Discours lors de la cérémonie d'ouverture du 3ème sommet Europe - Asie

Discours de M. Jacques CHIRAC, Président de la République, lors de la cérémonie officielle d'ouverture du 3eme Sommet Europe-Asie

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Séoul - Corée, le 20 octobre 2000

Monsieur le Président,

Je voudrais vous dire, au nom de la France et au nom de l'Union européenne, la joie que j'éprouve de me retrouver aujourd'hui à Séoul pour la Troisième réunion des chefs d'État et de Gouvernement d'Asie et d'Europe.

Il y a quatre ans, à Bangkok, forts d'un élan commun, nous nous attelions à une tâche ambitieuse : renforcer les liens unissant l'Europe et l'Asie et développer un partenariat dans tous les domaines.

Les difficultés rencontrées, et je pense notamment à la crise qui a durement frappé l'Asie, avaient conduit à semer le doute. Cette ambition n'était-elle pas excessive? Était-elle toujours adaptée aux réalités du moment ? L'Asie et l'Europe n'étaient-elles pas tentées de se détourner l'une de l'autre ?

Notre présence aujourd'hui à Séoul permet de balayer ces doutes et de réaffirmer notre conviction que l'Europe et l'Asie peuvent jouer, ensemble, un rôle éminent dans la promotion de la paix, de la stabilité et de la prospérité dans un monde devenu global mais qui doit demeurer respectueux des diversités.

Notre réunion ici, à Séoul, intervient à un moment historique pour votre pays. Je voudrais, Monsieur le Président, saluer votre action courageuse et déterminée en faveur du processus de réconciliation intercoréen et vous apporter le plein soutien de l'Union européenne. Cette action vient d'être consacrée par le prix Nobel de la Paix. On ne pouvait imaginer un choix plus juste, car tel est bien la marque que vous laisserez dans l'Histoire, Monsieur le Président : celle d'un homme dévoué à la cause de la paix et de la démocratie. Vous méritiez le salut de la communauté internationale. Ce prix en est le symbole.

Cette rencontre intervient également à un moment où nous devons fixer à la relation Europe-Asie de nouvelles ambitions.

Et tout d'abord une certaine vision du monde. Un monde dont nous connaissons la complexité. Nous savons que son développement harmonieux suppose le respect du droit et le respect des diversités. Telles sont les principes qui guident l'avènement d'un monde multipolaire dans lequel l'Asie et l'Union européenne joueront un rôle majeur.

Aujourd'hui, l'Asie et l'Europe se transforment pour devenir plus fortes et plus ouvertes sur le monde. L'Asie renforce ses structures de dialogue et de coopération, notamment en matière monétaire, et bénéficie d'un nouveau dynamisme. L'Europe, pour sa part, tout en préparant son élargissement, a renforcé ses instruments d'action en se dotant d'une monnaie unique et d'une politique étrangère et de défense commune.

Les bases d'un nouveau partenariat sont ainsi jetées.

Fondé sur la confiance et le respect mutuel, notre dialogue doit nous permettre d'aborder l'ensemble les préoccupations qui sont celles de nos peuples, tant en matière de désarmement, de sécurité ou d'environnement que dans le domaine de l'État de droit ou du développement économique et social. Ce dialogue doit être riche d'aspirations communes, telle que la démocratie et les droits de l'Homme. Il doit aussi attester notre commune volonté de ne pas être insensible au reste du monde, que cela soit source de préoccupation comme au Proche-Orient ou source d'espoir comme dans les Balkans, où des événements d'une portée considérable viennent d'intervenir.

Notre action doit prendre en compte les formidables mutations induites par l'accélération du progrès scientifique et technique, les technologies de l'information. Nous devons tirer parti de ces avancées sans occulter certaines réalités : le risque de marginalisation de nombreux pays, notamment s'agissant de l'emploi des nouvelles technologies, ou encore la maladie qui frappe un nombre croissant d'habitants, notamment des pays les plus pauvres. L'ASEM doit apporter sa contribution à la résolution de ces problèmes. Un certain nombre d'initiatives seront lancées à Séoul, par exemple dans le domaine des nouvelles technologies, de l'éducation ou de la santé. Il s'agit d'un premier pas.

La tâche est grande.

Pour ce faire, l'Europe et l'Asie disposent des talents et du dynamisme de leurs peuples, de la diversité de leurs cultures, de la force de leurs économies.

Il s'agit maintenant de forger un sentiment d'appartenance à un projet commun, dans lequel les peuples se reconnaîtront et verront la traduction de leurs aspirations.

C'est le voeu que je voudrais formuler à l'ouverture de nos travaux.

Je vous remercie.





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