Allocution de M. Jacques CHIRAC Président de la République devant la communauté française (New York)

Allocution de M. Jacques CHIRAC Président de la République devant la communauté française

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New York - États-Unis, mercredi 19 september 2001.


Mes chers compatriotes,

Une semaine après le drame, je sais que vous portez en vous une part d'indicible. Ce sont des images d'horreur restées dans vos mémoires comme la poussière et la cendre sur les visages et les vêtements des victimes. C'est le souvenir d'un proche, d'un ami, dont vous n'avez plus de nouvelles. C'est le deuil de toute la ville de New York que vous portez dans votre coeur. Une ville sauvagement agressée, défigurée, blessée. Mais une ville digne et fière, décidée à surmonter la tragédie.

Chaque jour, chaque heure, New York démontre combien grandes sont ses ressources humaines et spirituelles. New York fait la preuve de sa vitalité, de son énergie intacte, de son courage inentamé et aussi de sa fraternité. Devant cette volonté, les terroristes doivent savoir qu'ils ont frappé en vain.

Au lendemain de l'un de ces crimes abominables qui révoltent la conscience, je suis venu saluer les New Yorkais. Et je veux leur dire, au nom de la France, que je m'associe à leur deuil, à ces morts innocents, à toutes ces victimes, ces milliers de vies fauchées, ces familles brisées, ces orphelins marqués à jamais par la haine et la folie. Mes premières pensées -chacun le comprendra- vont bien sûr aux Français, blessés ou disparus. * À New York, ville-phare de la liberté, du brassage des cultures et des peuples, de l'espoir et de l'inventivité humaine, ville cosmopolite que tant de liens unissent à notre pays, je veux témoigner de notre amitié, de notre confiance, de notre espérance : New York se redressera, plus belle, plus forte. New-York, plus que jamais, incarne le rêve américain.

Mais par ma voix, et c'est aussi le sens de ma visite, la France veut témoigner à son allié de toujours, l'Amérique, sa solidarité, sa fraternité dans l'épreuve.

On ne marchande pas avec le terrorisme. Les auteurs de ces actes barbares et leurs complices doivent être trouvés et châtiés conformément au droit. Je l'ai dit au Président BUSH et au Secrétaire général des Nations Unies : la France, en première ligne dans le combat contre les réseaux terroristes internationaux, sera dans cette lutte aux côtés de l'Amérique.

Il faut maintenant tirer toutes les leçons de cette tragédie. Aveuglés par la haine, ces terroristes sont prêts à tout pour parvenir à leurs fins.

Organisés, disposant de moyens considérables liés à la drogue, au crime et à la corruption, ils maîtrisent aussi les technologies les plus modernes et savent jouer de toutes les possibilités qu'offre la mondialisation, et de toutes les libertés qu'assurent nos démocraties.

Mais contre ce fléau à l'apparence insaisissable, nos sociétés ne sont ni démunies, ni impuissantes. Notre efficacité dépend de notre unité et de notre détermination. C'est affaire de courage et de volonté. Face à l'horreur des attentats de Washington et de New York, le monde doit se rassembler contre le terrorisme.

Dans nos sociétés de tolérance et d'ouverture, de libertés conquises au fil des siècles, il faut tracer avec fermeté la limite entre l'acceptable et de l'inacceptable. Rien ne justifie l'incitation à la haine. Rien ne justifie le recours à la violence aveugle qui frappe toujours des innocents, une violence qui n'est pas de l'ordre du combat mais qui est de l'ordre du crime. * Mes chers compatriotes,

Nous admirons tous l'esprit de communauté des New Yorkais dans l'adversité. Ils sont l'âme et la force de leur ville. Je rends hommage à l'extraordinaire courage des secouristes de la police et des pompiers de New York. Je m'incline devant leur sacrifice. Je salue l'action exemplaire du maire de New York, M. GIULIANI.

Je sais l'épreuve que vous vivez. Vous aimez New York. Vous y êtes venus pour partager l'aventure de cette ville unique au monde. C'est votre sens de l'initiative, votre dynamisme qui vous ont conduit ici. Ce sont ces mêmes qualités qui vous rendent forts aujourd'hui. Pour affronter la tragédie traversée par la ville et pour épauler ceux qui, autour de vous, ont perdu un être cher.

Mais vous n'êtes pas seuls. C'est toute la France qui vit ce drame avec vous. L'ambassade, le consulat général se sont mobilisés jour et nuit pour vous aider, en liaison permanente avec la cellule de crise du ministère des affaires étrangères qui a réagi efficacement et sans délai. Depuis le 11 septembre, tous les Français ont dans leur coeur une part d'Amérique.

Ensemble, nous ferons face.

Ce crime est lâche. Ce crime est vain. Votre mémoire, notre mémoire restera meurtrie. Mais déjà New York se relève.

Que vive New York Vive les États-Unis Vive la France.





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