Discours du Président de la République pour le centenaire de la mort d'Émile ZOLA.

Discours de M. Jacques CHIRAC, Président de la République, pour le centenaire de la mort d'Émile ZOLA.

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Médan, Yvelines, le dimanche 6 octobre 2002

Monsieur le Ministre, Monsieur le Maire, Messieurs les Présidents de l'Association pour le rayonnement de l'oeuvre d'Émile ZOLA et de la Société littéraire des amis d'Émile ZOLA, Mesdames, Messieurs les Élus, Mesdames, Messieurs,

C'est un rendez-vous, Pierre BERGÉ vient de le dire, émouvant de l'histoire et de la littérature qui nous rassemble aujourd'hui, ici, à Médan, autour du souvenir d'Émile ZOLA. Médan, si fortement imprégnée de la personnalité de l'écrivain. Médan qui était pour lui un havre de paix, un refuge dans le tourbillon des passions. Médan où, pendant plus de vingt ans, il connut le bonheur, j'imagine le plus intense pour lui, celui d'écrire et d'écrire au moins une ligne chaque jour.

ZOLA vient d'achever Vérité, le troisième de ses Quatre Évangiles, lorsqu'il quitte Médan pour Paris le 28 septembre 1902. Nous connaissons la suite. Il n'y reviendra plus. C'était il y a cent ans.

Le 5 octobre, une foule immense accompagne le cercueil de l'écrivain au cimetière de Montmartre. Au peuple de Paris se mêlent des admirateurs venus de toute la France et, parmi eux, une délégation de mineurs de Denain. Aux cris hostiles qui se font entendre, ils répondent en scandant "Germinal ! Germinal !". Cette reconnaissance des humbles, tandis que la République hésite encore à honorer ZOLA, est à l'image du siècle qui va suivre. Un siècle de succès et d'enthousiasme populaires auxquels a trop longtemps répondu la distance réservée des institutions.

Aujourd'hui, j'ai souhaité, sur la proposition du Président BERGÉ, du Président MITTERRAND, au nom de la République, rendre un hommage solennel à celui qui fut l'un des plus grands romanciers du XIXe siècle ; l'un des plus populaires, avec Alexandre DUMAS que nous célébrerons bientôt ; le héraut farouche du droit, de la justice et de la liberté, avec Victor HUGO, à qui nous rendions hommage au printemps.

Au moment où la France vient de rappeler avec force son attachement aux valeurs de la République et son rejet de tous les extrémismes et de toutes les exclusions, j'ai voulu, avec vous, saluer la mémoire de celui qui fut, au tournant du siècle dernier, l'un des symboles les plus admirables du combat pour les principes et pour les idéaux qui fondent notre nation.

Car parler d'Émile ZOLA, c'est en réalité parler tout simplement de la France. De cette France terre d'accueil qui a toujours su s'enrichir du talent de celles et de ceux qui l'ont rejointe et qui ont fait le choix de ses valeurs. De cette France dans laquelle chacun doit pouvoir trouver sa chance et s'imposer par son mérite. De cette France qui, avant d'être un territoire, est une langue, une idée, un idéal de justice et de liberté. C'est de cette France dont ZOLA est le fils. C'est à travers la défense de ces valeurs qu'il est aujourd'hui notre contemporain.




Émile ZOLA demeure l'un des écrivains préférés des Français. Pourquoi cette extraordinaire popularité ? Pourquoi cette fidélité ? Pourquoi les Français lui gardent-ils un coin de leur coeur ? Eh bien, parce que l'écriture, l'oeuvre, la vie de ZOLA sont parcourues d'un formidable élan vital. Et parce que la vie s'incarne dans la liberté, elle est pour ZOLA la première des conquêtes.

Liberté de pensée, liberté d'agir, liberté d'écrire. À peine entré en journalisme, Émile ZOLA n'a qu'un rêve : conquérir l'indépendance et vivre de ses écrits. Les journaux paient mal mais il est jeune, confiant dans son imagination, ses goûts, la vigueur de sa pensée et celle de sa plume. Il s'est choisi ses compagnons. De jeunes peintres en rupture de Salon : MANET, MONET, PISSARO, RENOIR, que FANTIN-LATOUR a immortalisés dans son célèbre Atelier des Batignolles. Tous se retrouvent au café Guerbois pour vitupérer l'académisme et rêver de nouveauté, de motifs inédits, de paysages palpitant de couleurs.

