Discours du Président de la République en réponse au mot d'accueil prononcé le Maire de Caen.

Discours de M. Jacques CHIRAC, Président de la République, en réponse au mot d'accueil prononcé Mme Brigitte LE BRETHON, Maire de Caen.

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Hôtel de ville de Caen, Calvados, le jeudi 5 avril 2001

Madame le Maire, Chère Brigitte LE BRETHON, Mesdames et Messieurs les élus municipaux, Monsieur le Préfet,

Vous me permettrez, Madame le Maire, de saluer chaleureusement le Président du Conseil régional, la Présidente du Conseil général, les parlementaires, les élus et les personnalités qui ont répondu à votre invitation.

Et je vous remercie, chère Brigitte LE BRETHON, de cet accueil que vous me réservez, de ces paroles d'amitié. Une amitié dont votre région normande a un peu le secret quand il s'agit de l'exprimer.

Je suis à mon tour très heureux d'adresser à votre assemblée mes biens cordiales félicitations et salutations. Je tiens plus particulièrement à vous exprimer mon amicale estime, Madame le Maire, sentiment que j'adresse aussi de tout coeur à mon ami, Jean-Marie GIRAULT, qui présida pendant trente et un ans -qui pourrait l'imaginer en le voyant- les destinées de la belle et bonne ville de Caen.

En prenant aujourd'hui la suite, avec la volonté de poursuivre et de faire fructifier l'oeuvre accomplie, la nouvelle équipe municipale de Caen incarne le renouvellement étayé par l'expérience.

Votre réussite témoigne de l'aspiration des Caennais, vous l'avez évoqué tout à l'heure, une aspiration que je crois partagée par tous les Français, à une vie démocratique apaisée. Que cette dynamique soit incarnée, comme ici, par une femme de conviction et de proximité, me réjouit tout particulièrement.

Si je suis venu à Caen aujourd'hui, c'est pour vous exprimer ma confiance dans l'avenir de votre ville au sein d'une région ambitieuse, et c'est pour rencontrer celles et ceux qui travaillent à son développement.

Caen offre le visage d'une cité équilibrée et moderne, à la fois attachée à son passé, innovante, et soucieuse de la qualité de la vie de ses habitants. C'est de la poursuite constante de ces trois objectifs qu'est né le dynamisme d'un territoire dont l'identité est forte et marquée.

L'histoire de Caen est faite de contrastes aussi violents que ceux qui caractérisent, certains jours de printemps, les ciels de votre Normandie. L'attachement des Caennais pour leur passé n'a donc rien d'anodin, rien d'exclusif non plus. C'est un héritage qui s'offre en partage, qui se veut fécond et qui porte témoignage pour l'avenir.

Guillaume le Conquérant, bien sûr, héraut et symbole de cette région, s'impose encore aujourd'hui comme l'un des plus remarquables bâtisseurs et unificateurs de l'occident médiéval. À Caen, l'esprit de conquête et l'élan créatif continuent à faire battre les coeurs et je crois que là est la force des Caennais.

Mais Guillaume saura aussi imposer la paix et l'unité aux barons de Normandie, puis au sein du royaume d'Angleterre sur lequel il régna seulement pendant vingt ans, cher Jean-Marie GIRAULT.

Cette abbaye-aux-Hommes, lieu extraordinaire où nous nous trouvons aujourd'hui, est le fruit d'une volonté de Guillaume de construire l'avenir sur la réconciliation et sur la confiance.

Les élus de Caen mesurent, j'en suis sûr, le privilège immense qui est le leur de travailler dans un ensemble chargé d'histoire et par ailleurs remarquablement restauré. Non loin d'ici, la tout aussi prestigieuse abbaye-aux-Dames, fondée par la jeune épouse de Guillaume, accueille les élus du conseil régional de Basse-Normandie que je salue à nouveau à travers vous, Monsieur le Président, cher René GARREC.

Avec le château ducal, qui abrite un très remarquable musée des beaux-arts et qui fait l'objet d'un grand projet de réhabilitation, les Caennais disposent donc d'un patrimoine tout à fait exceptionnel.

Fiers d'un passé glorieux, les Caennais sont également attachés, je crois, au souvenir des heures les plus sombres.

C'est ainsi qu'est né, à votre initiative, cher Jean-Marie GIRAULT, le mémorial de Caen dont je posai la première pierre à vos côtés, il y a presque quinze ans. Au coeur d'un véritable musée à ciel ouvert qui réunit tous les sites normands du débarquement allié, ce mémorial perpétue remarquablement, pour les générations à venir, le souvenir de la terrible bataille et des sacrifices de juin 1944.

