Allocution prononcée par le Président de la République lors du lancement du programme Canada-France 2004 et de l'exposition "le Canada vraiment" .

Allocution prononcée par M. Jacques CHIRAC, Président de la République, à l'occasion du lancement du programme Canada-France 2004 et de l'exposition "le Canada vraiment"

Imprimer

Cité des Sciences et de l'industrie, Paris le mardi 9 décembre 2003.


Monsieur le Premier ministre, Mon cher Jean, Madame et Messieurs les ministres, Mesdames, Messieurs, Mes Chers amis,

D'abord, mon Cher Jean, je veux te dire combien je suis heureux de lancer officiellement, avec toi, le programme Canada-France 2004 et combien je me réjouis à cette occasion de visiter cette grande exposition consacrée au Canada du XXIe siècle. Je tiens à saluer, après toi, toutes celles et tous ceux qui, par leur travail, ont permis à ce bel et ambitieux projet de voir le jour, offrant du Canada l'image forte et séduisante d'un pays dynamique, résolument tourné vers l'avenir et décidé à incarner cette aspiration, si typiquement américaine, au progrès et au bonheur pour tous.

J'éprouve également, dans cette circonstance, une certaine émotion. Cet événement est le premier de tous ceux qui, en 2004, commémoreront le 400e anniversaire du premier établissement permanent français en Amérique du nord. Peu de nations peuvent ainsi célébrer quatre siècles d'histoire commune.

Il y a un mois, les représentants de la communauté acadienne organisaient à Fontainebleau, en présence de ministres du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Ecosse, une cérémonie destinée à célébrer la remise par Henri IV, le 8 novembre 1603, du brevet de "lieutenant gouverneur au pays de la Cadie à Pierre du Gua de Monts. Ce dernier, accompagné de Samuel de Champlain et d'une centaine d'hommes, allait fonder sur l'Ile de Sainte-Croix, en juin 1604, le premier établissement français permanent. Le courage, l'esprit d'aventure, l'opiniâtreté de ces explorateurs et de ceux qui les ont suivis, leur foi dans leur mission au service de la France conduisaient, quatre ans plus tard, à la fondation de la ville de Québec qui fêtera ses quatre cents ans d'existence en 2008.

Ainsi, pendant les quatre prochaines années, allons-nous commémorer quatre siècles de découvertes et d'échanges, notamment avec les Premières Nations, des Amérindiens curieux de ces nouveaux venus et somme toute assez bienveillants, et d'ailleurs sans l'aide desquels les pionniers européens n'auraient pas pu survivre. Les liens qui unissent nos deux pays se sont nourris et enrichis de ces échanges. Ils font de la relation entre le Canada et la France une relation unique, fondée sur une communauté de langue, de culture et même de système juridique puisque l'année prochaine, nous commémorerons ensemble le bicentenaire du Code Civil.

Je ressens aussi une grande fierté aujourd'hui : ces 400 ans de changements profonds de la carte du monde et de nos sociétés tissent la trame d'une amitié ininterrompue, d'un lien qui a résisté aux tempêtes de l'histoire, d'une fraternité qu'ont magnifiquement incarnée les soldats canadiens engagés sur le sol de France, aux côtés de leurs camarades des autres nations alliées, lors des deux conflits mondiaux du XXe siècle. Les Français n'oublieront jamais ce qu'ils doivent à ces valeureux combattants venus, par deux fois, les aider à recouvrer leur liberté. Notre amitié se nourrit aussi désormais d'une coopération intense et dynamique dans les domaines aussi bien économique que culturel, scientifique, technique.

Au moment où vous vous préparez, Monsieur le Premier ministre, au moment où tu te prépares mon cher Jean, à quitter la vie politique, à mon grand regret, je tiens à dire publiquement que jamais les relations entre la France et le Canada n'ont été meilleures, jamais. Jamais les valeurs que nos deux pays ont en héritage ne nous ont autant rapprochés. Même conception des relations internationales, fondée sur la primauté du droit, sur le respect des peuples, sur les droits de l'homme, sur le rôle des Nations Unies ; même souci d'agir en faveur du développement durable, de l'Afrique et de l'environnement ; même engagement en faveur de la solidarité internationale, de la diversité culturelle et de la Francophonie.