Liberté à l'égard des modes et des conformismes. De ses années de bohème et parfois de misère, il garde le goût des avant-gardes. À son ami d'enfance, Paul CÉZANNE, il confie son insatiable curiosité et son refus absolu de s'asservir aux disciplines institutionnelles. Il défend dans ses chroniques les paysagistes, s'exclame : "La place de Monsieur MANET est au Louvre" et s'aliène les tenants de l'art officiel.

Liberté de l'inspiration aussi. De sa jeunesse, ZOLA garde le souvenir des promiscuités misérables. Années difficiles, violentes, qui vont nourrir toute son oeuvre et aussi son style.

Liberté dans l'écriture. Un mot-drapeau a surgi : le naturalisme. Le style puissant et rude de ZOLA en est en quelque sorte l'incarnation. Crudité des images, force irrépressible qui gouverne les éléments et les êtres, vérité sans fard des gestes et des mots : l'écrivain cède à sa fascination du réel, de la nature, des corps, des couleurs et des bruits, et s'engage viscéralement. Jusqu'à la fin, ZOLA respectera ce commandement qu'il s'est donné : "Pas un jour sans une ligne".

Liberté enfin dans le combat politique, contre l'autocratie, pour la République et ses valeurs. C'est cette liberté, ce courage et cette force de conviction qui font de ZOLA un pionnier, de ceux qui ouvrent la voie et qui éclairent l'histoire des hommes.




La loi du 11 mai 1868 a libéralisé le régime de la presse. Émile ZOLA est de ces pamphlétaires qui s'engouffrent dans la brèche. Partout, de nouveaux journaux voient le jour, républicains pour la plupart. Parmi ceux-ci, La Tribune et La Cloche accueillent ZOLA. Sans appartenir vraiment au sérail où se recrutera le personnel républicain, sans avoir la fougue militante d'un VALLÈS ou, plus tard, d'un JAURÈS, il est à sa manière un vrai réfractaire. Rappelant sans trêve les origines sanglantes de l'Empire, fustigeant les débauches et les corruptions de la société impériale, il mène d'une plume acerbe son opposition à lui, qui n'est pas celle d'un parti, mais celle d'un moraliste indépendant, d'un polémiste qu'on surveille et qu'on craint, d'un juste, quand la justice n'intéresse guère, ou si peu de monde.

À la même époque, ZOLA est entré dans l'écriture romanesque. Avec Madeleine Férat et après l'immense succès de Thérèse Raquin, il met un terme à un premier cycle de romans fondé sur une vision tragique de la femme et du couple. Le combat politique et social qu'il mène dans la presse va sous-tendre aussi son oeuvre littéraire. Le voilà lancé dans la grande aventure des Rougon-Macquart, son cycle monumental de la famille et de la scène sociale, sa Comédie humaine.

ZOLA n'a que trente ans. Il a longuement étudié les lois de l'hérédité et a conçu l'idée d'un cycle de dix romans, racontant l'histoire d'une famille sous le Second empire et traversant, pour les dépeindre, tous les milieux. La famille aura deux branches, l'une légitime, l'autre bâtarde : son histoire est celle d'une marche forcenée vers tous les pouvoirs et toutes les jouissances, l'histoire aussi d'une descente vers toutes les déchéances.

Puis c'est la guerre, Sedan, l'effondrement de l'Empire, la République proclamée, l'approche des Prussiens. À Bordeaux puis à Versailles, où siègent le Gouvernement et l'Assemblée nationale, ZOLA est aux premières loges du théâtre politique. Il côtoie de très près les grandes figures de la République et se fait chroniqueur parlementaire. Alors viennent les désillusions : avec la brutalité de la Commune, avec les atrocités de la répression et la chape de plomb de l'ordre moral. Après THIERS, MAC MAHON ! Après l'Empire, la République des ducs et des pairs, dans l'espoir d'une restauration monarchique.