Vous avez su donner à ce lieu de mémoire une dimension exceptionnelle, permettant à tous les âges et à toutes les nationalités d'être profondément touchés par son message de paix.

Caen, à travers les siècles et les épreuves en conservant son esprit de conquête, a gardé aussi un dynamisme étonnant.

L'agglomération caennaise constitue aujourd'hui un environnement attractif pour les entreprises françaises et étrangères. J'en ai sans cesse le témoignage.

Votre ville, que l'on surnommait autrefois " l'Athènes normande " et qu'aimait la marquise de Sévigné pour tous les " beaux esprits " qu'on y rencontrait, votre ville, qui fonda l'une des premières universités de France, est devenue un pôle international de formation. Son Université et ses grandes écoles proposent à de très nombreux étudiants français et étrangers des formations diverses de très haute qualité.

Ce pari sur l'intelligence s'accompagne d'une politique d'encouragement aux investissements et d'un véritable pari technologique et scientifique. En témoignent le remarquable parc d'activités technologiques dont Caen s'est doté et aussi votre pôle de recherche, l'un des plus dynamiques de France.

Installé à Caen, à l'initiative de Michel d'ORNANO, le grand accélérateur national d'ions lourds, le GANIL, assure à notre recherche publique, dans le domaine de la physique des noyaux, un rayonnement mondial. L'excellence de votre pôle de recherches repose aussi sur une coopération étroite et active entre recherche, industrie et enseignement. C'est une démarche exemplaire qui doit faire école.

La faiblesse des partenariats entre acteurs publics et privés reste en effet l'un des handicaps dont souffre notre pays, et qui explique en partie les départs de trop de nos jeunes chercheurs vers l'étranger.

Riche d'un tissu dense de petites et moyennes entreprises, notamment dans les nouvelles technologies, l'agro-alimentaire et la mécanique, Caen, capitale régionale de Basse-Normandie, blessée par la crise de la sidérurgie, s'est progressivement forgée l'image d'une ville d'avenir et de dimension européenne.

Mais ce succès, auquel l'Union européenne contribue à travers de nombreuses coopérations, ne saurait masquer l'inquiétude qui pèse sur l'avenir de certaines entreprises. Je suis conscient de ces difficultés et je souhaite que des solutions préservant l'emploi soient recherchées et activement mises en oeuvre. Cela demandera de la volonté, de l'imagination, un grand sens aussi du dialogue social. Mais j'ai confiance dans le dynamisme de l'économie locale et dans la capacité de votre région, avec le soutien de l'État, à trouver des réponses permettant d'associer chacun à la croissance.

Située entre mer et campagne, Caen bénéficie d'une situation exceptionnelle. Elle a su la valoriser. Outre la restauration de son patrimoine monumental et culturel, une action déterminée de développement des espaces verts a valu à la ville de très nombreux prix.

Ville d'eau et de pierre, Caen est également une ville verte avec ses 500 hectares d'espaces verts, dont la fameuse prairie de 90 hectares, poumon de la cité, à deux pas du centre ville. Vos très nombreux jardins, votre colline aux oiseaux, intelligemment aménagée, renforcent encore cette qualité d'environnement, qui est aussi une qualité de vie à laquelle je sais, Madame le Maire, que vous êtes tout particulièrement attachée.

Caen a donné à la France quelques uns de ses plus fameux botanistes. Grâce à son musée original d'initiation à la nature, elle s'attache à transmettre aux nouvelles générations l'amour et le respect de la nature et ceci au coeur même de la ville.

Cet effort s'inscrit dans une politique globale d'amélioration du cadre de vie, au même titre que les services de proximité, l'aménagement de l'habitat urbain, l'animation économique et sociale.

Votre action a permis à la ville de se transformer, pour le plus grand bonheur de ses habitants et des touristes, toujours plus nombreux à venir en goûter les charmes.

Caen est aussi une ville douce à vivre, où chacun se déplace facilement, notamment les personnes handicapées pour lesquelles un effort particulier est fait. La réhabilitation de l'habitat et de l'urbanisme fait l'objet d'une programmation ambitieuse.

Caen s'attache aussi à recouvrer sa dimension maritime à la reconquête des friches de la presqu'île portuaire. Ce grand chantier constituera sans aucun doute un atout économique important et confortera la dimension internationale de la cité.

