophonie

Intervention de M. Jacques CHIRAC Président de la République à l'occasion du Conseil consultatif de la Francophonie

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Palais de l'Elysée - Paris le mardi 24 janvier 2004.


Monsieur le Secrétaire Général de la Francophonie, mon Cher Abdou,
Monsieur le Président, Monsieur le Secrétaire Général, mon Cher Boutros,
Messieurs les Ministres, Madame et Messieurs les Opérateurs, Mesdames et Messieurs les Membres du Conseil Consultatif de la Francophonie,
Mesdames, Messieurs,

Je suis particulièrement heureux de vous accueillir ce soir en toute amitié à l'Élysée pour la première session du Conseil Consultatif de la Francophonie.

Souvent tenues par les exigences de l'immédiat, des crises et des rapports de force, les institutions publiques ont besoin de cénacles comme le vôtre pour éclairer leurs réflexions sur les différentes situtations, sur les problèmes complexes, pour les aider à voir plus loin, pour proposer des réponses à tous les défis du présent.

Le nouveau conseil est en quelque sorte l'héritier du Haut Conseil de la Francophonie, auquel j'étais attaché par des liens d'amitié et de confiance. Ses réunions annuelles étaient pour moi l'occasion d'échanges qui remplissaient cette fonction prospective et dont j'appréciais la qualité.

Au moment où nous renforçons la présence de la francophonie dans les enceintes internationales, il m'a semblé nécessaire qu'un tel organe consultatif soit directement attaché à l'institution multilatérale qui représente notre mouvement dans le monde.

C'est chose faite à présent et je félicite vivement le Président Abdou DIOUF et notre ami Boutros BOUTROS-GHALI pour les personnalités éminentes, très éminentes, qu'ils ont convaincu de les rejoindre. Par la variété de vos parcours, par la diversité de vos origines, par l'étendue de votre expérience et de vos préoccupations politiques, économiques ou culturelles, je sais, Mesdames et Messieurs, que très vite vous vous imposerez aux francophones du monde comme une académie de référence, un de ces lieux où l'on vient chercher hauteur de vue, savoir, sagesse dans un monde qui construit son avenir à tâtons.

Permettez-moi d'évoquer, à titre d'exemple, quelques-uns des débats qui préoccupent les francophones aujourd'hui.

Le monde contemporain est marqué par le terrorisme, par la montée du ressentiment entre les peuples. Même si j'en perçois le danger, je récuse la fatalité d'un choc des civilisations. Je crois qu'il existe un antidote à ce poison et cet antidote c'est tout simplement le dialogue des cultures. Nous, francophones, issus de tous les continents et de civilisations variées, nous devons le pratiquer ce dialogue davantage entre nous, multiplier les échanges avec les grandes aires culturelles du monde, trouver des instruments efficaces pour préserver la diversité des langues et la diversité des cultures.

La diversité s'épanouira d'autant mieux que nous saurons défendre l'universalité des droits de l'homme. Il existe, il est vrai, une tension entre l'universel et le particulier. Il nous faut trouver jusqu'où doit aller la norme universelle et comment, dans le respect de l'autre mais sans concession, elle se conjugue avec le particulier des peuples et des histoires. Fiers de leurs valeurs, de la liberté conquise par leurs peuples, de la démocratie qu'ils s'attachent à construire, les francophones doivent parler d'une voix forte de ce qui forme le coeur-même de leur patrimoine commun.

Dans un monde de plus en plus ouvert, où l'écart s'accroît hélas entre riches et pauvres, la question brûlante de la solidarité internationale est de plus en plus posée et ne pourra pas longtemps être éludée. Nous devons l'aborder entre francophones, car notre engagement ne saurait ignorer cette cause. Et c'est l'ambition du Sommet de Ouagadougou.

Bien d'autres causes appelleront également votre attention et votre réflexion, au premier rang desquelles l'avenir du français et du fait francophone dans le monde et dans la vie économique internationale. Je suis convaincu que le Président Abdou DIOUF, que notre ami Boutros BOUTROS-GHALI seront d'accord avec moi pour vous engager à les aborder avec ambition, avec générosité et avec le souci de faire partager ce qui nous rassemble, c'est-à-dire l'humanisme, qui est une valeur essentielle de la francophonie.

Avant de lever le verre de l'amitié, je souhaite vous dire combien je me réjouis de notre réunion et réitérer les voeux très sincères, très chaleureux, très fraternels que je forme en ce début d'année à l'attention du nouveau Conseil Consultatif de la Francophonie et bien entendu de chacune et de chacun de ses membres.

Je vous remercie.





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