ZOLA écrit alors L'Assommoir qui impose des images perturbatrices, bouleversantes pour la bonne conscience puritaine et conservatrice. Pot-bouille dénonce les combinaisons, les mariages arrangés, les héritages détournés. ZOLA y dresse un "acte d'accusation violent contre la société française".

Pour se consacrer à l'écriture, il s'est éloigné de la presse. Au fil du temps, il a pris ses distances avec la politique. Il s'en méfie. S'il lui arrive encore d'intervenir publiquement, sa plume fait mal. En 1885, il a pris fait et cause pour Louis DESPREZ, un jeune écrivain emprisonné pour un roman anticlérical et qui en meurt. Les arguments de ZOLA sont ceux des droits de l'Homme : la liberté d'expression, le droit à la vérité, la même justice pour tous. Ils sont servis par une force logique et par un mouvement rhétorique qui le font redouter et lui bâtissent une stature.

Alors surgit Germinal. Le grand cri des "bouches noires" déchire le ciel littéraire qui va en être marqué à jamais, comme le monde ouvrier qui s'identifie aux mineurs de Montsou. Victor HUGO, qui vient de mourir, y aurait sans doute reconnu ses Misérables.

Un an auparavant, une grande grève avait bloqué les mines d'Anzin. ZOLA s'y était rendu, interrogeant les mineurs et leurs femmes, assistant aux réunions syndicales, rencontrant les dirigeants de la grève et les ingénieurs et descendant au fond. Jamais avant lui, romancier n'avait observé d'aussi près la condition ouvrière.

Dans la ligne de Germinal, ZOLA aborde, avec La Terre, les difficultés du monde paysan, sa rudesse, son âpreté, ses haines ancestrales qui déchirent les familles et les conflits avec les grands propriétaires. Alors que la lutte contre les exclusions reste plus que jamais un devoir et un impératif pour notre pays, l'oeuvre de ZOLA nous rappelle, avec une vigueur sans égale, la longue route du combat pour la justice et le progrès social.

En vingt ans, ZOLA s'est imposé dans le monde des lettres. Il est le plus en vue des écrivains mais aussi le plus contesté, et parfois le plus honni. On l'admire ou on le déteste mais partout on reconnaît la fermeté de ses positions, sa défense farouche des libertés intellectuelles, une défense qu'il paiera. Dix-neuf fois, l'Académie française lui dit non.

Lorsque le capitaine DREYFUS est arrêté, le 1er novembre 1894, ZOLA visite l'Italie. C'est l'époque où, enthousiasmé par Rome, il est, à son retour, qualifié par ses adversaires d'apatride. "De toutes les injures reçues, il ne me manquait plus que celle-là ; maintenant, ironise-t-il, je l'ai, ma collection complète". Déjà, le climat politique, l'atmosphère de haine, un nationalisme exacerbé par la soif de revanche, les scandales, la tentation boulangiste, déjà les injures publiques réunissent DREYFUS et ZOLA sous la même bannière, le Juif et le "Vénitien déraciné" comme l'appelle BARRÈS.

ZOLA réagit. Il donne au Figaro un article remarqué, intitulé "Pour les Juifs", où s'esquisse le grand combat qui vient.




Ce combat, ZOLA le livrera parce qu'il est un homme profondément blessé par l'injustice et par la souffrance. Cette souffrance sociale qu'il a endurée lui-même dans la pauvreté. Mais c'est bien au-delà de son expérience personnelle qu'il pose, à sa façon, la question sociale, qu'il éprouve pour la misère une compassion qui va jusqu'à la révolte. "Je ne puis songer à la souffrance de tout ce qui vit, écrit-il dans l'une de ses chroniques, sans me sentir au coeur je ne sais quelle immense miséricorde et quel besoin de vengeance".

La révolte de ZOLA n'est pas amertume ou ressentiment. Elle est générosité. Il croit à la force de la tendresse pour construire une société de fraternité et de paix. Il se méfie des extrêmes, des ultras, de ceux qu'il appelle les "exaltés". Il n'est ni un révolutionnaire, ni un violent. Pour lui, le progrès social est une patience.

Il fonde de grands espoirs sur le progrès technique, celui des machines et des sciences. Il croit en l'éducation, en l'enseignement républicain. Pour lui, là est l'urgence : élever les enfants en "citoyens dignes et libres", en s'adressant "uniquement à leur coeur et à leur intelligence", en cultivant chez eux l'esprit critique.

