Éloge funèbre à la cérémonie d'hommage aux sapeurs-pompiers décédés à Neuilly-sur-Seine.

Éloge funèbre prononcé par M. Jacques CHIRAC, Président de la République, à la cérémonie d'hommage aux sapeurs-pompiers décédés à Neuilly-sur-Seine.1

Cour d'honneur des Invalides, Paris, le mercredi 18 septembre 2002

Monsieur le Premier Ministre, Monsieur le Préfet de Police, Mon Général, Mesdames et Messieurs,

La profonde émotion que nous éprouvons aujourd'hui est partagée par l'ensemble des Français.

Tous ont vécu avec douleur, avec stupeur, les événements tragiques qui ont coûté la vie à cinq sapeurs-pompiers de la caserne de Champerret.

Le 14 septembre dernier, ils avaient été appelés en urgence à Neuilly pour éteindre un feu qui semblait de faible importance. Alors qu'ils s'approchaient du foyer de l'incendie, deux d'entre eux sont tombés, victimes d'une explosion inattendue. Quelques minutes plus tard, une seconde explosion a touché trois de leurs camarades qui s'étaient portés à leur secours.

Il n'est pas un de nos compatriotes qui ne se sente aujourd'hui solidaire de ces cinq hommes, du deuil de leur famille et de leurs proches. Tous s'associent à l'hommage solennel qui leur est rendu par la République.

Aux familles des victimes, si cruellement frappées, à leurs amis, à leurs frères d'armes, présents sur les lieux du sinistre, à toutes celles et à tous ceux qui ont connu et aimé ces hommes, j'exprime ma profonde compassion et celle de tous nos compatriotes.

Les cinq disparus que nous honorons incarnaient la jeunesse, l'engagement. Ils avaient mis la force et le courage de leurs vingt ans au service de la vie des autres.

Ils étaient aussi l'excellence. Venus de régions différentes, ils avaient rejoint cette unité d'élite qui constitue depuis deux siècles déjà la Brigade des sapeurs-pompiers de Paris.

Au nom de tous les Français, je salue ces soldats du feu, ces soldats de la vie. Tour à tour combattants, veilleurs ou secouristes, ils s'exposaient quotidiennement au danger. Leur mort tragique nous touche au plus profond de nous-mêmes. Elle frappe la jeunesse, le dévouement, l'enthousiasme de servir.

Le sergent-chef Thomas GABREAU avait 27 ans. Originaire de la Marne, il dirigeait le groupe de trois hommes qui s'est porté au secours des victimes de la première explosion.

Le caporal-chef Mathieu IRIGOIN, 23 ans, venait des Pyrénées atlantiques. Il s'était marié le 24 août.

Le Caporal-chef Romuald MOTTIN avait 24 ans. Il avait quitté la Manche pour rejoindre la brigade des sapeurs-pompiers de Paris.

Le caporal-chef Gwenaël PILORGE avait 22 ans. Comme son père, gendarme dans le Morbihan, il avait choisi de servir nos concitoyens dans une carrière militaire.

Le caporal Benoît LARMINIER avait 22 ans. Originaire du Lot-et-Garonne, il effectuait ce samedi soir sa première sortie au feu.


Je salue la Brigade des sapeurs-pompiers de Paris, qui vient une fois encore, d'honorer si douloureusement sa devise : " Sauver ou périr ".

Je tiens à associer à cet hommage tous les sapeurs-pompiers tombés dans l'exercice de leur mission. Je pense en particulier à l'adjudant Dominique BARASCUD, disparu alors qu'il portait secours aux victimes des intempéries terribles qui viennent de ravager le sud-est de la France.

À travers eux, je veux exprimer la reconnaissance de la Nation à toutes celles et à tous ceux qui participent à la sécurité civile de nos compatriotes. Celles et ceux qui oeuvrent sous statut militaire. Mais aussi les sapeurs-pompiers civils, professionnels ou volontaires, qui portent secours aux Français sur tous les points du territoire, prenant souvent les plus grands risques pour eux-mêmes.

Les sapeurs-pompiers sont présents dans chacune des épreuves que traversent nos concitoyens. Il est juste que la communauté nationale tout entière s'associe au malheur qui les touche.

Il n'y a pas d'acte plus noble que de s'exposer pour venir au secours des autres. Les cinq hommes que nous honorons aujourd'hui sont tombés héroïquement au service de cet idéal.

Je tiens ici, dans ces lieux dédiés à la mémoire des combattants, à leur exprimer une nouvelle fois, ainsi qu'à leur famille et à leurs camarades, la douleur et l'hommage de la Nation.





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