Allocution du Président de la République à l'occasion de la visite de l'exposition France-Corée 2000 en Corée.

Allocution de M. Jacques CHIRAC, Président de la République, à l'occasion de sa visite de l'exposition France-Corée 2000.

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Séoul, Corée, le jeudi 19 octobre 2000

Messieurs les Ministres, Messieurs les Représentants du Parlement français, Présidents des Groupes d'amitié France-Corée de l'Assemblée nationale et du Sénat, Mesdames et Messieurs les exposants, Mesdames, Messieurs, Mes chers compatriotes, nombreux ici, aujourd'hui, et que je suis heureux de saluer,

Heureux aussi de visiter cette grande exposition France-Corée 2000. C'est une manifestation exceptionnelle qui fera mieux connaître la France en Corée mais aussi la Corée aux Français.

Il y a cinq ans déjà, une exposition avait présenté à Séoul les savoir-faire français dans tous les domaines de la haute technologie. C'était une découverte réciproque. Nous, Français avions pu mesurer le formidable développement de la Corée. Et les Coréens s'étaient fait une idée neuve de la France, de ses entreprises, de ses talents. En cinq ans, de grands progrès ont été accomplis.

Par la Corée, d'abord. Depuis longtemps, la Corée étonne le monde. En une génération, elle s'est hissée parmi les toutes premières puissances économiques, industrielles. S'il y a un modèle coréen de développement, c'est celui d'une prodigieuse mobilisation des énergies.

La crise financière de décembre 1997 a frappé ce pays de plein fouet, comme beaucoup d'autres pays d'Asie, menaçant la prospérité récemment acquise. La vigueur de la reprise, la détermination à engager les réformes nécessaires pour obtenir un retournement rapide de la situation, suscitent sans aucun doute l'admiration. Admiration pour son Président de la République, M. Kim Dae-Jung - qui m'a si chaleureusement accueilli aujourd'hui- dont la politique, audacieuse et volontaire, axée sur l'ouverture de la Corée, a remis son pays sur les rails et rendu espoir à tous. Admiration pour le peuple coréen qui a montré une fois de plus son courage et sa capacité à vaincre les épreuves.

Que de progrès aussi dans les échanges entre la Corée et la France, dont les chiffres reflètent de mieux en mieux le poids respectif de nos deux pays dans l'économie mondiale ! 3e client de la France en Asie, notamment dans les domaines de l'électronique, des télécommunications, des transports - je n'oublie pas que les Coréens furent parmi les tout premiers acheteurs d'Airbus, les premiers à l'étranger-, la Corée a vu s'ouvrir largement le marché français. Je pense en particulier à l'automobile, à l'électronique et à l'informatique.

Les cinq années écoulées ont également vu le formidable essor de nos investissements. Aujourd'hui, cinquième investisseur étranger, la France souhaite contribuer davantage encore à la croissance de l'économie coréenne, qu'il s'agisse bien sûr de l'industrie mais aussi des services. D'ores et déjà nos implantations en Corée représentent en valeur le double de nos exportations. C'est dire la vigueur des entreprises françaises, leur compétitivité, leur ouverture, leur expansion sur des marchés de plus en plus lointains. Ce n'est pas sans raison que la France est aujourd'hui le troisième investisseur mondial !

La Corée, pour sa part, participe largement à ce mouvement d'investissement direct à l'étranger. Et je me réjouis que plusieurs de ses entreprises aient déjà choisi la France. Je pense en particulier à la région Lorraine dont je salue ici le Président, M. Gérard LONGUET. Je souhaite que d'autres entreprises coréennes voient tout ce que notre pays, ses hommes et ses femmes, parmi les mieux qualifiés, ses infrastructures, sa situation au sein de l'Europe, peuvent leur apporter dans leurs projets de développement.

C'est de tout cela, et c'est aussi d'un certain art de vivre, que témoignent les 150 entreprises françaises participant à France-Corée 2000. Je sais que leurs visiteurs coréens seront sensibles à cette richesse de notre pays, capable d'innover tout en préservant sa culture, ses traditions, sa qualité de vie. Coréens et Français appartiennent à deux nations fières de leur longue histoire, de leur culture, de leur identité, entrées aussi de plain pied dans la modernité. Deux nations qui veulent montrer qu'elles peuvent être à l'avant-garde de l'innovation, de la créativité, de la technologie sans rien renier de leurs origines. Deux nations qui veulent gagner leur place dans la révolution qu'apportent les technologies de l'information et qui bouleversent le paysage de l'économie mondiale. Deux nations qui peuvent et qui doivent faire de grandes choses ensemble.

Parmi nos entreprises qui ont fait le voyage de Corée, je me réjouis de compter, à côté des plus grands groupes, beaucoup de petites et moyennes entreprises. Représentant à elles seules les deux tiers des exposants, venues de toutes les régions de France, des régions qui les ont souvent soutenues et dont plusieurs sont présentes à travers leurs Chambres de commerce et d'industrie, elles incarnent la France qui ose, la France qui veut, la France qui gagne ! Nos meilleures chances à l'heure de la mondialisation !

Vous qui êtes présents aujourd'hui, vous avez compris combien la vie et la survie de nos entreprises dépendent de leur capacité à pénétrer de nouveaux marchés, à s'associer avec des partenaires étrangers. Oui, cette internationalisation est une ardente obligation, indispensable pour faire face à une concurrence mondiale acérée, pour assurer la croissance de notre pays et garantir le développement de nos emplois. Dans cet effort, il faut des capitaux, et surtout des hommes et des femmes bien formés qui sauront apporter aux entreprises compétence et enthousiasme. Parmi les raisons de vos succès, je veux souligner le rôle déterminant joué par les coopérants du Service National en Entreprises. C'est notamment dans ce vivier de jeunes cadres, aguerris à l'international, que les entreprises ont puisé leur force sur les marchés mondiaux. Nombreux sont ceux qui, parmi vous, ont bénéficié par le passé de cette expérience formatrice.