C'est enfin un homme profondément épris de paix et que la guerre révolte. ZOLA l'exprimera avec force dans ses Quatre Évangiles, oeuvre utopique que sa mort laisse inachevée, où se dessine une puissante vision d'avenir. ZOLA y pressent les grandes lois sociales qui vont marquer notre XXe siècle. Il entrevoit les grands fléaux modernes : le totalitarisme, les destructions et les massacres d'une guerre mondiale.

Il imagine, dans Justice, les institutions qui empêcheront ou apaiseront les conflits internationaux. Il esquisse, pour conjurer les rivalités européennes, une fédération de nations, une Europe unie. À l'échelle du monde, il envisage un arbitre suprême, préfiguration même de l'ONU. Le voilà, le rêve politique, social, humain de ZOLA, son utopie généreuse, son espérance d'un monde s'abîmant "dans un immense baiser universel".

Sa passion de la vérité se confond avec son souci de l'avenir. Dénoncer les faux-semblants, les petites et grandes lâchetés, les injustices et les mensonges, pour ZOLA, c'est consolider la République sur ses bases. Réveiller l'opinion, rendre son honneur à DREYFUS, c'est rendre son honneur à la France.

Voilà qui est ZOLA, à la veille de lancer son "J'accuse".




Le 13 janvier 1898, c'est la première secousse du violent séisme qui va marquer la fin d'un siècle et la fin d'une époque. ZOLA a tout pesé. Il pousse l'adversaire à la faute. "J'ai choisi un journal au lieu d'une brochure, confie-t-il à ses proches, pour me faire faire un procès de presse. Je voulais dérouler toute l'affaire en pleine lumière".

"J'accuse" est le point d'orgue d'une campagne commencée depuis un an. Dans son article du Figaro, que j'évoquais tout à l'heure, ZOLA a fustigé les féroces attaques menées par La France juive et La Libre Parole de DRUMONT. Il en a dénoncé "la monstruosité, en dehors de tout bon sens, de toute vérité et de toute justice". À l'hiver 1896, il a rencontré Bernard LAZARE qui vient de publier Une erreur judiciaire. Mathieu DREYFUS a commencé sa campagne en faveur de son frère et déjà circulent les premiers échos des découvertes du Lieutenant-Colonel PICQUART. Bientôt, ZOLA, convaincu de l'innocence de DREYFUS, élabore un plan d'action. Il a l'habitude des batailles difficiles, il a une expérience sans pareille de la polémique. S'il s'engage, alors tout peut basculer.

Contre "le poison de l'antisémitisme", il donne une première série d'articles au Figaro. Puis paraît dans L'Aurore sa lettre ouverte au Président de la République. Aujourd'hui encore, on est frappé de stupeur et surtout d'émotion devant sa péroraison saccadée, son implacable réquisitoire, son acte d'accusation froid et direct qui nomme les responsables et leurs fautes, et qui gronde comme le tonnerre ! Quelle provocation inouïe, en un temps où la nation ne voit que par son armée et par ses chefs ! On crie au factieux. La défense de DREYFUS s'effraie. Fallait-il frapper si fort ? C'est tout le génie de "J'accuse" d'avoir bousculé des hommes assurés de leurs pouvoirs, d'en avoir appelé au peuple à travers le chef de l'État, d'avoir obligé le camp adverse à se découvrir jusqu'à offrir une tribune aux dreyfusards à travers un retentissant procès.

À son corps défendant, de son procès à son retour victorieux, après plus d'un an d'exil, Émile ZOLA a conduit et remporté l'immense bataille, la bataille de l'honneur. De proche en proche, il a fait tomber les masques, retourné l'opinion, obtenu la révision du procès du capitaine injustement accusé et finalement cette réhabilitation qu'il ne verra pas. PICQUART, DREYFUS, ZOLA, que presque tout séparait, se sont trouvés unis par la grandeur et la force d'un idéal qui transcendait leurs différences : le respect du devoir et la fierté de leur pays. Ils ont changé le visage de la France.




