Discours du Président de la République en réponse au message de bienvenue du Président du Conseil général de la Charente.

Discours de M. Jacques CHIRAC, Président de la République, en réponse au message de bienvenue de M. Jacques BOBE, Président du Conseil général de la Charente.

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Angoulême, Charente, le vendredi 22 septembre 2000

Monsieur le Président du Conseil Général, Monsieur le Président du Conseil Régional, Madame le Préfet, Mesdames et Messieurs les Parlementaires, Mesdames et Messieurs les Conseillers généraux et régionaux,

Je suis heureux de me trouver, aujourd'hui, parmi vous et j'ai été particulièrement sensible à la qualité des différentes interventions qui viennent d'avoir lieu et qui ont, d'une part, analysé le drame auquel votre département à dû faire face et les perspectives que vient d'évoquer à l'instant, M. RAFFARIN.

Je vous remercie d'abord, Monsieur le Président, de votre accueil et je tiens à vous dire combien je suis heureux d'avoir pu répondre à votre aimable invitation et de me retrouver, aujourd'hui, parmi vous, en Charente et ici.

Qu'il me soit permis de saluer collectivement les conseillers généraux et leurs collègues de l'assemblée régionale. Je sais, vous en avez porté, tout à l'heure témoignage, que votre mobilisation, en dehors du sujet qui nous réunit ce matin, est active sur beaucoup de fronts et je vous en félicite très sincèrement.

Votre département connaît de grandes réussites. Vous l'évoquiez à l'instant, Monsieur le Président, et je l'ai constaté moi-même hier : le développement du " pôle Image " d'Angoulême est la marque d'un talent créatif, d'une ouverture d'esprit et aussi d'un appétit de conquête riches de promesses pour le département et pour la région, pour le pays aussi, vous l'avez souligné.

La Charente n'en connaît pas moins des difficultés que vous avez rappelées. La reconversion des bassins industriels, la poursuite du désenclavement, la restructuration du vignoble du cognaçais, constituent notamment des préoccupations légitimes. Nous les avons évoquées hier avec les parlementaires et je vous redis mon souhait que les efforts déployés par les collectivités et par l'ensemble des acteurs économiques et sociaux soient, dans chacun de ces domaines, appuyés, comme c'est le cas, par l'État.

Monsieur le Président, vos propos, comme les témoignages que j'ai recueillis tout au long de la journée d'hier, comme ce qui a été dit ce matin, en attestent : le capital humain constitue l'un des atouts maîtres de votre département et la dimension humaine est au coeur de vos préoccupations, comme l'a justement souligné à l'instant, fortement, le président du Conseil régional.

La Charente est engagée sur la voie d'un développement qui s'attache à associer le plus grand nombre et à mobiliser tous les talents, tous les moyens. C'est la voie, pour ma part, que je souhaite pour la France, convaincu qu'il n'y a pas de croissance durable qui ne soit fondée sur la libération des énergies et sur une volonté partagée d'avancer ensemble dans le cadre d'une vision contractuelle de notre société.

Cette volonté d'agir ensemble se manifeste, me semble-t-il, quotidiennement en Charente, à travers une pratique de l'intercommunalité qui est tout à fait remarquable et que l'on peut citer en exemple. En Poitou-Charentes, de nombreux projets associent spontanément et régulièrement les collectivités concernées.

La solidarité est alors un précieux ferment de progrès et d'épanouissement pour tous.

Cet esprit d'entraide s'est manifesté à l'occasion de circonstances hélas dramatiques lorsque, le 27 décembre dernier, la Charente a été confrontée à une tempête d'une gravité exceptionnelle, on peut dire historique.

Vous rappeliez à l'instant, Monsieur le Président, l'ampleur des dégâts : des pertes humaines, hélas ! Des personnes isolées, un désastre écologique, la paralysie des voies de communications et de la vie économique, des bâtiments et des habitations gravement endommagées. Les mémoires sont encore chargées de ces souvenirs cruels, en Charente comme aussi dans les départements voisins.