Ouverte aux échanges internationaux et à la coopération intercommunale au sein du " Grand Caen ", la ville a fait de l'animation de ses quartiers une priorité, ce qui vient d'être souligner à juste titre. Des services de proximité nombreux, de grandes fêtes, un soutien à la vie de la mairie, au développement du tissu associatif, un tissu parmi les plus riches de France, favorisent une vie sociale animée et de grande qualité.

Vous avez, Madame le Maire, le projet de faire fructifier cet acquis, et en particulier de vous appuyer davantage encore sur l'ensemble des citoyens, les jeunes mais aussi le monde associatif, auquel vous allez donner le moyen d'amplifier son action par la création d'un conseil de la vie associative.

Je crois comme vous en la vertu du partenariat entre les élus, les services publics et les associations de quartier. Ainsi va le monde moderne avec ses exigences.

Le dialogue régulier et confiant entre les habitants et ceux qui assument une mission publique est l'un des gages les plus sérieux d'une démocratie locale vivante et efficace. En poursuivant dans cette voie, vous donnerez leur pleine efficacité aux moyens mis au service du développement social et économique. Je pense notamment au plan local d'insertion par l'économique ou encore au nouveau contrat de ville signé avec l'État, le département et la région.

La mobilisation des associations de quartier doit également permettre à la commune, avec l'aide de l'État, dont la sécurité est la première mission, de mieux combattre cette délinquance qui nous inquiète.

Nous avons tous en mémoire les conditions dramatiques dans lesquelles un jeune adolescent a été tué il y a quelques semaines. Chacun peut constater l'aggravation des phénomènes de violence et l'inquiétude croissante qu'ils suscitent. La réaction spontanée de la population, notamment des jeunes, est tout de même le signe encourageant d'un engagement de tous, engagement qui est absolument indispensable.

Il n'y a pas de fatalité de la violence. Il faut simplement se donner les moyens de la combattre et pour cela redonner toute sa place au principe de responsabilité. Trop de complaisance à l'égard de la petite délinquance ou de laxisme face à l'incivilité ouvrent presque toujours la voie à plus de violence et d'insécurité. Il faut savoir être à la fois humain et ferme. Renoncer à l'exercice de l'autorité et à une sanction juste, adaptée à la faute, ne rend service ni à la société ni aux délinquants eux-mêmes, qui ont besoin de savoir où est la loi.

La sécurité est d'abord l'affaire de l'État bien sûr, mais elle n'est pas que l'affaire de l'État. Les élus, au contact des citoyens et des associations ont un rôle crucial à jouer. Ils sont les mieux à même de comprendre les réalités auxquelles sont confrontés les habitants de la ville ou du quartier et de faire converger les efforts des services locaux et nationaux, qui doivent tous se sentir concernés. De cela, je sais que Brigitte LE BRETHON et son équipe sont depuis longtemps convaincues. Leur détermination, leur exigence d'efficacité, et aussi leur sens profond de l'humain sont des gages de résultats.

Une démocratie locale dynamique et un partenariat équilibré entre les élus et l'État permettront à Caen de renforcer sa cohésion sociale et territoriale et de poursuivre sur la voie d'un développement harmonieux, respectueux des grands équilibres sociaux, économiques et environnementaux.

Chère Brigitte LE BRETHON, Mesdames, Messieurs,

Chacun de mes déplacements en région est l'occasion pour moi de découvertes, de réflexions et d'échanges, dans une France qui, à l'évidence, a envie d'avancer, qui foisonne d'initiatives, une France où se multiplient les exemples à encourager, qui sont autant de promesses de progrès pour notre pays.

Ici à Caen, dans le Calvados, en Normandie, je sais que tel sera le cas. Une vie démocratique dynamique, qui fait le choix du renouvellement et de la participation. Un esprit de conquête au service de la croissance et d'une image d'excellence. Une politique globale de l'écologie. Autant de voies que je crois porteuses pour le développement de votre ville et de la région, et qui le sont également pour tous les Français.

Aussi, je tiens à vous dire ma confiance dans l'avenir de Caen et de votre région, ma reconnaissance pour le bel exemple de vitalité qu'elles nous donnent et aussi, chère Brigitte LE BRETHON, ma gratitude pour la chaleur de votre accueil.

Madame le Maire, Mesdames, Messieurs,

Je vous remercie.





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