Témoignant de notre cousinage, une Maison de l'émigration française au Canada, Maison de la généalogie, va prochainement ouvrir ses portes à Tourouvre, en Normandie. Tourouvre, d'où sont partis tant de candidats à une vie meilleure en Nouvelle-France.

Autre lieu de mémoire, cette magnifique exposition virtuelle sur la Nouvelle-France inaugurée en novembre dernier et qui, grâce à un travail exceptionnel de numérisation des archives, a permis de rassembler plus de 600 000 images et un millier de données cartographiques destinées à faire revivre l'aventure qui unit nos deux peuples. Je tiens à saluer, tout particulièrement, celles et ceux qui ont apporté leur concours à ce superbe projet. Ce défi technologique, fruit de l'étroite collaboration entre la Direction des Archives de France et les Archives nationales du Canada, est à l'image de la relation unique entre le Canada et la France.

Appelée "Horizons nouveaux, histoire d'une terre française en Amérique", cette réalisation magistrale montre à quel point ce 400e anniversaire du fait français en Amérique du nord est une incitation à nous projeter, nous aussi, vers de nouveaux horizons.

L'exposition "le Canada Vraiment" en est, à tous égards, l'illustration. Elle offre l'image d'un grand pays moderne, dynamique, multiculturel, ouvert sur l'avenir, débarrassé de certains de ses clichés folkloriques. Elle nous incite à aborder avec confiance les nouvelles frontières de la science, les défis de l'urbanisme contemporain, les questions éthiques que suscitent nos modes de vie, leur impact sur notre environnement. Elle nous invite aussi à être toujours plus ambitieux dans nos relations.

Ceux qui, par leur courage et leur persévérance, ont fait naître le fait français en Amérique du nord ; ceux qui, dans des conditions souvent difficiles, en ont assuré la survie pour en faire un des éléments de l'identité canadienne ; ceux qui ont participé à la naissance et à l'affirmation d'un grand pays moderne, nous ont laissé un héritage que nous devons faire fructifier. Cet avenir, nos jeunes vont le construire. C'est le sens de l'accord signé à Ottawa, en mai dernier, à l'occasion de la visite du Premier Ministre, M. Jean-Pierre RAFFARIN. Il va permettre à 14 000 jeunes Français et Canadiens de traverser l'Atlantique dans le cadre de programmes d'échanges et de découverte, contribuant ainsi à rendre encore plus vivante et dynamique la relation entre le Canada et la France. Merci pour le rôle essentiel que tu as eu dans cette belle initiative.

Monsieur le Premier ministre, Mon cher Jean,

L'anniversaire de la première installation de colons français en Amérique est l'occasion d'un retour en arrière émouvant et nostalgique. C'est surtout l'occasion de mesurer l'oeuvre accomplie par des générations de Canadiens avec lesquels nous, Français, sommes en pleine intelligence. Le Canada incarne aux yeux de mes compatriotes un rêve d'Amérique, où tout est possible, où chacun, à force de travail, peut trouver sa place. Un idéal de tolérance, qui apporte chaque jour la preuve que l'on peut être soi-même et en même temps ouvert aux autres.

Quelle belle leçon à l'aube de ce siècle, leçon qu'incarne le Canada et si tu me permets de le dire, une leçon que tu as si brillamment incarnée pendant tout le temps où tu en as dirigé le destin. Quel exemple pour tant de pays ! Quelle invitation à espérer en l'avenir !

Je te remercie, je vous remercie.





.
dépêches AFPD3 rss bottomD4 | Dernière version de cette page : 2006-11-21 | Ecrire au webmestre | Informations légales et éditoriales | Accessibilité