Après l'affaire Dreyfus, rien n'est plus pareil. Dans la lignée d'un Voltaire, celui de l'affaire Calas, ou d'un Victor HUGO, celui de l'abolition, à la seule force de sa plume et de sa conviction, ZOLA a brisé l'engrenage de l'injustice. C'est le triomphe de la France humaniste, celle des Lumières, des idéaux révolutionnaires, de l'égalité de tous devant la justice et la loi. Une France fraternelle qui crie "Vive DREYFUS !" par goût profond de la vérité, par amour de la fraternité et par refus des haines, raciale, religieuse, xénophobe et antisémite. Cette France généreuse, ouverte sur le monde, cette France que nous aimons quand elle sait accueillir en son sein, dans le creuset de la République, toutes les diversités qui ont fait et feront son génie comme l'illustre si bien l'itinéraire d'un ZOLA. Lui, le fils d'un ingénieur italien, l'orphelin de père, le déclassé, le boursier qui laissera à notre pays une oeuvre immense et qui l'honore tant.

Emmenés par ZOLA, les intellectuels ont pris conscience de leur pouvoir et de leur devoir. Une lame de fond s'est levée. Honni, bafoué, ZOLA a suscité aussi l'immense admiration des plus grands. Pendant le procès, au plus noir de l'épreuve, Stéphane MALLARMÉ se dit "pénétré par la sublimité de son acte". L'un de ses plus farouches adversaires, Maurice BARRÈS, ne peut que s'incliner devant son courage. Charles PÉGUY s'enthousiasme : "Aucun cri, aucun chant, aucune musique n'est chargée de révolte enfin libre comme Vive Dreyfus !" Après la condamnation de ZOLA, Jules RENARD écrit son émotion et son désarroi : "À partir de ce soir, je tiens à la République, qui m'inspire une tendresse que je ne me connaissais pas. Je déclare que le mot justice est le plus beau de la langue des hommes, et qu'il faut pleurer si les hommes ne le comprennent plus".

Enfin, souvenons-nous de l'adieu d'Anatole FRANCE à ZOLA, de son ultime salut au patriote, à l'humaniste et à l'homme d'honneur, de ses mots forts qui disent tout : le génie, l'âme, l'éternité de la France, seul "pays au monde dans lequel ces grandes choses peuvent s'accomplir. "Ne le plaignons pas d'avoir souffert, devait-il déclarer. Envions-le : il a honoré sa patrie et le monde par une oeuvre immense et par un très grand acte. Envions-le, sa destinée et son coeur lui firent le sort le plus grand : il fut un moment de la conscience humaine".




Mesdames, Messieurs, cent ans après, nous voici réunis pour dire tout simplement et fortement notre fierté qu'à travers l'un de ses plus grands écrivains, notre pays ait incarné un moment de la conscience humaine, comme il a eu souvent l'occasion de le faire et comme il le fera encore.

Dans les premières années du XXe siècle, la France, grâce au combat d'Émile ZOLA, parvenait à vaincre ses propres ténèbres. ZOLA, militant de l'espérance et du mouvement, en un mot militant de la vie, face aux tenants du repli. ZOLA, chantre de l'ouverture et de l'audace, face aux doutes et aux peurs. ZOLA, bâtisseur de mondes, confiant dans l'avenir et dans la jeunesse, cette jeunesse sur laquelle il fonde tant d'espoirs et qu'il implore de demeurer passionnée, sincère, libre et généreuse.

En ces premières années du XXIe siècle, nous souvenir d'Émile ZOLA, c'est bien sûr saluer l'auteur d'une oeuvre inoubliable, mais c'est surtout, je vous le dis, rappeler que ces combats républicains sont toujours d'actualité, qu'ils sont toujours les nôtres. C'est rappeler que les hommes ont des droits. Que la liberté, la justice, la vérité, la paix sont des conquêtes partout et toujours menacées. C'est affirmer notre capacité de conserver sur nous-mêmes, sur notre histoire, sur notre présent, un regard lucide, généreux, courageux. C'est dire notre refus des extrémismes, de tous les extrémismes, des anathèmes et des exclusions, notre confiance dans les valeurs qui nous unissent et notre volonté de bâtir ensemble un monde de progrès, de tolérance et de justice.

Mesdames et Messieurs, je vous remercie.





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