J'ai souhaité qu'un nouveau dispositif -le Volontariat civil international- lui succède. C'est chose faite depuis le début de ce mois. Tous les jeunes, âgés de 18 à 28 ans, et de toutes formations, vont se voir proposer missions et stages en entreprises à l'étranger d'une durée de 6 mois à 2 ans. Eh bien, je souhaite à cette nouvelle formule de connaître le même succès et d'être à son tour l'un des fers de lance à l'international.


Enfin, vous le savez, France-Corée 2000 se tient au moment où, pour la 3e fois, les chefs d'État et de Gouvernement de l'Asie et de l'Europe se réunissent, ensemble, à Séoul.

Longtemps nos deux régions se sont ignorées. Tandis que l'Europe mobilisait ses énergies pour construire l'Union européenne, nos amis asiatiques regardaient de plus en plus vers le Pacifique. Se sont alors créés parfois des incompréhensions et des malentendus, l'Europe étant perçue ici comme une forteresse tandis que l'Asie prenait chez nous le visage d'une concurrence dure et sauvage.

Peu à peu, notre dialogue, engagé en 1996, puis nos rencontres, entre chefs d'État et de Gouvernement, mais également entre ministres, chercheurs, hommes d'affaires, universitaires, ont balayé les préjugés et permis que s'instaure une véritable relation de confiance dans tous les domaines, politique, économique, scientifique et culturel.

Le renforcement du partenariat entre l'Asie et l'Europe est une nécessité : l'Europe a besoin de l'Asie et l'Asie a besoin de l'Europe !

Aujourd'hui, et vous en êtes le brillant exemple, de plus en plus d'entreprises européennes, de toutes tailles, ont élargi leur vision de l'avenir à la planète tout entière. L'Asie, c'est-à-dire la moitié de la population mondiale, leur offre des perspectives de croissance extraordinaires. Sa richesse et son produit intérieur égalent ceux de l'Europe, son niveau de vie ne cesse de croître. Quant à l'Europe, elle représente pour l'Asie une source de technologies essentielle, un partenaire fiable et solide. Nous le voyons bien ici, en Corée, où les transferts de savoir-faire constituent la clef de nombreux d'investissements français et de contrats conclus par les entreprises françaises. Un exemple, celui du train à grande vitesse, montre combien cette relation profite tant à l'Europe qu'à l'Asie. Ainsi, la Corée dispose-t-elle aujourd'hui d'une technologie de pointe qui permet à son industrie de se positionner parmi les meilleures dans le domaine ferroviaire.

Au-delà de ces promesses de développement, nos rencontres nous permettent de confronter nos expériences respectives d'intégration régionale. Alors que dans cette région, surtout depuis la crise financière de 1997, se pose avec insistance la question d'une plus grande coopération économique et monétaire, la réussite européenne peut inspirer l'Asie. Là encore, Asiatiques et Européens, Coréens et Français doivent approfondir leur dialogue.

La France, qui préside actuellement l'Union européenne, en est le militant et aussi le moteur. Elle défend sur la scène internationale la construction d'un monde multipolaire, équilibré, grâce notamment aux liens noués par l'Union européenne et les autres grands ensembles régionaux. De par sa position centrale, son influence régionale, son dynamisme économique, sa volonté d'ouverture, la Corée a, elle aussi, vocation à jouer un rôle majeur dans le renforcement des solidarités asiatiques.


Voilà, mes chers compatriotes et chers amis coréens, ce que je souhaitais vous dire aujourd'hui. Souligner les extraordinaires progrès accomplis en si peu de temps dans les relations entre la Corée et la France. Saluer le niveau atteint par nos échanges et nos investissements et qui font de nos deux pays des partenaires de premier plan. Insister sur l'importance de cette relation pour la croissance respective de la Corée et de la France, et sur son rôle dans la poursuite de l'indispensable dialogue entre l'Asie et l'Europe.

Mais je voudrais d'abord vous rendre hommage, à vous qui faites vivre et grandir notre amitié et notre coopération.

A vous, Français de Corée, cadres d'entreprises, ingénieurs, techniciens, consultants, chercheurs, chaque jour plus nombreux, et dont le dynamisme, l'investissement personnel, l'esprit pionnier nous ont ouvert tant de succès. Signe des temps : la construction toute récente du nouveau lycée français à Séoul marque notre volonté d'être davantage présents au Pays du Matin Calme.

A vous, exposants de cette belle vitrine technologique et de l'art de vivre de notre pays, pour votre dynamisme et votre volonté de saisir cette chance du développement de nos relations économiques.

A vous, organisateurs de cette exposition, notamment le CFME-ACTIM, mais aussi notre ambassadeur, notre poste d'expansion économique, nos Chambres de commerce, nos conseillers du commerce extérieur, nos organismes de promotion locaux ou régionaux pour leur action concrète sur le terrain afin de défendre les couleurs de nos entreprises.

Et je souhaitais vous remercier, chers amis coréens, qui êtes ici le trait d'union entre nos deux pays. Dans vos fonctions éminentes, au sein des grandes institutions de votre pays et dans la vie économique, vous témoignez de votre intérêt pour la France et vous apportez une contribution essentielle à notre rapprochement. Je tenais à vous en exprimer toute ma reconnaissance.

A vous toutes et à vous tous, je voudrais en terminant dire mon estime, ma reconnaissance et mes voeux chaleureux de succès et de réussite et, tout simplement, mon amitié.

Je vous remercie.





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