Message du Président de la République à l'occasion du 3e salon d'EMMAüS.

Message de M. Jacques CHIRAC, Président de la République, à l'occasion du 3e salon d'EMMAüS.

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Palais de l'Élysée, Paris, le dimanche 2 juin 2002

Cher Abbé Pierre, Monsieur le Président d'Émmaüs France, Monsieur le Président d'Émmaüs International, Monsieur le Secrétaire de l'Organisation internationale de la francophonie, Mesdames et Messieurs,

Je salue chaleureusement les participants à ce troisième salon d'Emmaüs venus partager ce moment d'amitié, d'échange et de générosité. Puisse votre mobilisation de ce jour en faveur d'Emmaüs International accroître encore l'efficacité de votre action pour faire reculer la misère dans le monde.

La lutte contre la pauvreté est hélas partout une priorité. Ce qu'on appelle la mondialisation doit bénéficier à tous. Les pays en développement doivent trouver toute leur place dans le mouvement du monde. C'est une exigence morale à laquelle notre pays est profondément attaché et en faveur de laquelle nous devons totalement nous engager.

La première priorité est de libérer les pays pauvres lourdement endettées d'un fardeau qui les prive de toute perspective de progrès. C'est pourquoi je reste très attentif à ce que la France joue un rôle moteur dans l'effacement de la dette de ces pays. Nous devons aussi fortement accroître notre aide au développement. Je souhaiterais que cette augmentation soit de l'ordre de 50 % d'ici cinq ans. L'efficacité de nos projets peut également être améliorée, en faisant des pays bénéficiaires des acteurs à part entière.

Au-delà, c'est une vision plus humaine de la mondialisation qu'il nous faut défendre pour faire reculer la pauvreté. Au sommet qui se tiendra à Johannesburg en septembre, le plaiderai à nouveau pour une mondialisation qui intègre véritablement toutes les dimensions sociales, sanitaires, éducatives du développement. En outre, comme je l'avais annoncé devant vous l'an passé, la France proposera à ses partenaires d'organiser en 2003, un sommet représentatif de la diversité des pays du monde, faisant toute leur place aux nations les plus pauvres.

Ces initiatives ne peuvent donner réellement leur mesure que si elles sont relayées sur le terrain par le travail des associations et des bénévoles.

Depuis des décennies, Emmaüs s'est engagée dans cette voie. Fidèle à ce compagnonnage qui est sa marque et qui le rend si cher à notre coeur, votre mouvement s'attache à répondre aux besoins croissants qui s'expriment sur tous les continents. Actions humanitaires, jumelages, échanges, micro-projets, toutes ces initiatives illustrent et confortent de façon remarquable le message de la France en matière de défense des droits de l'Homme.

Le combat contre la misère et pour la dignité de tous les hommes est aussi prioritaire dans notre pays.

Ce combat, c'est évidemment le vôtre. C'est celui de vos 4 000 compagnons et de vos 5 000 bénévoles qui offrent à ceux qui sont dans la détresse et le dénuement un toit, des vêtements, un travail, mais aussi une écoute et un regard fraternel.

Malgré la force de votre engagement, malgré notre système de protection sociale et d'assistance, beaucoup reste encore à faire pour que reculent davantage la pauvreté et la précarité qui frappent des millions de Français, en particulier de plus en plus de jeunes.

Les centres d'hébergement, par exemple, sont dépassés par l'afflux de personnes en grande précarité parmi lesquelles on constate un nombre croissant de demandeurs d'asile. Pour permettre à nos dispositifs d'accueil d'urgence de jouer pleinement leur rôle, nous devons apporter des réponses humaines et efficaces au problème de l'afflux des réfugiés et nous devons le faire dans un cadre européen.

Nous avons aussi à faire face au développement de la mendicité et de la prostitution dont sont victimes des enfants et des jeunes venus notamment d'Europe de l'est et d'Afrique. Face à cette situation intolérable, il faut bousculer les pesanteurs administratives et agir en urgence pour protéger ces enfants. Madame VERSINI en a fait une de ses toutes premières priorités. Je soutiendrai résolument son action.

Il faut aussi permettre à tous de retrouver le chemin de l'emploi. Dans ce domaine, il n' y a pas de recette miracle. Aucune situation d'exclusion ne ressemble à une autre. Agir en profondeur contre la pauvreté, c'est faire du "sur-mesure" à partir des réalités, des difficultés et souvent des souffrances de chacun.

Cette exigence sera, je le sais, au coeur de l'action du nouveau gouvernement.

On ne peut pas accepter que dans près de la moitié des cas, l'attribution du RMI ne soit pas accompagnée de la conclusion d'un contrat d'insertion, alors que la loi le prévoit. Tous les allocataires du RMI devront de voir proposer un véritable contrat d'insertion. Il faut aussi mieux valoriser et récompenser le travail et le mérite. Celui qui retrouve un emploi doit, en toute circonstance, être assuré de voir son pouvoir d'achat augmenter. Il n'est pas acceptable que, dans un quart des cas, un allocataire du RMI perde de l'argent en reprenant un emploi.

Enfin, nous devons conduire une action résolue pour permettre à tous les jeunes d'accéder à l'emploi. Ils n'attendent pas de l'assistance mais ils veulent être aidés à tracer leur propre chemin. Le gouvernement de Monsieur RAFFARIN est déterminé à agir en ce sens.

Chers Amis, C'est par le respect de la dignité de l'Homme, par la reconnaissance et la valorisation des richesses que recèle chaque être humain que l'on favorise le recul de la misère, l'engagement pour soi et au service des autres. Ce message de profond humanisme que porte Emmaüs et qu'incarne l'Abbé PIERRE depuis tant d'années reste plus que jamais d'actualité. À vous tous -bénévoles et responsables associatifs- qui chaque jour exprimez la force et la vérité de ce message, je tiens à exprimer ici ma chaleureuse gratitude et ma profonde estime.

Jacques CHIRAC





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