Les témoignages que nous avons entendu, tout à l'heure, concernant plus particulièrement le milieu rural et le milieu urbain, ont apporté une preuve poignante. Ils ont mis en évidence ces témoignages, et vous-même également Monsieur le Président, qu'il y a eu ici une remarquable mobilisation de tous. Cela doit être souligné dans un temps où, parfois, on serait amené à douter du sérieux ou de la solidarité : les services de l'État, de la région, du département, des communes, les associations, les particuliers et naturellement E.D.F. Il a ainsi, dans l'urgence, été répondu aux besoins les plus pressants le plus vite et de la façon la plus humaine.

Je tiens à rendre hommage à celles et ceux qui n'ont pas compté leur peine pour porter secours aux victimes, les réconforter par une aide matérielle ou un soutien moral. Ils ont, ce jour-là, donné à la solidarité des visages qui resteront, j'en suis sûr, gravé dans les mémoires.

Quant à eux, les services de l'État, de la région et du département, des communes, ont assumé leur rôle de soutien à la population et aux secteurs d'activité les plus touchés avec une efficacité et un souci de coordination qui a partout été souligné comme exemplaires.

Aujourd'hui, nous sommes réunis pour marquer plus particulièrement les efforts menés conjointement par les collectivités territoriales au cours des mois passés, ainsi que leurs engagements, aux côtés de l'État, pour contribuer, dans les années à venir, à la reconstruction des territoires sinistrés.

S'ajoutant aux crédits d'urgence alloués par le Gouvernement, des moyens financiers exceptionnels ont été dégagés par le département et par la région. Près de 300 entreprises, m'a-t-on dit, en ont déjà bénéficié.

En outre, je sais que face aux conséquences terribles de la tempête sur le patrimoine forestier, les élus du département et de la région ont rapidement mis en place un dispositif spécifique et ils ont recherché avec les propriétaires -pour la très grande majorité des propriétaires privés- des débouchés pour les chablis. J'ajoute que je partage le sentiment exprimé par le président du Conseil général, compte tenu des circonstances, il y a urgente nécessité de trouver une solution pour ce qui concerne le financement de la reforestation.

Tout en poursuivant cette action essentielle en faveur des secteurs économiques les plus touchés, les collectivités territoriales ont décidé de prendre une part significative de l'effort de remise en état du tissu économique et de restauration du patrimoine national et culturel que consacrera l'avenant tempête du Contrat de Plan entre l'État et la région qui sera, je crois, bientôt fini.

J'ai tenu, Monsieur le Président, à venir rendre hommage avec respect et saluer cette mobilisation remarquable de vos collectivités et des élus de Charente et de Poitou-Charentes. Elle est un bel exemple de ce que nos territoires peuvent donner de meilleur, dès lors qu'ils disposent des moyens et des procédures nécessaires, comme le soulignait, tout à l'heure, Monsieur RAFFARIN.

Eclairés par une parfaite connaissance du terrain, les engagements pris ici témoignent d'un grand sens des responsabilités, d'un souci d'efficacité et d'un esprit de solidarité exemplaires, sur lesquels l'État peut s'appuyer pour donner à sa propre action sa pleine dimension.

Monsieur le Président du Conseil régional, Monsieur le Président du Conseil général, Mesdames et Messieurs les élus, vous avez tiré des épreuves une capacité de mobilisation et des réflexes de solidarité accrus. Il s'agit là d'atouts majeurs dans la compétition des territoires qui est aujourd'hui engagée.

Aussi, je voudrais vous dire, en même temps que ma reconnaissance et mon estime pour votre exceptionnelle mobilisation, ma confiance dans l'avenir de votre département au sein d'une région de progrès et d'équilibre. La Charente saura, avec, j'en suis sûr, le soutien confiant et attentif de l'État, forte de ses propres atouts, de son énergie, de son imagination, de sa vision de l'avenir, poursuivre sur la voie d'un développement économique qui soit profitable à tous.

Je vous remercie.





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